ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE
	ABAT-JOUR
		---Luminaire : La révolution industrielle

 

Ce sont les améliorations de la lampe à huile, à la fin du XVIIIe siècle, beaucoup plus performante que la bougie mais plus sale, qui est à l'origine de la diffusion populaire de l'abat-jour moderne: Le Suisse Argand, en 1782, active la combustion de l’huile par un bec à double courant d’air. Ce dispositif augmente la température de la flamme et la luminosité. En effet, la lampe d’Argand éclaire autant que 7 bougies! Le français Quinquet reprend à son compte l'invention d'Argand, et celle-ci restera attachée injustement à son nom: c'est la lampe Quinquet. Vers 1800, Carcel améliorera grandement la qualité de la lumière en trouvant un procédé qui consiste à alimenter constamment la mèche en huile. En 1820 apparaît la "lampe sinombre" (du latin, sans ombre) de Philips : le réservoir en forme d’anneau creux entoure le bec et supporte un abat-jour :
En 1836, Franchot simplifie la lampe Carcel, c'est la lampe modérateur: Dès lors, les lampes à huile coûtent moins cher, et l'abat-jour fait encore plus de petits!

 

Les lampes au goudron, schiste, etc. de Breuzin, Selligue, Robert, Joanne, Valson compliquèrent plus les choses qu'elles n'améliorèrent la qualité de l'éclairage. Ce sont les lampes à pétrole des Etats-Unis, arrivées en France vers 1861, qui permirent d'améliorer sensiblement l'intensité des foyers. Elles brillaient de 3 à 8 carcels. Sur la lampe à pétrole, l'abat-jour se plaçait sur la galerie de la lampe, ajourée pour le passage de l'air, et dans les suspensions du même type, le bas de l'abat-jour était souvent orné d'une jupe en tissu volantée.

Les perfectionnements du gaz d'éclairage (un petit cocorico pour l'inventeur, le Français Philippe Lebon, en 1786) allaient porter la luminosité des foyers à 20, 30, 50 carcels. Grâce à tous ces progrès, l'abat-jour allait encore mieux se montrer et devenir un objet de décoration à part entière.

 

Introduites à Paris en 1887, de nouvelles lampes ont des abat-jour en forme de dôme (image 6.1 et 6.2) ou de globe (image 7): le globe étant, sans doute, sa version la plus commune et la plus représentative de l'éclairage de l'époque, sur les lampes à huile d'abord, puis celles au pétrole, et enfin, à gaz. Ils étaient la plupart du temps en verre ou en opaline, fixés par des systèmes appropriés. Ils pouvaient être colorés, lisses, godronnés, capitonnés, en forme de tulipe... Mais un bourgeois pouvait commander à un abajourier la confection d'un riche abat-jour en soie, couvert de dentelles ou... de guipure (image 8).

 

6.16.27-8910

 

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6.1 Lampe à huile - vers 1860-1880

6.2 Détail de l'abat-jour

7. Lampe à huile - France - vers 1890 - abat-jour au décor floral - prix 485 $

8. Abat-jour en guipure exécutée par M. Lefébure - milieu XIXe

9. Abat-jour dit couvre-globe - modèle en perles n°27 de la Mode illustrée de 1864

10. Lampe à kérosène décoré d'un grand héron bleu - environ 1874 - Boston and
Sandwich Glass Company of Sandwich Mass - prix 1875 $

11 et 12. Abat-jour de lampes à gaz - 1870 (décor échassier et nature) et 1880 (décor élans et nature) - prix 275 $

 

En 1800, Volta invente la pile électrique, 1813 naît la première lampe à arc. En 1844, c'est le premier essai d'éclairage électrique sur la place Concorde, à Paris. En 1880, Edison et Swan commercialisent leurs ampoules respectives en Grande-Bretagne. Après, l'utilisation du pétrole, du gaz de ville, c'est l'électricité qui s'installera définitivement sous nos abat-jour.

Puis arrive le 20e siècle, et c'est l'époque bénie pour le luminaire en général. Les maisons bourgeoises sont de plus en plus alimentées en électricité (c'est encore une marque de statut social), et la technique progresse:

1907 : la plupart des ampoules possèdent un filament de tungstène.

1910 : William Coolidge découvre comment étirer ce tungstène, ce qui induit une luminosité accrue. Les ampoules auront un peu après ce moment, différentes puissances.

Il ne s'agit plus simplement de rabattre le jour, mais de le distribuer, de le tamiser, de le diffuser. L'abat-jour ne sera plus qu'une affaire d'artisans, mais aussi d'artistes!

 

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