ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

ABAT-JOUR
  ----Menu. Luminaire : écrans de lumière et garde-vue. ---------

 
 
Invariable ou pas? A vous de choisir
 
 
LUMINAIRE
Ecrans de lumière
Garde-vue
Naissance de l'abat-jour
La révolution industrielle
 
ABAT-JOUR CLASSIQUE
Abat-jour classique - MENU - introduction
Les formes traditionnelles 1
Les formes traditionnelles 2
Les finitions 1
Les finitions 2
Les finitions 3
 
L'ABAT-JOUR DANS LE DESIGN
 
Les années 1900 à 1920
Les années 30-40
Les années 50
Les années 60-70
Les années 80
Les années 90 - 1e partie
Les années 90 - 2e partie
Livres sur l'abat-jour
 
ARCHITECTURE ET ART
       

Invariable ou pas? A vous de choisir.

 
N.m. Invariable ou non, selon qu'on suit les rectifications officielles de l'orthographe ou pas.
Selon les législateurs, il faudrait aujourd'hui écrire abat-jours au pluriel. Le Journal officiel de la République française (section des documents administratifs) a publié le 6 décembre 1990 des Rectifications de l'orthographe élaborées par le Conseil supérieur de la langue française, approuvées par l'Académie française à l'unanimité le 3 mai 1990. Ces rectifications sont des recommandations et non des contraintes. Les noms composés formés, avec trait d'union, soit d'un verbe suivi d'un nom complément d'objet direct, soit d'une préposition suivie d'un nom prennent la marque du pluriel au second élément quand et seulement quand le nom composé est lui-même au pluriel : un essuie-main, des essuie-mains ; un garde-meuble, des garde-meubles (qu'il s'agisse de personnes ou de choses) ; un après-midi, des après-midis, etc.

 
Luminaire

 
 
On donne le nom d’abat-jour à un réflecteur qui s’adapte à une lampe, à l'origine pour en rabattre la lumière, puis, l'intensité de la source lumineuse augmentant par les progrès techniques, pour mieux la diffuser et la tamiser. Daviler, Savary des Bruslons et l'Encyclopédie écrivaient "abajour", Furetière, et le Dictionnaire de Trévoux préféraient "abat-jour", et cette orthographe, qui a prévalu, est depuis le XIXe siècle la seule en usage.
Les ancêtres de l'abat-jour furent l'écran de lumière et le garde-vue.

 
Ecrans de lumière .
 

Ecrans de lumière ou garde-vue du XIXe siècle. A gauche, sur pied, en tissu brodé (musée Perrin du Puycousin à Dijon). A droite, à main, en papier (musée Lesecq des Tournelles)
 
Les écrans de lumière proprement dits nous sont connus par de rares sources. Dans l'Inventaire du roi Charles V (1338-1380), ils figurent sous deux aspects:
- une petite lame de porcelaine, papier, métal, carton ou verre dépoli que l'on plaçait contre un appareil d'éclairage, pour empêcher la lumière de frapper directement les yeux.
- un simple panneau de tissu ou de papier, monté sur une armature plus ou moins ouvragée, coulissant sur une tige. Ce panneau devait protéger et du vent et de la gêne causée d'avantage par l'instabilité de la flamme des bougies qu'à son intensité. Rappelons, en effet, qu'une bougie ne donne environ qu'un petit watt de lumière! Il pouvait être placé sur les côtés d'un bougeoir ou d'un flambeau et être circulaire, plié en éventail, monté sur pied.
Par ailleurs, les copistes du XVIe siècle utilisaient aussi des écrans de lumière. Des documents italiens le montrent bien : voir Lucerna parle et dessine (image 1, plus bas) une simple tige indépendante au bout de laquelle un abat-jour (littéralement cappelletto, petit chapeau), dont on ne sait pas les détails, était fixé pour ne pas gêner l'œil du copiste. Tagliente la dessine également, et il ajoute même une chandelle, dont Palatino réprouve l'usage.

 
Garde-vue

 
Les écrans de lumière prendront au XVIIIe siècle le nom de garde-vue (invariable), et l'abat-jour conservera cette appellation jusqu'au début du XIXe siècle. La première description que nous en trouvions remonte à 1750, C'est un écran de satin translucide qui a d'abord adapté aux chandeliers de bronze, fixés au secrétaire. L'objet figure dans le Livre journal de Lazare Duvaux, comprise dans la fourniture à la comtesse de Bissy, d’un "grand chandelier à trois bobèches, avec un garde-vue en entonnoir".
 
Une autre description se trouve dans le Dictionnaire des étiquettes de la cour, tome Premier, p. 310, par Mme de Genlis: "Depuis que les lampes sont à la mode, ce sont les jeunes gens qui portent des lunettes et l’on ne trouve plus de bons yeux que parmi les vieillards, qui ont conservé l’habitude de lire et d’écrire avec une bougie voilée par un garde-vue."
 
Par ailleurs, à la date du 25 février 1762, nous relevons la réclame suivante, insérée dans les "Annonces, affiches et avis divers": "Le Sr Maunoury, ferblantier sous la porte du Palais, du côté de la place Dauphine, fait de nouveaux CHANDELIERS A GARDE-VUE très commodes et peu coûteux. Le pied et la tige de ces Chandeliers sont de bois et proprement faits. 2 boëtes de fer-blanc coulent le long de la tige et s’arrêtent où l’on veut, ensemble ou séparément: l’une porte la Bougie ou Chandelle et l’autre le Garde-vue, qui est léger et suffisamment solide, quoiqu’il ne soit composé que de trois feuilles de papier, blanc en dedans, pour réfléchir la lumière sur l’ouvrage, et vert en dehors, pour ne pas fatiguer la vue."
 
Si cette description fidèle est suffisamment détaillée, pour montrer que l’objet était encore dans toute sa nouveauté, il n’en faudrait pas conclure, cependant, que Maunoury en fût l'inventeur. Deux ans avant lui, nous trouvons dans le même journal (N° du 31 juillet 1760) une autre annonce d'un Sr Marigner, informant le public qu'il vend des lampes économiques, en forme de bougie, montées sur métal blanc et auxquelles on peut adapter un garde-vue. Eu outre, en feuilletant le Journal de Lazare Duvaux, qui a été cité, nous trouvons:
1°) à la date du 25 janvier 1758, la vente à la princesse de Trivulce, d'un "garde-vue de porcelaine de Saxe, garni de branchages dorés d'or moulu, orné de fleurs de porcelaine", coté 192 livres;
2°) à la date du 9 mars 1750, la vente à Mme la vicomtesse de Rochechouart, d'un "garde-vue de bronze doré d'or moulu, sur une figure de Saxe et fleurs de Vincennes", coté 156 livres;
3°) à la date du 15 septembre 1749, la vente pour 18 livres, à M. Boulogne de Préninville, de " deux gardes vue (sic) argentés".
On voit que, dès le principe, on avait employé déjà un certain nombre de matières pour la confection de l'abat-jour: Papier, métal, porcelaine ou verrerie opaque, imitant cette dernière.
 

       
       
------