ENCYCLOPEDIE --UNIVERSELLE---

DE--LA--

LANGUE -FRANCAISE
 
---Ablégat---

 


. ABLÉGAT . n.m.
 

Du préfixe latin ab, qui indique l'éloignement, et legatus, "envoyé", l'ablégat était un envoyé du pape auprès de chefs d'Etat ou de cardinaux, plus rarement de généraux, à qui ils transmettaient de la part du souverain pontife des insignes honorifiques. Cette charge fut supprimée par le concile de Vatican II.
 
On distinguait deux types d'ablégat : l'ablégat pontifical et l'ablégat apostolique. Le premier avait pour mission d'apporter la barrette à un cardinal nouvellement élu (voir l'article d'Artaud, plus bas), mais aussi parfois des langes bénits aux souverains pour qui était né un héritier, ainsi des insignes honorofiques à des généraux en particulier. L'ablégat apostolique était chargé d'apporter la rose bénite, appelée aussi rose d'or, à des souverains ou à sanctuaires catholiques, mais aussi parfois la barrette d'un nouveau cardinal.
 


"ABLEGAT, Commissaire spécial chargé à un cardinal étranger la barrette [berretta, NDE], le petit bonnet rouge carré. A peine un cardinal est-il promu qu on lui expédie un garde-noble pour lui annoncer la promotion remettre le berettino (calotte rouge). Ensuite, on lui transmet la barrette cardinalice par moyen d une personne qui reçoit pour cette fonction le titre d'ablégat apostolique. En général, on choisit un très jeune homme d une famille élevée qui est déjà ou que l'on crée exprès camérier secret et d honneur et jouissant du droit de porter l'habit violet en mantellone. Les prélats en mantellone ne portent pas les bas violets Cette distinction n' appartient qu au prélat de mantelleleta.
L'ablégat, avant de partir de Rome, fait une visite à tout le sacré-collège et reçoit ensuite de la congrégation cérémoniale les instructions pour accomplir la fonction. C est son éminence le cardinal secrétaire des brefs qui, par du Saint Père, fait expédier le bref appelé missivo, qui se lit publiquement quand on doit exécuter la cérémonie. L ablégat reçoit du secrétaire des brefs ad principes les brefs que Sa Sainteté adresse au souverain dans les Etats duquel se trouve le nouveau cardinal.
L'ablégat ne peut présenter ce bref au souverain qu'avec la pleine intelligence du ministre des affaires étrangères pour qui il a une lettre du pape lui même
Si le nouveau cardinal se trouve dans la ville où réside la cour, l'ablégat, au nom du Saint Père, prie le souverain de daigner honorer la fonction de sa présence et de placer lui même la barrette sur la tête du nouveau cardinal. Si le nouveau cardinal est dans une autre ville des États, l'ablégat, après avoir présenté les lettres adressées au souverain continue son voyage pour exécuter sa commission
A un poste à peu près de la ville où se trouve le cardinal, l'ablégat doit trouver une voiture de ce cardinal dans laquelle celui ci le fait conduire au logement qu on lui a préparé Il fait ensuite sa visite au cardinal et concerte avec lui le jour et le lieu de la cérémonie Ce lieu est d'ordinaire la cathédrale, à moins d'un grand empêchement. Le soir précédent, le cardinal prête devant l'ablégat le serment prescrit à tous les cardinaux; le jour de la fonction on chante avec toute la solennité possible devant le plus grand nombre d'ecclésiastiques qu on a pu réunir, la messe votive pour actions de grâces. La messe terminée, on procède à la cérémonie d'imposition de la barrette ; elle se fait ou par un cardinal s'il y en a un présent, ou à défaut d'un cardinal par un évêque, et s'il n'ya pas évêque, l'ablégat remet au cardinal le missivo dont un ecclésiastique fait lecture ; ensuite il présente dans un bassin la barrette que le cardinal se place lui même sur la tête. Si le souverain voulait placer la barrette sur la tête du cardinal, celui ci irait la recevoir de lui dans la résidence royale, et en échange le souverain et le nouveau cardinal offrent des présents ordinairement magnifiques à l'ablégat. Les fonctions de l'ablégat finissent quand nouveau le cardinal a reçu la barrette. ARTAUD"

extrait de l'Encyclopédie du dix-neuvième siècle, répertoire universel des sciences, des lettres et des arts, avec la biographie de tous les hommes célèbres.
Ouvrage collectif dirigé par Ange de Saint-Priest, Paris, 1836-1853
 


 
LA ROSE BÉNITE ou ROSE D'OR
 

 
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Rose d'or de Minucchio da Siena
Avignon, 1330
Or et verre coloré H. 0,60 m
Commandée par le pape Jean XXII (1316 - 1334)
Trésor de la cathédrale de Bâle Cl. 2351
 
 
"La Rose d'or est un ornement béni par le pape, destiné à honorer des souverains ou des sanctuaires catholiques. Comme son nom l'indique, il représente une rose, un bouquet de roses ou un petit rosier en or massif.
La rose d'or apparaît dès le début du Moyen Âge. La première mention attestée est une bulle de 1049, dans l...aquelle Léon IX exempte le couvent de Sainte-Croix de Woffenheim (Alsace) à condition que l'abbesse envoie annuellement une rose d'or au Saint-Siège. La chronique de Saint-Martin
de Tours mentionne le plus ancien don connu d'une rose d'or par le pape : don d'Urbain II au comte Foulque IV d'Anjou, en 1096. Dès le bas Moyen Âge, le don d'une rose d'or pour honorer un souverain supplante le don des clefs de Pierre, institué au VIIIe siècle.
La rose est traditionnellement portée en procession, de la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem jusqu'au palais du Latran, lors du dimanche de Lætare (quatrième dimanche de Carême), également appelé dimanche de la Rose pour cette raison. Elle est d'abord portée par le pape lui-même. Par la suite, quand le poids de la rose augmente, un clerc est chargé de cette tâche. C'est à cette occasion que le pape bénit, dans la sacristie de Sainte-Croix, le baume et le musc destinés à la rose, avant que celle-ci ne soit portée par un ablégat à son destinataire, ou remise à un ambassadeur résident. En 1895, la charge de porter la rose d'or est confiée à un camérier secret de cape et d'épée.
À l'époque contemporaine, Jean-Paul II a remis des roses d'or à de nombreux sanctuaires dédiés à la Vierge Marie, comme celui de Lourdes en France, d'Aparecida au Brésil ou de Guadalupe au Mexique. En l'année 2006, le pape Benoît XVI a donné la Rose d'Or au Sanctuaire de Jasna Góra (Pologne).
La dernière rose d'or jusqu'ici a été remise à la basilique d'Aparecida, au Brésil, par Benoît XVI en 2007
La plus ancienne représentation de la rose d'or (XIIIe siècle) est une rose seule portant en son cœur une petite coupe ajourée contenant du baume et du musc. Avec Sixte IV, le dessin se complique : la rose d'or représente également des tiges épineuses, des feuilles ou encore des bourgeons ; des pierres précieuses sont serties dans le bijou. Par la suite, on y ajoute un piédestal et un vase. Ainsi, en 1668, la rose d'or envoyée par Clément IX à Marie-Thérèse d'Autriche, épouse de Louis XIV, pèse 4 kilos.
La rose d'or, si elle est un présent coûteux, revêt également une importance symbolique : la rose symbolise le Christ — la rose rouge en particulier symbolisant sa Passion. On interprète en ce sens un verset du Cantique des cantiques : « Je suis la fleur des champs et le lis des vallées » (2-1), ou encore un verset du livre d'Isaïe : « et il sortira un rejeton du tronc d'Isaïe, et une branche de ses racines fructifiera ». Cette signification mystique est présente dans les lettres accompagnant la rose, ou encore dans les sermons prononcés le dimanche de Lætare.
Au dimanche de Lætare, il arrivait que le pape offrît une rose d'or. L'idée en serait due au saint pape Léon IX qui, en 1049[, solennisa un usage peut-être ancien que le bienheureux Urbain II concrétisa en 1096, à la clôture du concile de Tours, lorsqu’il offrit une rose d’or au comte Foulques d’Anjou.
 
Il s’agit d’un bouquet roses en or ou en vermeil, ornées de pierres précieuses ; la fleur centrale, plus grande que les autres, porte, en son milieu, une petite cavité que le pape remplit de baume et saupoudre de musc ; autrefois la rose d’or était bénie et encensée à Sainte-Croix-de-Jérusalem. La formule de bénédiction fait l’éloge de la rose qui, « par sa couleur, le symbole de la joie de l'Eglise, dont l'odeur figure les bonnes œuvres de la personne à honorer, alors que la rose elle-même, produite de la racine de Jessé, est mystiquement la fleur des champs et le lys de vallées dont parle l'Ecriture, c'est-à-dire Jésus né de Marie. » Après Durant de Mende qui recopiait Innocent III, les liturgistes nous apprennent que la rose d’or est le symbole de ce printemps éternel qui succéda à l’hiver et aux tristesses de la terre, comme en ce dimanche les fleurs printanières parent le sol après les frimats.
La rose d’or fut d’abord réservée exclusivement au préfet de Rome. « Après l'office, le Pape, tenant à la main la rose bénite, la montrait au peuple, comme l'emblème de leurs communes espérances pour l'avenir et de leurs dispositions actuelles. Portant toujours la rose à la main, le pontife était reconduit jusqu'au parvis de la Basilique, par le préfet de Rome, en habit de pourpre et en chaussure de couleur d'or, qui soutenait l'étrier pour aider le Saint-Père à descendre de cheval. Afin de reconnaître ce témoignage de respect, le pape donnait la rose à ce dignitaire, qui la recevait à genoux et lui baisait le pied. » Plus tard la rose d'or fut offerte à un fidèle catholique qui avait rendu un signalé service à l'Eglise. Lors de son séjour à Paris, Alexandre III donna la rose d’Or à Louis VII (1163). Léon X envoya une rose d’or à l’archiduc Charles, futur Charles-Quint. Don Juan d'Autriche la reçut en 1576, après avoir remporté la victoire de Lépante sur les Turcs. A Saint-Jean d’Aix-en-Provence, avant que les révolutionnaires français ne le détruisissent, on voyait, sur le tombeau, le dernier comte de Provence de la maison de Barcelonne, Raymond Béranger IV, le défunt représenté avec la rose d’or que le pape Innocent IV lui avait envoyée en 1244 ; on conserve, au musée de Cluny, à Paris, la rose d’or que le pape Clément V donna à Humbert de Neufchâtel, prince-évêque de Bâle.
Les papes donnèrent souvent la rose d'or à quelque reine qui se distinguait par ses vertus, ce qui fut le cas, pour la France, de Marie-Thérèse d’Autriche, femme de Louis XIV (1668) et de Marie Leszcynska, femme de Louis XV (1732). Depuis le début du XIX° siècle, la rose d’or fut plusieurs fois décerné à des souveraines : la reine Charlotte de Bavière la reçut de Pie VII.
(1819) ; la reine Marie-Thérèse de Sardaigne la reçut de Léon XII (1825) ; l'impératrice Marie-Anne d'Autriche la reçut de Grégoire XVI (1832), comme la reine Marie-Pia de Savoie (1842) ; Pie IX l’offrit à la reine Marie-Thérèse des Deux-Siciles (1849), à l'impératrice Eugénie (1856)[10], à l'impératrice Elisabeth d'Autriche (1868) et à la reine Marie-Isabelle d'Espagne (1868) ; Léon XIII l’offrit à la reine Marie-Christine d'Espagne (1886), à l'impératrice Isabelle du Brésil (1888), à la reine Marie-Amélie du Portugal (1892) et à la reine Marie-Henriette des Belges (1893) ; Pie XI l’offrit à la reine Victoire d'Espagne (1923)[11], à la reine Elisabeth des Belges (1925) et à la reine Hélène d'Italie (1937)[13].
« Depuis longtemps, la cérémonie se fait dans la salle des parements. Après les prières marquées dans le rituel, le Saint-Père oint la rose avec du baume, et place au centre, où se trouve un tout petit godet, fermé avec une grille d'or, un peu de ce baume avec du musc ; il l'asperge d'eau bénite, I'encense, et la remet au dernier clerc de la chambre. Nous le vîmes arriver, précèdant le pape et portant à la main la précieuse fleur, qui fut placée au milieu de l'autel sur un riche voile de soie brodé d'or. Après la messe, elle fut emportée avec la même cérémonie, et déposée au Vatican jusqu'au jour où le Père commun daigne en gratifier quelqu'une de ses nobles et pieuses filles. »
Comme Pie X et Benoît XV, Pie XII, Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul I° et Jean-Paul II n’ont honoré aucune reine de la rose d’or.
Il est arrivé que la rose d'or fût offerte à une église ou à un sanctuaire : Innocent IV l’offrit au chapitre Saint-Just de Lyon[, Pie VII l’offrit au pèlerinage italien de Galloro (1820), Pie IX l’offrit à Notre-Dame de Lourdes (1877), Pie XII l’offrit à la cathédrale de Goa où se trouve le tombeau de saint François-Xavier.
(1953, Paul VI l’offrit à Notre-Dame de Fatima (1965). Pie VIII offrit la rose d’or à l'église de Cingoli (près d’Ancône), son pays natal, comme l’avait fait Pie II pour Sienne près d’où il était né ; Grégoire XVI, natif de Vénitie[18], l’offrit à la basilique Saint-Marc de Venise (1833). Sixte IV n’avait pas offert une rose d’or mais, pour rappeler ses armes, un rameau de chène en or à la cathédrale Savonne (1471). La sacristie du pape conserve une rose d’or avec la liste des bénéficiaires.
 
Le pape, au dimanche de Lætare, bénissait aussi une clef d'or où était fondue un peu de limaille des chaînes de saint Pierre, qu'il envoyait comme relique du Prince des Apôtres.
Les fiancés qui se devaient marier après Pâques, étaient bénis au dimanche de Lætare, ainsi que les oriflammes et les bannières. Enfin, quand l'occasion se présentait, on sacrait ou couronnait les princes chrétiens ; si aucun des rois de France n’eut ce privilège, en bénéficièrent les reines Eléonore d'Autriche et Elisabeth d'Autriche[21].
Le dimanche de Lætare, depuis la terrible épidémie de peste de 1522, les confréries romaines[22] en procession pénitentielle, depuis la basilique des Saints XII Apôtres auprès du crucifix miraculeux de l'église San Marcello al Corso[23]. Précédées de leurs insignes, s'avancent, dans leur costume propre, les archiconfréries de Sainte-Anne-des-Palefreniers du Vatican, de Sainte-Marie Odigitria des Siciliens, de Sainte-Marie dell'Orto du Transtévère, du Saint-Crucifix de Saint-Marcel, de la Trinité des Pèlerins, du Saint-Sacrement de Saint-Pierre-au-Vatican, de Saint-Joseph-des-charpentiers, de Saint-Eloi des Ferrarais, de Saint-Jean-Baptiste des Génois, du Sacré-Cœur-de-Ponte-Mammolo, et bien d'autres encore.
Utilisée au troisième dimanche de l'Avent (Gaudete) et au quatrième dimanche du Carême (Lætare), la couleur rose, couleur de l'aurore, marque, au milieu de ces temps de pénitence, une pause où l'Eglise vise à mieux faire entrevoir la joie qu'elle prépare (Noël ou Pâques), à donner courage pour les dernières étapes à parcourir et à rendre grâce pour les œuvres déjà accomplies. Jadis, où l'on était plus attentif qu'aujourd'hui à conformer l'environnement du culte à l'esprit de la liturgie célébrée, on pouvait, ces dimanches-là, contrairement aux autres dimanches de l'Avent et du Carême, parer l'autel de fleurs, sonner toutes les cloches et toucher les orgues alors que les diacres et les sous-diacres prenaient la tunique et dalmatique qu'ils avaient abandonnées au début de l'Avent ou du Carême.
La couleur rose emprunte sa signification au rouge, symbole de l'amour divin, et au blanc, symbole de la sagesse divine, dont la combinaison signifie l'amour de l'homme régénéré par la pénitence pour la sagesse divine reçue dans la Révélation. « Couleur agréable, odeur réconfortante, aspect qui donne la joie.[24] » Cest moins la fleur qui inspire le symboliste que la rosée, l'eau tombée du ciel, regardée par les Juifs comme un signe de bénédiction. Les vents de la mer, soufflant de l'Ouest, apportent vers la Palestine un air humide qui, dans les nuits d'août à octobre où il ne pleut pas, permet la croissance des végétaux ; la rosée est donc un symbole de prospérité et un signe de bénédiction ainsi qu'en témoigne souvent l'Ancien Testament : « Que Dieu te donne avec la rosée du ciel et de gras terroirs, abondance de froment et de vin nouveau » (Genèse XXVII 28) ; « Béni de Yahvé, son Pays ! A lui le don exquis du ciel en haut (rosée) et de l'abîme qui s'étale en bas (sources) » (Deutéronome XXXIII 13) ; « C'est comme le rosée de l'Hermon qui descend sur les montagnes de Sion, car c'est là que Yahvé a établi la bénédiction, la vie à jamais » (Psaume CXXXIII 3) ; « Je serai comme la rosée pour Israël, il fleurira comme le lys, il enfoncera ses racines comme le peuplier » (Osée XIV 6). En revanche, l'absence de rosée est un signe de châtiment comme on peut le voir, par exemple, chez le prophète Agée (I 8-10) : « Réfléchissez sur votre sort : vous attendiez beaucoup et il n'y a eu que peu. Et ce que vous avez ramené à la maison, j'ai soufflé dessus ! A cause de quoi ? - oracle de Yahvé des armées - à cause de ma maison qui, elle, est en ruine, alors que vous courez chacun pour sa maison. Voilà pourquoi le ciel a retenu la rosée, et la terre a retenu sa récolte. »
La rosée est aussi le symbole de la Parole divine reçue par les fidèles qui, s'ils s'y conforment, leur communique la sagesse et leur ouvre le salut par les voies de la justice : « Que ma parole s'épande comme la rosée » (Deutéronome XXII 2) ; ainsi, pendant tout le temps de l’Avent, nous avons chanté : « Rorate cæli de super et nubes pluant justum ! » (Cieux, versez votre rosée et que les nuées fassent pleuvoir le juste !)
Le chevalier Morini qui, sous Grégoire XVI (1831-1846), fut un des officiers de la cour pontificale, écrivait, dans le « Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica » que la couleur rose est considérée comme tenant le milieu entre le pourpre et le violet ; figurant la joie que l'Eglise ressent aux approches de Noël et de Pâques, parce que la rose a trois propriétés : l'odeur, la couleur et le goût, que l'on peut considérer comme représentant la charité, la joie et la satiété spirituelle qui sont la figure du Christ, ainsi, saint Bède le Vénérable dit qu'au VII° siècle, le tombeau du Christ était peint d'une couleur mélangée de blanc et de rouge.
 
 
On l’appelait encore : in vicesima, du vingtième jour, ou mediana, mi-carême, parce qu’il est au milieu du Carême.
Le terme mozarabe désignait, en Espagne, le chrétien qui vivait sous la domination arabe ; il vient de mohaide qui signifie tributaire, les chrétiens devant payer un tribut
pour pouvoir pratiquer leur religion. L’Espagne, restée longtemps en dehors de l’influence romaine, connaissait un rite particulier, déjà constitué avant l’invasion des Wisigoths ; après la libération de Tolède par Alphonse VI de Castille (1085), les mozarabes obtinrent le privilège de conserver l’ancien rite espagnol que Grégoire VII avait fait abolir pour le reste de l’Espagne par le concile de Burgos (1080).
A lire la bulle que Léon IX adressa, en 1049, à l’abbesse de Sainte-Croix de Woffenheim (Alsace), on peut en déduire que la coutume était déjà établie : le pape exempte son abbaye de la juridiction de l’évêque à la condition que, chaque année, huit jours avant le dimanche de Lætare, elle fasse parvenir au Siège apostolique une rose en or pur (ou son équivalent) de deux onces.
En 1177, Alexandre III célèbra cette cérémonie dans la basilique Saint-Marc de Venise.
Guilaume Durant, né à Puimisson (Hérault) en 1231, juriste formé à Bologne, fut chanoine de Narbonne et de Beauvais, doyan de la cathédrale de Chartres (1279), chapelain pontifical, auditeur général des causes apostoliques puis recteur et capitaine général dans le patrimoine de Saint-Pierre. Elu évêque de Mende (1285), il mourut à Rome le 1° novembre 1296 et fut enterré dans l’église S. Maria della Minerva. Il écrivit des œuvres canoniques : le Speculum juris (1276), le Breviarum aureum (1279), un commentaire des constitution du concile de Lyon (1274) et des instructions et constitutions synodales auxquelles il travaillait encore lorsqu’il mourut et des œuvres liturgiques : un Rationale divinorum officiorum (1286) et un Pontifical (1295).
A l'entrée du golfe de Corinthe, la flotte chrétienne fournie par le Saint-Siège, l'Espagne, Venise, la Savoie, Mantoue, Ferrare, Gênes et Lucques, sous le commandement de don Juan d'Autriche, a écrasé la flotte turque d'Ali Pacha (7 octobre 1571).
En 1112, par le mariage de Douce de Provence avec Raymond-Bérenger, la Provence passa dans la maison des comtes de Barcelone qui durent céder la partie septentrionale (le marquisat de Provence) au comte de Toulouse (1125). La Provence passa à la maison d’Anjou par le mariage de Béatrix, fille de Raymond-Bérenger IV, avec Charles d’Anjou, frère de saint Louis (1245) ; Charles d’Anjou finit par récupérer toute la Provence, sauf le Comta Venaissin qui fut donné au pape ; en 1481, Charles du Maine, héritier du roi René, céda à Louis XI la Provence qui fut réunie au domaine sous Charles VIII (1487).
Cette rose d’or pèse trois cent cinq grammes d’or fin et mesure soixante centimètres de hauteur ; à la base sont placées les armes des comtes de Nidau, de la famille des princes de Neufchâtel.
Près de quatre kilogrammes d’or.
L’impératrice Eugénie reçut la rose d’or à l’occasion de la naissance du Prince Impérial (23 mars 1856) dont Pie IX accepta d’être le parrain ; en 1918, l’Impératrice offrit sa rose d’or à l’abbaye bénédictine anglaise de Farnborough où elle est inhumée avec Napoléon III et le Prince Impérial.
 
La rose d’or fut remise à la reine d’Espagne par le cardinal Tedeschini qui dit : « Recevez-la, ma Chère Fille, vous qui dans le siècle êtes noble, puissante et ornée de beaucoup de vertu, afin que vous vous ennoblissiez davantage de toutes les vertus de Notre Seigneur Jésus-Christ comme une rose qui fleurit au bord des eaux courantes. »
A vrai dire, cette rose d’or, adressée au roi et à la reine des Belges pour la célébration du vingt-cinquième anniversaire de leur mariage, fut bénie par Pie XI le troisième dimanche de l’Avent (dimanche de Gaudete) ; dans un vase d’argent doré, pesant trois kilogrammes et demi, il s’agit d’un rosier d’or, de dix-neuf fleurs ou bouton et de deux cent quatre-vingt-dix feuilles, pesant un kilogramme.
Pie XI offrit cette rose d’or à la reine Hélène d’Italie pour le quarantième anniversaire de son mariage. Fille du roi Nicolas I° du Monténégro (1841-1921), la princesse Hélène Petrovitch Niegoch, née à Cettigné le 8 janvier 1873, filleule du tsar Alexandre III, fit ses études à Saint-Petersbourg. Elle épousa Victor-Emmanuel de Savoie (24 octobre 1896), prince de Naples, qui devint le roi Victor-Emmanuel III d’Italie, après l’assassinat de son père, Humbert I°, par un anarchiste (29 juillet 1900) ; il porta les titres d’empereur d’Ethiopie (1936) et de roi d’Albanie (1939). La reine Hélène mourut à Montpellier le 28 novembre 1952. En raison de ses très grandes charités, Pie XI lui décerna la rose d’or (7 mars 1937) qu’il lui remit en la chapelle Pauline du Quirinal (5 avril 1937).
Il existe, dans la Bibliothèque vaticane, une gravure du XVIII° siècle qui représente cette rose d’or offerte au chapitre Saint-Just de Lyon.
Sainte-Marie de Galloro est un lieu de pèlerinage situé sur une colline du Latium, à un kilomètre d’Arricia. Le sanctuaire doit son origine à une image de la Vierge peinte sur un rocher qui, perdue dans les taillis, fut redécouverte par un enfant en 1621.
Pie XII procéda à la bénédiction de cette rose d’or le 30 août 1953 : « Avec un vif plaisir, Nous voyons cette assistance de choix à l’austère cérémonie à laquelle Nous allons procéder et qui consacre la disrinction extraordinaire que le Saint-Siège apostolique veut donner à la cathédrale de la noble ville de Goa pour être conservée au sanctuaire du Bon Jésus et par elle à la nation si fidèle. Ce n’est pas la première fois qu’un si grand honneur revient au Potugal. Il suffirait de rappeler la rose d’or que Notre grand prédécesseur Léon XIII envoya en 1892 à la regrétée reine Amélie ; et avant celle-ci la rose d’or accordée à l’église Saint-Antoine-des-Portugais, une des deux églises qui, dans la ville de Rome, partagent cette gloire avec les grandes basiliques. Mais, à présent, Nous évoquons particulièrement la rose d’or que le grand pape Léon X envoya deux fois à Don Manuel I° pour ses insignes services rendus à la cause de la foi avec l’heureuse épopée de l’Orient laquelle a préparé le terrain et fourni les moyens qui rendirent possible le merveilleux apostolat de saint François-Xavier qui fut à son tour le meilleur représentant et le plus prodigieux réalisateur de la vocation missionnaire du Portugal. Aujourd’hui, comme pour couronner les grandes célébrations commémoratives du IV° centenaire de la mort du grand Apôtre et de son immortel apostolat, Nous sommes heureux, en accordant la rose d’or à l’église monumentale qui conserve ses dépouilles, de renouveler le geste de notre grand prédécesseur. Nous reconnaissons ainsi de multiples mérites pour la cause de la foi et Nous déclatons également avec un accent de certitude que l’action missionnaire continuera toujours plus ample et plus active comme nous l’assure la présence de tant de missionnaires des deux sexes. »
Pie II était né à Corsignano où il construisit la ville de Pienza.
Grégoire XVI était né à Bellune en Vénitie.
Sixte IV était né à Celle, près de Savone.
Eléonore d'Autriche (1498-1558), infante d’Espagne et reine douairière de Portugal, sœur de Charles-Quint et deuxième femme de François I°, fut sacrée et couronnée le 5 mars 1531.
Elisabeth d'Autriche (1554-1592), archiduchesse d’Autriche, fille de l’empereur Maximilien II, femme de Charles IX, fut sacrée et couronnée le 25 mars 1571.
La première Confrérie romaine, celle du Gonfalon, a été créée en 1264 et depuis, au cours des siècles, ces pieuses associations ont fondé plus de quarante hôpitaux.
Le Saint-Crucifix de Saint-Marcel est un ouvrage du XV° siècle qui a été retrouvé intact après l'incendie et l'écroulement de l'ancienne église (1519) ; il est pour les Romains l'objet d'un culte particulier. L'église Saint-Marcel, fut élevée sur les écuries de l'ancienne poste impériale où le pape Marcel (IV° siècle) avait été condamné aux travaux forcés.
 
 
La rose d'or du musée est la plus ancienne conservée au monde. Les premières mentions de roses d'or remontent au XIe siècle. Sur les centaines de roses d'or créées au Moyen Âge, celle du musée est l'une des trois qui subsistent aujourd'hui. La cérémonie relative à la rose d'or est restée pratiquement inchangée à travers les siècles. Tous les ans, le quatrième dimanche de Carême, dit de Laetare, le pape avait coutume d'offrir une rose d'or à un personnage dont il voulait ainsi signaler la piété. Grâce aux armoiries ajoutées sur le pied par son destinataire, cette rose a pu être identifiée. Elle fut offerte par le pape Jean XXII à Rodophe III de Nidau, comte de Neuchâtel. Ce dernier avait soutenu le pape dans sa terrible lutte contre l'empereur Louis de Bavière. Par ailleurs, les comptes de la papauté, bien conservés pour cette période où le pontife résidait à Avignon, ont permis d'identifier l'orfèvre chargé de cette commande. Minucchio appartient à une série d'artistes siennois qui vont faire d'Avignon au cours du XIVe siècle un des creusets de la création artistique. "
 
 
extrait de : http://www.grand-sud-medieval.fr/forum/viewtopic.php?f=22&t=3415
 

   
 
Sources :
 
texte
 
Bibliotheque de L'Ecole des Chartes Revue D'Erudition
Par Société de l'Ecole des chartes (France), volume CXXVIII, 1970.
 
images
 
http://cfile7.uf.tistory.com/image/146762334FA0E96A392877 (rose d'or, vue entière)
http://www.revendeurs.rmngp.fr/en/catalogue/search?ar=minucchio-da-siena (rose d'or, détail)
 
 

 
 

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