ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

-ABAT-JOUR
 
Luminaire
Le design au 20e siècle
 
 
1900 - 1920
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L'abat-jour est, au début du XXe siècle un objet bien répandu, et le grand photographe Eugène Atget (1857-1927) a, par bonheur, immortalisé un marchand d'abat-jour, rue Lepic :

        1899-1900, 21.6 x 17.8 cm, ex-collection Man Ray.


Il y a bien sûr les abat-jour classiques, comme ceux de ce marchand, conçu par les abajouriers. Cet abat-jour là est traité dans la partie
ABAT-JOUR CLASSIQUE.
 
Mais à l'orée du 20e siècle, on crée des abat-jour qui sont véritablement des œuvres artistiques: c'est, ne l'oublions pas, le temps de l' Art Nouveau, et les techniques nouvelles vont pousser les artistes à innover et créer. Toutes les formes d'art bénéficient de ce bouillonnement, mais le luminaire en est un exemple particulièrement riche. L' art déco succédera à l'art nouveau, et on continuera d'explorer les formes et les matières.
 
Le style Arts and Crafts, inspiré par William Morris en Angleterre à la fin du siècle précédent, fait des émules, et en France, Emile Gallé (image 10), Daum (image 9), Majorelle , et beaucoup d'autres, travaillaient dans le même sens. Les abat-jour en verre favrile (du latin fabriles, fait à la main) de Tiffany (images 2,  7 et 8), sont de cette époque : Tiffany & Co est une société américaine fondée par Charles Lewis Tiffany (1812 - 1902) en 1837 et son fils Louis Comfort Tiffany (1848 - 1933) deviendra peintre verrier et mettra au point dans les années 1890 des techniques de coloration et un verre opalescent, le verre favrile cité plus haut, invention déposée en 1894.

Mais il n'y a pas que le verre qui est à l'honneur. En terme de matière, même si le verre est le roi de la fête au début du 20e siècle, la recherche stylistique a de nombreuses sources d'inspiration, très différentes et très créatives, qui ne se sont jamais taries.

 Dès les deux premières décades du siècle, les créateurs avaient déjà fait évoluer l'abat-jour, tant au niveau de la forme que de la matière. La tendance artistique la plus marquante est, nous l'avons dit, celles des grands maîtres verriers, mais d'autres créateurs choisissent d'autres voies, comme Mario Fortuny, avec son abat-jour en métal s'inspirant des spots de cinéma (image 3), ou Eileen Gray (image 4), qui utilise déjà le parchemin. Notez d'ailleurs, en l'agrandissant, la créativité de cet abat-jour, qui traverse le siècle sans prendre beaucoup de rides! D'autres créateurs conservent le classicisme de l'abat-jour, parce que c'est le travail du pied de lampe qui les intéresse le plus, comme Karl Hagenauer, bronzier. L'abat-jour pourra bientôt ne plus exister en tant qu'entité complémentaire du pied de la lampe. Comme les pieds pourront disparaître, l'abat-jour lui-même pourra disparaître en tant que tel: les lampes, les lampadaires pourront diffuser la lumière de différents endroits qui feront corps avec la lampe, sans pour autant être des abat-jour à part entière (image 6).

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1. Lampe John Morgan & Sons, abat-jour avec à motifs floraux,  premières année 1900

2. Lampe Tiffany, série Daffodil (narcisse), début XXe. 

3. Lampe de Mario Fortuny, 1907, dans le musée Fortuny, ancienne demeure de l'artiste (1881-1949), le palais Fortuny (Palazzo Fortuny), anciennement Palazzo Pesaro Orfei

4. Eileen Gray (1878-1976), lampadaire de 1923, abat-jour en parchemin, exemplaire du Virginia Museum of Fine Arts in Richmond, dans la section Art Nouveau-Art Déco. 

5. Lampe créée vers 1926 par l'ingénieur allemand Curt Fisher (1890 - 1956), pour la société de luminaires Midgard qui feront  longtemps référence pour leur qualité. Fisher est un des premiers designers à avoir créé les lampes orientables, particulièrement  utiles dans les lieux de travail avec un faible éclairage. Elles ont été très vite adoptées pas l'école du Bauhaus pour leurs bureaux de Dessau.

6. Félix Del Marle (1889-1952), Lampadaire  de la série "Mobilier néo-plastique" en bois peint, fer forgé et verres mats peints, 1926.

7. Lampe Tiffany, série libellule (dragon fly), design attribué à Clara Driscoll en 1899, réalisation des années 20.

8. Lampe Tiffany, série glycine (wisteria), design attribué à Clara Driscoll en 1901.

9. Lampe de table Majorelle (Louis, pied en bronze) et Daum Frères (Auguste (1853-1909) et Antonin (1864-1930). Pieds en bronze de Majorelle et abat-jour en verre soufflé-moulé et repris en fine ciselure à la roue. Vers 1903.

10. Lampe signée Emile Gallé, série dite des Lampes aux Magnolias.

11. Signatures différentes du verrier Emile Gallé.

12. Lampadaire SN 31, série appelée La Religieuse de Pierre Chareau déclinée en différentes tailles (Grande Religieuse, pour le lampadaire, Petite Religieuse pour les lampes). Fût en acajou de Cuba, abat-jour formé de quatre plaques d'albâtre triangulaires montées sur une structure en laiton oxydé. 1923.H 186 cm


Sources :


http://jamesdjulia.com/auctions/286/images/pr/60557.jpg (John Morgan)
http://jamesdjulia.com/auctions/286/images/pr/60070.jpg (Tiffany)
http://oliaklodvenitiens.wordpress.com/category/venise/fortuny/

http://www.flickr.com/photos/universalpops/5148494627/  (gray)
http://www.5-element.fr/index%20midgard%20lampe.html (fisher)
http://expertgokelaere.wordpress.com/tag/majorelle/
http://www.kollerauktionen.ch/fr/experten/kollergenf/kollergenf_1110.asp (gallé)
http://www.laparisine.fr/wp-content/uploads/2012/06/2.jpg (adget)
http://www.delorenzogallery.com/portfolio/pierre-chareau-1883-1950-1928/ (GM religieuse)
http://www.highendweekly.com/2011/04/christies-les-collections-du-chateau-de.html (PM religieuse)

     

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