ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE
--------ABAISSEMENT--
à--
ABAISSER-


 

.Abaissement , abaisser .


En Algèbre, abaisser une équation consiste à en ramener la résolution à un moindre degré.

Pour les cas principaux où une équation est susceptible d'abaissement voir l'article de "la Berthelot", dans l'ordre: image111.gif, image112.gif, image113.gif

En Arithmétique, abaisser un chiffre dans une division, c'est écrire à la droite du reste obtenu (à une étape donnée) le chiffre du dividende qui suit la tranche ayant déjà fait l'objet de la division partielle.

En Astronomie, l'abaissement de l'horizon visible est la quantité dont cet horizon est abaissé au-dessous du plan horizontal qui touche la terre. On entend par abaissement du cercle crépusculaire la quantité dont le soleil est abaissé au-dessous de l'horizon lorsque le crépuscule du soir est totalement fini, ou lorsque l'aurore commence, c'est à dire, quand on commence à voir le soir les plus petites étoiles après le coucher du soleil et qu'on cesse de les voir le matin avant son lever. L'abaissement d'une étoile sous l'horizon est l'arc d'un cercle vertical qui se trouve au-dessous de l'horizon, entre cette étoile et l'horizon. L'abaissement du pôle est la quantité de degrés dont on avance du pôle vers l'équateur, parce qu'autant on fait de chemin en degrés de latitude, en allant du pôle vers l'équateur, autant est grand le nombre de degrés dont le pôle s'abaisse. L'abaissement des planètes, par l'effet de la parallaxe, est la quantité dont nous les voyons plus basses que si nous étions placés au centre de la terre. On ne peut faire usage d'aucune espèce d'observation si on ne la corrige de l'effet de cet abaissement.

 

En Chirurgie, on parle de:

Paris 1875

1) l' Abaissement du cristallin ou de la cataracte. C'est la technique historique d'opération de la cataracte. On dit alors abaisser ou abattre la cataracte. Ce type de chirurgie existait déjà du temps de Sumer, ainsi qu'en Inde et en Chine, il y a environ 4000 ans. Déjà le code d'Hammourabi visible au musée du Louvre, permettait de prévoir cette chirurgie et précisait même les pénalités pour le chirurgien en cas de complications (mains coupées...etc.. je vous laisse imaginer la tête du pôv' bougre).

Cela consistait à introduire dans l'œil (dans le vitré), sans anesthésie, un stylet non stérile, et à basculer le cristallin devenu blanc et opaque ( la cataracte) dans le vitré, grâce à des mouvements rapides.

L'introduction du stylet se fait au niveau de la pars plana, donc en arrière de l'iris, car cela permet de pousser le cristallin.
Le pourcentage de complications devait être assez élevé, mais on ignore à quel point!

On pense qu'en Inde furent pratiquées les premières interventions, selon les précisions données par les textes sanscrits. Le premier chirurgien ophtalmo connu s'appelait Susruta.
Il avait aussi une activité d'enseignant. L'analyse de ses écrits par Nabin Kishre Bidyadhar en 1939 et 1941, montra une situation très évoluée de la médecine indienne et de l'ophtalmologie. On retrouve la description de l'abaissement de la cataracte dans ses écrits. Plus tard, d'autres auteurs comme Vaghbata, qui vivait sans doute au VIIe siècle ap. J-C, décrirent avec plus de précisions cette technique chirurgicale.
Ces écrits furent complétés par d'autres auteurs, ce qui fait que l'on n'est pas du tout sûr que ce soit bien en Inde que fut inventé l'abaissement du cristallin. On peut lire dans les textes de Susruta différentes descriptions des pathologies ophtalmologiques, et leurs traitements très variés, souvent à base de végétaux, de miel, de lait et de beurre.

sources : http://www.snof.org/histoire/inde.html

De nombreux mythes couraient du temps des romains, dont un qui disait que l'accouchement de la cataracte avait été copié des pratiques animales. On racontait que, quand une chèvre avait une vision qui baissait, elle allait dans un buisson et se perforait l'œil avec une épine pour abaisser la cataracte gênante.

Une description précise de l'opération fut donnée par le romain Aulus Cornelius Celsus (-25/50 après JC) qui vivait du temps de l'empereur Néron. Il présenta les techniques de l'opération et également les conditions pour qu'elle soit réussie. On installait le patient dans une pièce lumineuse sur une chaise. L'assistant se mettait derrière lui pour lui maintenir la tête; l'opérateur se plaçait face au patient et opérait l'œil droit avec la main droite et l'œil gauche avec la main gauche.

Il introduisait une aiguille (non stérile) dans l'œil en perforant à mi-distance entre le limbe (périphérie de la cornée) et le canthus externe, perpendiculairement au globe, sur le méridien horizontal. Quand l'aiguille était rentrée dans l'œil il faisait un mouvement de bascule pour faire tomber le cristallin cataracté dans le vitré. Il fallait parfois faire plusieurs mouvements si l'effet désiré n'était pas obtenu de suite.
Durant le Moyen Age, les médecins
arabes conseillèrent une méthode supplémentaire qui consistait à introduire une aiguille creuse pour aspirer les débris de cristallins.

En Europe pendant ce temps et jusqu'au milieu du 18ème siècle la seule méthode utilisée était l'abaissement ancestral. Durant ces périodes, c'était surtout des barbiers itinérants qui
pratiquaient ce type de chirurgie. Ces opérations n'étant pas considérées à l'époque comme dignes des pratiques chirurgicales, elles étaient abandonnées aux barbiers. C'est du haut de leur mépris que les médecins considéraient ces opérateurs ambulants. Ne sont-ils pas les seuls à parler latin et à connaître les aphorismes d'Hippocrate et les enseignements de Galien ?

Une réorganisation de la chirurgie, tant dans son enseignement que dans ses règles d'exercice, va sérieusement contribuer au progrès. A la demande de Louis XV, La Martinière, Premier Chirurgien du Roi, édicte des règles précises pour la réception des nouveaux chirurgiens et les sépare enfin des Barbiers-Perruquiers.
Le chirurgien français Jacques Daviel (1696-1762) était un médecin qui savait pratiquer l'accouchement du cristallin. Il opéra un de ses patients, un ermite monophtalme du Mont-Aiguille: sur le premier œil traité par abaissement une luxation dans la chambre antérieure l'oblige à l'extraction. Les suites sont désastreuses.

C'est pendant la célèbre séance du 15 novembre 1752 de l'Académie de Médecine que Daviel décrivit son intervention. Cela entraîna des discussions entre les tenants de l'accouchement et ceux de l'extraction du cristallin. Pendant des dizaines d'années.

L'animosité entre les deux tendances fut encore plus grande vers la fin du 18ème siècle et le début du 19ème. Les deux camps s'injuriaient copieusement.

En Angleterre le fameux médecin Percival Pott (1713-1783) s'opposa à cette technique d'extraction. Les chirurgiens se partagèrent en plusieurs clans décrits par Georg Joseph Beer (1763-1821):

"Certains ophtalmologistes anglais rejettent l'extraction pour faire plaisir à M. Pott, d'autres pour sortir de la foule. Un troisième groupe la fit en dépit de la fierté nationale et de la haine de tous les Français, et un quatrième groupe la fit car ils avaient de mauvais résultats à cause de leurs préjugés ou de leur maladresse."
En Italie Antonio Scarpa (1752-1832) penchait pour l'abaissement.

Cette technique dura en France jusqu'au milieu du XIXe siècle!!

De nos jours cette technique est encore pratiquée en Afrique par des sorciers chirurgiens qui essayent ainsi d'éviter la cécité aux populations cataractées: Pratique illustrée dans: Abaissement de la cataracte SNOF.

2) l'abaissement du testicule, pour traiter la majeure partie des cas de cryptorchidie (anomalie particulière de position du testicule aboutissant à son absence dans la bourse).
Le traitement consiste en un abaissement chirurgical du testicule qui doit être réalisé le plus tôt possible. On pratique une courte incision au niveau du pli abdominal inférieur. Il s'agit d'une chirurgie simple ne nécessitant qu'une courte hospitalisation.
Néanmoins, une surveillance ultérieure régulière par une palpation des testicules est préférable en raison du risque accru de cancérisation.

sources: www.med.univ-rennes1.fr/etud/uro/ectopie.html

En
Chorégraphie, abaisser consiste à faire revenir vers le sol les membres qui avaient exécuté un mouvement d'élévation.

En Droit, l'abaissement du degré dans la peine ( ou de la peine) était l'application de la peine immédiatement inférieure à celle qui aurait été appliquée, si la loi n'avait pas été adoucie grâce à l'admission de circonstances atténuantes. Avant 1994, pour une infraction déterminée il y avait une peine minimum et une peine maximum applicable. Pour des circonstances atténuantes, le juge avait le droit de descendre en dessous de la peine minimum, d'où l'abaissement en question.

En 1994, il y eut réforme du Code Pénal et notamment suppression de tous les minimums. Il n'y a plus que des maximums de peine applicable d'où la fin de cette notion dans l'actuel Code Pénal. On ne parle plus du tout de circonstances atténuantes mais de "personnalisation de la peine".

L'Abaissement de deux degrés était un emploi plus large encore de l'indulgence de cette mesure.

Contribution : merci à Benoît Tabaka
Rédacteur en Chef de Jurisweb
http://jurisweb.citeweb.net

En Fauconnerie, abaisser c'est rationner l'oiseau afin de le rendre plus obéissant, moins fier.

En Géométrie, ne s'emploie guère que dans l'expression abaisser une perpendiculaire. C'est l'action de mener une perpendiculaire à une droite, passant à l'extérieur de cette droite. En géométrie euclidienne, une telle perpendiculaire est unique.

En Héraldique : Modification apportée à une armoirie. On dit aussi abattement : Voir Abaissé.

En Hydrogéologie : on appelle abaissement de l'eau souterraine, procédé pour abaisser la nappe, lorsque l'eau pose des problèmes lors de travaux. Dans les cas simples, il se fait à l'aide de drains, de conduites de drainage et de fosses. Pour l'abaissement plus important, il existe le système Wellpoint ou à puits filtrants.

Sources : Encyclopédie internationale des sciences et des techniques. Direction Pierre Auger et M.D Grmek. Presses de la Cité.1969

En Marine, l'abaissement de l'horizon est synonyme de dépression de l'horizon ou courbure sphérique de la portion de surface de mer embrassée par le regard. On conçoit que cet abaissement de l'horizon, rétrécissant l'espace qu'embrassent les yeux, ne permet pas à l'objet placé au-delà du niveau sensible de cet espace de se montrer tout entier à l'observateur. Ses parties élevées restent seules visibles, et si l'objet continue de s'éloigner sur la mer, qui s'abaisse de plus en plus, il disparaît proportionnellement à la distance, jusqu'à ce qu'il s'efface complètement, conséquence de l'abaissement. Mais que l'observateur s'élève et domine l'obstacle qui bornait sa vue, l'objet reparaîtra aussitôt sur son nouvel horizon visible, qui s'est élargi par son élévation.

En Peinture, abaisser un fond est donner à celui-ci un aspect plus profond, à l'aide de valeurs foncées ou de couleurs fortes, afin de faire mieux ressortir un relief. Cette expression a une signification différente de baisser de ton, qui veut dire "atténuer la couleur ou la valeur d'un ton".

Sources : Dictionnaire technique de la peinture d'André Béguin, édité par lui-même en 1981.

En Perspective le mot abaissement est usité dans l'expression abaissement du géométral. Les perspectives des points du plan, placés sous le géométral derrière le tableau par rapport au spectateur, sont sur le tableau dans une région qui est comprise entre la ligne de terre et la ligne d'horizon. Si nous abaissons le géométral, c'est à dire, si nous le transportons verticalement en dessous de la position qu'il occupe, la figure tracée sur ce géométral aura pour perspective, après le déplacement, une figure qui sera toujours comprise entre la ligne d'horizon et une nouvelle ligne de terre. Mais celle-ci est plus éloignée de la ligne d'horizon que la première; nous aurons donc une région plus étendue occupée par la perspective, et cette perspective sera alors d'une lecture plus facile.
Le géométral ainsi abaissé occupe, par rapport à l'œil, une certaine position. Supposons que l'œil et ce géométral abaissé soient liés invariablement, et qu'on les transporte encore tous les deux au-dessous de la position qu'ils occupent, jusqu'à ce que l'œil soit sur le prolongement du premier géométral. Alors, toute la perspective du géométral abaissé sera maintenant située au-dessous de la ligne de terre, et nous aurons l'avantage de n'avoir à faire des tracés qu'en dehors du cadre.
Comme la plupart des lignes qui conduisent au résultat (la perspective du plan) doivent disparaître, et qu'il est difficile d'enlever des lignes sans détériorer un peu le papier du dessin, nous évitons ces détériorations en plaçant toutes les constructions en dehors du cadre; on peut alors, s'il y a lieu, appliquer facilement des teintes.
L'opération qui consiste à abaisser simultanément l'œil et le géométral porte le nom d'
abaissement du géométral.
Lorsque la détermination de la perspective du plan est ainsi faite sur le géométral abaissé, il suffit de relever tous les points sur des verticales pour les avoir dans la position qu'ils doivent occuper dans la perspective du plan.

En Sculpture, abaisser consiste, dans un matériau dur, à enlever de l'épaisseur afin de reporter en arrière les parties trop saillantes; dans un bas-relief, il s'agit d'amoindrir la saillie des figures des arrière-plans pour faire valoir les figures des premiers plans.

Sources : La Sculpture - Principes d'analyse scientifique - méthode et vocabulaire, Ouvrage collectif, Imprimerie Nationale, 1978.

En Théologie, l'abaissement est un des éléments du mystère de l'lncarnation. En se faisant homme, le Verbe créateur est resté Dieu. D'après la définition orthodoxe, le Christ est vrai Dieu et vrai homme; mais, en revêtant la nature humaine, il a voilé ses attributs divins et il s'est soumis à un état d'abaissement. Dans cet état, certains théologiens se sont ingéniés à distinguer deux éléments et neuf modes. Les éléments sont :

la suspension de l'exercice de la souveraineté divine

l'assujettissement aux conditions de l'existence de l'homme. Les modes sont les principaux stades du passage de Jésus sur la terre, depuis sa conception jusqu'à son ensevelissement. Mais si la divinité, revêtant la nature humaine en la personne du Christ, se voile et s'abaisse, elle élève aussi cette nature et la pénètre de sa propre essence et de sa propre puissance. De là comme corollaire à l'abaissement, un état d'élévation, dont les dogmatistes énumèrent les manifestations, appelées par eux actes ou degrés: résurrection, ascension, avènement du monde, partagé avec Dieu le père, jugement suprême des vivants et des morts. Dans la descente aux enfers, les uns trouvent le mode le plus profond de l'abaissement; les autres, le premier degré de l'élévation.


. Abaisse-paupière . Voir abaisseur de paupières


. Abaisser . Voir abaissement


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