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- PLINE, Histoire
Naturelle, Livre XXI, 48 - 49
- "Les
ruches doivent regarder le lever équinoxial, et éviter
l'Aquilon aussi bien que le Favonius. Les meilleures ruches*
sont celles d'écorce, ensuite celles de férules*,
en troisième lieu celles d'osier; on en a fait faire en
pierre spéculaire*, afin d'observer le travail
des abeilles à l'intérieur(XVI, 16). Il est très
avantageux d'oindre tout autour la ruches avec de la fiente de
buf. L'opercule doit être mobile par derrière,
afin qu'on puisse le pousser en dedans, si la ruche est grande
ou l'opération peu productive, de peur que, découragées,
les abeilles ne renoncent à travailler; puis on le ramène
peu à peu en arrière, les trampant ainsi sur le
progrès de leur ouvrage.
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- [2] En
hiver on couvrira les ruches avec de la paille; on fera de fréquentes
fumigations, surtout avec la fumée de fiente de boeuf.
Elle leur est bonne, tue les insectes qui se développent,
les araignées, les papillons, les vers, et même
excite les abeilles. Il est facile de les débarrasser
des araignées, mais le papillon est un ennemi plus dangereux
: pour le détruire, on choisit au printemps, quand la
mauve mûrit, une nuit sans lune, par un ciel serein, et
on allume des flambeaux devant la ruche : les papillons se jettent
dans la flamme.
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- XLVIII.
[1] Si l'on pense que les abeilles n'ont plus d'aliments, on
mettra à la porte de la ruche des raisins secs et des
figues pilées, ou bien de la laine cardée, humectée
avec du vin cuit ou du raisiné, ou de l'eau miellée.
On y met aussi de la chair de poule crue. En certains étés
même, où une sécheresse continue leur a enlevé
l'aliment fourni par les fleurs, il faut leur donner de la nourriture
comme il vient d'être dit. Quand on récolte le miel,
on frotte les issues des ruches avec le mélissophyllon
(mélisse) ou le genêt broyés, ou bien on
les entoure par le milieu avec la vigne blanche, de peur que
les abeilles ne se dispersent. On recommande de laver avec de
l'eau les pots à miel et les rayons : cette eau, bouillie,
fait, dit-on, un vinaigre très salutaire.
- extrait de : http://web2.bium.univ-paris5.fr/livanc/?p=58&cote=39197x02&do=page
- * RUCHES : Comme d'autres, Palladius (IVe s.)
déconseille l'utilisation des ruches en terre cuite, glaciales
en hiver et brûlantes en été, mais recommande
plutot celles en écorce de chêne-liège ou
d'osier (De re rustica).
- * FERULES (du latin ferula, ferulae) :
plantes du genre Ferula : par exemple Ferula communis,
la férule commune.
- * PIERRE SPECULAIRE (lapis specularis)
: "cet albâtre gypseux, qui avait le mat et le gris
de lalun de roche, découvert du temps de Néron,
servait aux romains comme substitut du verre pour les fenêtres
surtout celles de la salle à manger, lhiver, afin
de la préserver des pluies et des orages. Il est identifié
tantôt avec toutes sortes de micas, tantôt avec le
sélénite, ou le gypse lui-même. Car le sélénite
fut en effet lui aussi utilisé dans la construction des
fenêtres jusquau XVIIIº siècle, bien
que les vitres de verre aient été inventées
dès le Iº siècle environ après Jésus
Christ ."
- extrait de : http://www.oboulo.com/miroir+mythes+symboles
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- Plaque de lapis specularis
retrouvée à Pompéi (1er siècle),
posée sur un mur pour rendre compte de son aspect diaphane.
PLINE, HISTOIRE
NATURELLE
- LIVRE 36
- "XLV. [1] Quant à la pierre
spéculaire, puisqu'on la range aussi parmi les pierres,
elle se fend avec beaucoup plus de facilité, et on la
partage en feuilles aussi minces qu'on veut. Autrefois l'Espagne
citérieure seule la fournissait, et non pas même
toute la contrée, mais un rayon de cent milles environ
autour de la ville de Segobrien. Maintenant on en trouve dans
l'île de Chypre, en Cappadoce, en Sicile; et, tout récemment,
on en a découvert en Afrique. A toutes on préfère
les pierres spéculaires de l'Espagne. Celles de la Cappadoce
sont très délicates, très grandes, mais
ternes.
- [2] On en trouve aussi en Italie, dans
le territoire de Bologne; elles sont petites, tachetées,
englobées dans du silex; cependant elles sont évidemment
de même nature. La pierre spéculaire s'extrait en
Espagne de puits très profonds. On en trouve aussi sous
terre, qui sont renfermées dans la roche; tantôt
on les extrait sans difficulté, tantôt il faut tailler
le roc vif. Mais le plus souvent la pierre spéculaire
est fossile; elle se trouve isolée, sous forme de fragments
dont aucun n'a encore dépassé cinq pieds en longueur.
Quelques-uns pensent que c'est une liqueur de la terre qui se
congèle comme le cristal.
- [3] Ce qui montre manifestement que
cette pierre est le résultat d'une pétrification,
c'est que quand des animaux tombent dans les puits d'extraction,
la moelle de leurs os se transforme en pierre spéculaire
an bout d'un hiver. On trouve parfois aussi de la plerre spéculaire
noire. Mais la blanche a la propriété merveilleuse
de résister, tout en étant d'une mollesse connue,
à l'action du soleil et du froid. Le temps ne la dégrade
pas, comme beau-coup de matériaux ; elle n'a à
craindre que les accidents. On a trouvé un usage pour
les rognures: on en parsème le grand Cirque à l'époque
des jeux, pour lui donner une blancheur agréable.
- XLVI. [1] Sous le règne de Néron,
on trouva en Cappadoce une pierre de la dureté du marbre,
blanche, et transparente même là où des veines
rousses se rencontraient; ce qui la fit nommer pheugite. Néron
reconstruisit avec cette pierre le temple de la Fortune nommé
Séla (XVI, 2, 2 ), temple qui avait été
consacré par le roi Servius, et qu'il renferma dans sa
maison dorée (XXXVI, 24, 8). Là, même les
ouvertures fermées, on avait pendant le jour la clarté
du dehors; non toutefois de la même manière qu'avec
la pierre spéculaire, la lumière paraissant non
pas transmise, mais renfermée. Il y a aussi en Arabie,
au dire de Juba, une pierre diaphane comme le verre, qu'on emploie
en guise de pierre spéculaire."
- Traduction de J.J Dubochet, 1848-1850.
- édition d'Émile Littré
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