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- ORIBASE
(v. 325-395)
- COLLECTION
MÉDICALE.
- LIVRE
V
- DES BOISSONS
- 15. DE L'EAU DE RAYONS DE
MIEL.
- On boit l'eau de rayons de
miel en été, comme une liqueur propre à
rafraîchir et â éteindre la soif, en la mêlant
à de l'eau froide. Cette boisson convient aussi à
ceux qui ont une accumulation d'humeurs crues , surtout quand
elle s'est aigrie; et cela lui arrive très souvent à
un degré plus ou moins prononcé, parce qu'on ne
la prépare pas avec de l'eau de pluie, comme l'hydromel.
mais avec la première eau venue. On la prépare
de la manière sui vante : on exprime le miel des rayons,
lesquels doivent être de bonne qualité, et on le
jette dans un chaudron contenant de l'eau de source pure et agréable
au goût; ensuite on fait bouillir jusqu'à ce que
les rayons semblent avoir perdu suffisamment tout le liquide
qu'ils contenaient; on met ce liquide en réserve, on le.
conserve, et on fait usage de cette boisson, que les anciens
appelaient oxyglyky (aigre-doux).
- 16. DE L'HYDROMEL USITÉ
CHEZ LES ANCIENS.
- Quand l'eau de pluie a perdu
la propriété de se corrompre, elle devient douce;
on se sert de cette eau après y avoir mêlé
du miel qu'on a préalablement fait bouillir et écumé.
On appelle vulgairement cette boisson hydromélon, mais
Dioscoride l'appelle hydromel, et il dit qu'on la prépare
en mêlant à une partie de miel deux parties de vieille
eau de pluie et en exposant le mélange au soleil; il dit
aussi que certaines gens font le mélange avec l'eau de
source, le réduisent au tiers par l'ébullition
et le mettent en réserve.
- 17. DE L'EAU DE RAYONS DE
MIEL.
- (Tiré de Philagrius.)
- [Du traité Sur les
boissons agréables.]
- Le temps opportun pour boire
de l'eau de rayons de miel est, dans les fièvres, celui
où il se montre quelque signe de coction dans les urines
seulement, et tout à la fois dans les crachats [et dans
les urines], s'il y a, en outre, au poumon quelque affection
qui ait besoin d'arriver à coction. Il ne serait pas déraisonnable
non plus de donner de l'eau de rayons de miel avant la coction,
parce qu'elle a quelque chose d'incisif et de détersif,
et qui peut contribuer à amener la coction; cependant
l'eau miellée vaut mieux pour amener la coction. Le temps
le plus favorable pour boire de l'eau de rayons de miel c'est
donc après la coction, parce que cette liqueur a quelque
chose de vineux; or on voit les fièvres s'aggraver, si
l'on boit du vin quand la maladie n'est pas encore arrivée
à son déclin, époque où les causes
sont atténuées et où les canaux se sont
ouverts ; c'est alors que le vin qu'on boit passe bien, qu'il
n'aggrave pas les symptômes de la fièvre, qu'il
attire la chaleur vers la peau, qu'il tempère immédiatement
les acrimonies, que peu après il provoque quelques sueurs
et pousse aux urines ; l'époque du déclin est donc
celle où il convient de boire du vin ou quelqu'une des
autres boissons vineuses. Mais, comme, d'un autre côté,
l'eau de rayons de miel a une chaleur plus faible que le vin,
qu'elle est douée de propriétés détersives
et incisives, et que c'est là ce qui prépare la
solution des fièvres produites par des humeurs en putréfaction,
il faut donner également à boire de l'eau de rayons
de miel avant le déclin. On boit l'eau miellée
immédiatement après qu'elle a été
préparée : on peut quelquefois aussi donner l'oxymel
aussitôt après sa préparation, quoiqu'il
vaille mieux l'administrer quand il y a vieilli; car alors ses
propriétés se sont unies intimement. Mais le miel
aux roses, le miel au verjus et la boisson aux têtes de
pavot ont grand besoin de vieillir; car ces liqueurs contiennent
une partie épaisse de la nature de la lie de vin, et une
autre qui est utile et bonne à boire : ces deux parties
ont besoin de temps pour se séparer, surtout pour l'eau
de rayons de miel ; car, avant que cette dernière n'ait
avec le temps acquis quelque chose de vineux au goût et
à l'odorat, elle ne semblera différer en rien de
l'eau miellée; si, au contraire, on l'a soumise à
l'ébullition et si on l'a conservée pendant six
mois environ, elle offre non seulement les propriétés
que je viens d'énumérer, mais en outre elle a celle
de fortifier à l'instar du vin, sans affecter la tête.
Il faut donc boire l'eau de rayons de miel quand elle a vieilli,
et la préparer de la manière suivante : on prend
des rayons remplis de miel de couleur blanche et qui laissent
apercevoir le miel en transparence, on les exprime avec les mains,
et on y mêle quatre mesures de bonne eau de source si le
miel est un peu épais, trois et demie s'il est de consistance
moyenne, et trois s'il est plutôt ténu et liquide;
on exprime fortement avec les mains le résidu terreux
de la cire d'où le miel est sorti , on casse ce résidu
en petits morceaux qu'on laisse tomber dans l'eau ; ensuite on
recueille le liquide et on y dissout tout le miel; puis on verse
cette liqueur dans un pot neuf où l'on a préalablement
fait bouillir doucement de l'eau, afin de lui ôter ce qu'il
a de terreux; on fait bouillir l'eau de rayons de miel en chauffant
avec des charbons ou à l'aide d'une flamme peu intense
produite par du bois qui ne donne pas de fumée; on ôte
constamment les impuretés que le liquide crache pour ainsi
dire pendant l'ébullition. Après la première
ébullition, on enlève tout ce qu'il y a de terreux,
ainsi que l'écume, bien entendu; on ôte le pot du
feu, puis on le laisse refroidir complètement, et on enlève
ce qui surnage après le refroidissement (car, vers ce
temps, il surnage quelque chose à la surface); ensuite
on chauffe de nouveau le vase, et, après l'ébullition
on le met de côté, sans oublier d'enlever auparavant,
encore une fois, ce qui se porte à la surface après
le refroidissement; enfin, après avoir soumis le liquide
pour la troisième fois à l'ébullition, au
refroidissement, et après en avoir enlevé de nouveau
les impuretés, on verse l'eau de rayons de miel préparée
dans un vase de terre cuite (or les vases dits de Philadelphie,
de Carye ou d'Omphace conviennent à cet effet), et on
le met dans une chambre où le vin se conserve habituellement
sans tourner. Il est clair qu'il faut prolonger l'ébullition
pendant longtemps; car, si on ôte le vase du feu quand
elle n'a fait que commencer ou quand elle est peu avancée,
il s'ensuivra que le liquide est incomplètement cuit,
et il y reste des impuretés terreuses qui peuvent se pourrir
et gâter la boisson. Il y a deux manières de préparer
l'eau de rayons de miel; la première consiste à
faire bouillir seulement dans l'eau les rayons après en
avoir exprimé le miel, et c'est de cette manière
qu'on fait à la campagne une eau de rayons de miel très
vineuse, très épaisse et plus ou moins noire; l'autre
espèce se prépare comme je viens de le décrire,
en considérant qu'on a un plus grand besoin du miel que
des rayons pour cette boisson; car on lave les rayons dans l'eau
sans les faire bouillir, tandis qu'on soumet à l'ébullition
tout le miel. C'est de cette préparation que nous nous
servons toujours, car nous rejetons habituellement l'usage de
l'eau toute seule, parce que, dans les maladies fébriles,
elle produit des effets mauvais assez nombreux et assez considérables."
- extrait de : http://remacle.org/bloodwolf/erudits/oribase/index.htm
- HIPPOCRATE
( - 460 à - 356)
- APHORISMES,
Section V
- 41. Voulez-vous savoir si
une femme a conçu, lorsqu'elle est sur le point d'aller
dormir? faites-lui boire de l'hydromel pourvu qu'elle n'ait pas
pris le repas du soir (109); si elle ressent des tranchées,
elle est enceinte; si elle n'en éprouve pas, elle n'a
point conçu.
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