ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE
 

-ABEILLE

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LES ABEILLES ET LES HOMMES

croyances,
savoirs
et
apiculture


----APICULTURE TRADITIONNELLE----
et PATRIMOINE---

L'AMÉRIQUE PRÉCOLOMBIENNE
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( I )

 


 
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Abeille du codex de Madrid, page 80, reproduction : voir image 11
 

 

L'APICULTURE PRECOLOMBIENNE dans les écrits des conquistadores.
 

Dès le premier contact entre les Européens et les habitants des Amériques, on apprend que le miel fait partie, ainsi que son commerce, de la culture des indigènes. En effet, Christophe Colomb (Cristóbal Colón, vers 1451- Valladolid, Espagne, 20 mai 1506) rapporte dès 1492 l'usage du miel des abeilles sans aiguillon, mais aussi de la cire, qui servait aux orfèvres (Crane 1983). Un peu après, c'est Hernando Cortès (1485, Medellín, Extremadura [Extrémadure] - Castilleja de la Cuesta (Séville), 2 décembre 1547) qui parle en 1520 du commerce des abeilles :

"La ville possède de nombreuses places où se tiennent en permanence des marchés à ciel ouvert om tout s'achète et se vend... Des barbiers vous lavent et vous coupent les cheveux. Des marchands vous proposent à manger et à boire. Il y a des porteurs, comme en Espagne, qui sont là uniquement pour vous porter vos paquets. On y trouve en vastes quantités du bois, des braseros en terre cuite, des tapis de toutes sortes, certains pour la literie, d'autres, plus fins, pour les sièges, d'autres encore pour orner son entrée ou ses appartements. On y trouve aussi une grande variété de légumes, en particulier des oignons, des poireaux, de l'ail, du cresson et du cresson de fontaine, de la bourrache, de l'oseille, des artichauts, des salsifis. Toutes sortes de fruits, y compris des cerises et des prunes. Ils vendent du miel d'abeilles... des écheveaux de coton dans une myriade ce couleurs... Le maïs est vendu en grains et sous forme de pain... On peut acheter des petits pâtés de gibier, des tourtes de poisson, énormément de poisson, frais ou salé... Des œufs de poules, d'oies e d'autres volatiles, ainsi que des omelettes toutes prêtes."

Extrait d'une lettre d' Hernán Cortès à Charles Quint de 1520 où il décrit un marché de Tenochtitlán.
extrait de : http://www.vivamexico.info/Index1/Mexico1.html

Une autre lettre à l'empereur, de la même année mais qui n'est pas de la main de Cortes, est envoyée de la ville de Cozumel, à propos de laquelle il est dit que "le seul commerce que les Indiens y pratiquent est le commerce des ruches, dont nos gouverneurs adresseront à Votre Grandeur des spécimens autant que du miel, afin qu'il vous soit possible de les examiner"(1:145). Juan de Grijalva, le premier Espagnol à visiter l'île de Cozumel en 1518, avait déjà mentionné l'existence de ces ruches.

Le Franciscain Bernardino de Sahagún (1500, Léon, Espagne - 1590, Mexique), écrit son Historia general de las cosas de Nueva España, vers 1529, et nous renseigne sur la cuisine des anciens mexicains qui utilisèrent principalement le miel, comme la plupart des autres cultures, nous l'avons vu, avant de connaître l'usage du sucre. C'est ainsi que les traditionnelles puchas (ou mazamorras), sorte de bouillies de maïs, sont consommées de diverses manières nous dit Sahagun (Sahagún, VIII, XIII : 754), mangées pour certaines, bues pour d'autres, à la manière des atoles (du nahuatl atulli, atolli : coupé (de liquide), boissons bues chaudes ou froides, à base de pâte de maïs mélangée et bouillie avec de l'eau sucrée (donc, miellée). Sahagun parle ainsi de totonquiatulli, un atole chaud, de necuatolli, un atole composé aussi de miel, et enfin, de chinecualalli, un atole fait avec du piment et du miel.

Vers 1540, le chroniqueur espagnol Gonzalo Fernández de Oviedo y Valdès (Madrid, 1478 - Saint-Domingue, 1557) a écrit une Histoire des Indes* qui nous renseigne sur l'apiculture dans différents pays d'Amérique Centrale et du Sud.
Il rapporte ce que l'évêque Rodrigo de Bastidas lui a raconté, à savoir que les Indiens du Venezuela élevaient des abeilles dans des ruches en forme de calebasse, pourvues de deux trous, l'un pour le passage des abeilles, l'autre pour la récolte de miel, exactement comme le pratiquent les Paressi du Matto-Grosso au Brésil :

2ruche en calebasse des Indiens Paressi, du Matto Grosso, au Brésil, d'après Roquette-Pinto

- Histoire générale et naturelle des Indes (Sumario de la historia natural y general de las Indias), Séville, 1526
- Historia general de las Indias, 1re partie : Séville, 1535 ; 2e partie : Valladolid, 1557.
Publication complète de cette Histoire des Indes seulement au XIXe siècle : "Historia general y natural de las Indias, islas y tierra-firme del mar oceano"
Madrid : Imprenta de la Real Academia de la Historia, 1851-1855

Oviedo évoque aussi (op. cit. T III, p 265-266) les Mayas de la région de Chitemal (Campeche), qui utilisent des ruches en bois épais d'un petit doigt, de forme cylindrique, larges comme un corps d'homme à la taille, longues d'un bras d'homme. Elles étaient très finement sculptées et marquées de signes de propriété. Pourvues de trous d'envol, ces ruches étaient posées à terre, les extrémités fermées par des pierres et leur étanchéité était assurée avec de la terre glaise, un peu comme notre pourget. Oviedo parle aussi de l'apiculture dans la province mexicaine de Xalisco (op. cit. T III, p 561-562) dont il dit que les abeilles "étaient aussi grosses que des mouches et dépourvues d'aiguillon". On aura bien sûr reconnu l'abeille mélipone, sans dard, qui est l'abeille mellifère native d'Amérique, et pour la région maya du yucatan, c'est la Melipona beecheii bennett qui est représentée, appelée par les mayas xunan kab de xuna'an : femme, et kab (kaab, cab, chab) ou encore colel-kab, kolel`kab ou po`ol-kab. Selon le contexte, cab c'est l'abeille, le miel, le nid, mais aussi la terre, le terrain ; caban, kab'an est aussi le 2e jour du calendrier traditionnel maya et le 17e jour du calendrier tzolkin (voir plus bas), ou encore les mondes souterrains, des morts, de l'obscurité et de l'occulte, avec la forme ak'ab. C'est ainsi que Cabinal, une déesse de la terre et de la fertilité,est aussi protectrice des ruches, car l'abeille naît ou vient de l'intérieur de la terre et doit y retourner après sa mort. C'est pour cette raison que, pour les Mayas, les abeilles sont des faiseuses de fertilité, et que toutes les abeilles mortes doivent être enterrées avec les morts, afin qu'elles puissent reconstruire la vie à partir des éléments morts. C'est aussi pour cette raison que les méliponiculteurs de tradition maya enterrent et cachent les cadavres d'abeilles sous les pierres (J.P. Cappas e Sousa , 1998).

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A Xalisco toujours, les ruches ne sont pas posées à terre mais suspendues dans les maisons et elles possèdent un ouverture qui permet de récolter le miel sans danger pour les abeilles. Une partie de la récolte de miel et de cire servait aux usages domestiques, l'autre partie était employée pour l'échanger contre d'autres denrées, par le système du troc.

Vers 1541, le Franciscain Jerónimo de Alcalá, élabore avec la collaboration d'anciens prêtres indigènes un ouvrage intitulé “Relacion de las ceremonias . . . de los Indios de la provencia de Mechoacán", appelé désormais Relación de Michoacán. L'ouvrage est une commande du Vice-Roi de la Nouvelle Espagne, don Antonio de Mendoza, qui décrit les coutumes des habitants de Michoacán, au Mexique avant la conquête hispanique. On apprend par lui que les personnages sacerdotaux, mariés, avaient recours pour le service des dieux à de nombreux agüeros, "qui dans les maisons sortaient clochettes* et herbes* pour la récolte des rayons (panares, auj. panales, de pan, le pain) en une seule nuit, de manière qu'au matin, les abeilles étaient pendues en essaim aux étables, aux arbres, et de sorte que les enfants ramassaient les fruits des branches courbées jusqu'au sol" (à cause du poids des essaims). Nous apprenons aussi que, parmi les Grands Majordomes (cahauixel, de cahau, père, en maya-quiché) il en est un du miel, qui reçoit, garde et l'administre pour le compte du "cazonci" (calzonci, calzontzi : seigneur) : "Il y avait un autre Grand Majordome (mayordomo mayor) pour recevoir et garder tout le miel apporté au cazonçi, miel de canne (cañas), de maïs (maíz ) et d'abeilles." (op. cit. folio 7v)

* à la manière de nos anciens, pour attirer les essaims et les enfumer pour pouvoir les manipuler ?

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Relación de Michoacán, vers 1541,
Real Biblioteca de San Lorenzo de El Escorial, España.

Malheureusement, les majordomes représentés sur ce folio ne sont pas ceux du miel, mais ceux des semailles (semeteras) et du coton (algodón), en haut à gauche, côte à côte.


En 1552, Francisco López de Gómara (Séville, 1511-1564), qui a été chapelain de la collégiale de Soria, écrit Historia general de las Indias y Nuevo Mundo, con mas la conquista del Peru y de Mexico..." (image 4b, édition de 1555), ouvrage qui n'a pas été écrit sur la base d'une expérience personnelle (le clerc espagnol n'a jamais mis le pied en Amérique), mais à partir de nombreux témoignages contemporains (Cortés, Anghiera, Oviedo, etc.) et ceux d'anciens conquistadors. Il y parle à plusieurs reprises des abeilles mélipones, dépourvues d'aiguillon. Il parle de trois sortes d'abeilles, deux élevées dans des ruches, qui font du bon miel, et une autre, petite, noire, sylvestre, qui extrait du miel sans cire des arbres. Il évoque différentes couleurs, goûts et textures de miel, mais aussi que ce dernier est un important remède médicinal.

4b

Un témoignage important de l'apiculture précolombienne nous a été apporté par un moine franciscain, inquisiteur des Mayas du Yucatan, le Frère (Fray) Diego de Landa (12 novembre 1524 -1579), par son récit intitulé Relación de las cosas de Yucatán (1566), dont nous n'avons que des copies, le manuscrit original ayant été perdu. Il nous renseigne, en particulier, sur les fêtes des Mayas, pendant lesquelles de nombreux rites et sacrifices humains avaient lieu pour obtenir des dieux de bonnes récoltes, du gibier de chasse et du poisson, mais aussi du miel en abondance. Pendant le mois de Zotz (Tzoz, Sots, Xoc : "chauve-souris") les apiculteurs entamaient les préparatifs de leur fête qui avait lieu le mois suivant de Tzecos (Tzec, Sek : "crâne"). Pendant cette préparation, les prêtres et les sacristains (chacs, chaces), au nombre de quatre (comme les quatre bacabes, voir plus loin) des anciens religieux secondant le prêtre, sont tenus de pratiquer le jeûne, auxquels d'autres citoyens peuvent s'adonner volontairement. Le moment voulu, les apiculteurs offraient des sacrifices (non sanglants, ceux-là) principalement aux chaces, pour honorer les Bacabes (voir image 5), les dieux de l'apiculture (mais aussi du cacao, des quatre points cardinaux) dont la figure d'Hobnil (Jo'obonil) , est la plus représentative. Hobnil est le dieu rouge, de l'Est, point cardinal d'où viendrait le miel, mais aussi des années kan ("maïs mûr", années qui commencent par ce jour), frère des dieux blanc, noir et jaune (Cantzicnal ou Can Tzional, Zac Cimi ou Saccimi, Hosanek ou Hozan-Ec), nés d'Itzamná (dieu du Ciel, des Savoirs et des Sciences) et d'Ixchel (déesse de la naissance) et associés respectivement aux points cardinaux/années suivants : Nord/Muluc, Ouest/Ix, Sud/Cauac (mot qui désigne le corps de la ruche où se trouve le miel : melario, qui est auj. une hausse). Pour obtenir du miel en abondance, les apiculteurs offraient, par exemple, quatre assiettes décorées de miel où était déposée une boule d'encens et ils buvaient, à la fin de la cérémonie une boisson miellée de type hydromel (zac-ha), telle le xtabentun ou le balche. Une autre fête, au mois de Mol, permettait de demander aux dieux de pourvoir les abeilles de fleurs, afin qu'elles puissent produire beaucoup de miel.
 

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Stèle dite de Madrid, vers 600 - 800, trouvée durant les fouilles d'Antonio del Río en1785. Elle formait un bas-relief du trône d'un palais de Palenque (Mexique) figurant un bacab posé sur une tête d'Imix ("ee-meesh"), ici un crocodile (parfois un nénuphar), qui est aussi le nom du premier jour du calendrier maya.
 
Musée des Amériques, Madrid, Espagne.

En 1590, c'est un soldat qui raconte avoir vu à Santa Marta, Colombie, 80000 ruches dans des vases d'argile. L'exagération hypothétique du nombre n'enlève rien au fait que, là encore, l'apiculture apparaît comme une activité importante de l'économie.
 

 
L'APICULTURE PRECOLOMBIENNE
 

La plupart des manuscrits précolombiens ont été détruits par les colonisateurs espagnols, mais heureusement, le peu que nous connaissons nous révèle, à l'instar de nombreuses cultures, les relations intimes entre les abeilles, leur miel et la mythologie des peuples autochtones de Mésoamérique. Aux manuscrits, nous pouvons ajouter les vestiges archéologiques (monuments religieux, poteries, en particulier) qui nous donneront un bon aperçu de la place de l'abeille dans les croyances de cultures anciennes du continent américain, comme celles des Aztèques et des Mayas et une idée de l'apiculture ancienne de la Mésoamérique, qui est une méliponiculture, un élevage d'abeilles mélipones, Apis mellifera n'ayant été importée qu'à compter du XVIIe siècle sur le continent (voir : APICULTURE TRADITIONNELLE - AMERIQUE LATINE - LE MEXIQUE 1).

Le codex de Madrid ou Tro-Cortesianus.

Probablement adressé par Cortès à la Cour d'Espagne dans la première moitié du XVIe siècle (Anders, 1967:51), ce codex fut très tôt séparé en deux parties pour des raisons sans doute mercantiles, l'une ayant été appelée Troano, du nom de son premier possesseur connu, Don Juan Tro y Ortolano, professeur de paléographie espagnol, et l'autre Cortesianus (du nom de Cortès). La première a été publiée dans les années 1870 par Charles Étienne Brasseur de Bourbourg (8 septembre 1814 à Bourbourg près de Dunkerque - 8 janvier 1874, Nice), le grand pionnier des études précolombiennes, sous les auspices de Napoléon III. La seconde fait son apparition publique en 1867 où elle est plusieurs fois vendue, à Londres et à Paris, et en 1872, elle est achetée par le collectionneur José Ignacio Miro, qui le revend trois ans plus tard au Musée Arquéologique de Madrid. Léon de Rosny (Louis Léon Prunol de Rosny, 5 avril 1837, Lille - 28 août 1914) le découvre et fait le rapprochement avec l'autre partie, et les deux sont réunies en 1880. Le manuscrit est désormais conservé au Musée des Amériques, à Madrid (Espagne).

En dehors de John B. Glass (1975:153), qui date ce codex maya bien avant la conquête, vers le XIIe s., la plupart des spécialistes datent ce codex des XIVe - XVe siècles. Le manuscrit est une sorte d'almanach rituel autour des activités de chasse, de la méliponiculture ou encore du tissage, pour la bonne marche des pluies, des semailles et des récoltes. Selon John Eric Sidney Thompson (1972:16), il aurait été exécuté à Champotón (Campeche, Mexique), alors que Glass parle plutôt du sud-est du Mexique au Guatemala et Cappas, de Mayapán (J.P. Cappas et Sousa, 1998).

Le manuscrit réunit 56 feuillets de 12, 5 cm sur 22,6 cm, pliés en accordéon (112 pages), le tout d'une longueur de 6,82 m. Les feuillets sont faits de papier amate (amatl en nahuatl, kopo' en maya), dont se servait alors toute la région de Mésoamérique pour la confection de manuscrits. Ce papier est fabriqué en faisant bouillir des écorces de différentes espèces d'arbre, spécialement des figuiers (Ficus cotinifolia, F. padifolia en particulier). Le Troano comprenait les pages 22-56, 78-112, et le Cortesianus, le reste, 1-21 et 57-77.

Les interprétations des pages de ce codex présentées ici, relatives aux abeilles, sont tirées essentiellement des travaux de João Pedro Cappas e Sousa, biologiste et entomologiste portugais né le 17 août 1962, le premier de 1995 : Los Mayas y la meliponicultura (Hymenoptera: Meliponinae), XIV Jornadas de la Asociación española de Entomologia. Cuenca, 4-7 de julio de 1995, et le second de 1998 : Os Maias Meliponicultores. O Apicultor Nº.21 et 22, Edicais.

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Dans la partie haute de ces pages, on peut voir des divinités protégeant des ruchers d'abeilles mélipones (Na’ajil kaab en nahuatl, litt. "maison de l'abeille guérisseuse", meliponario en espagnol : "méliponaire"), constitués d'un toit en feuilles de palmier sabal (sabal yucateca : palma de huaco) symbolisé par les glyphes au-dessus des ruches, faites de troncs évidés appelés jobones, bouchés aux extrémités par des opercules de bois ou de pierre, appelés corchos, et scellés par de la terre rouge, dite kancab (pedernal rojo).

 Codex de Madrid, pages 14 et 15  

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La scène centrale de la page 51 du codex montre le dieu maya Ah Mucen Cab (Ah Muzencab [pluriel Muzencabob] , Ah Muzen Cab, Ah Mucan Cab, Muken Kab, Xmulzencab, : Le Grand Gardien du Miel), représenté sous sa forme Yum Kax (dieu du maïs, de la fertilité), puisqu'il a cette capacité de prendre différentes formes, comme celle de Xaman Ek (litt. Étoile du Nord, par ext. Étoile Polaire, dont il est le dieu, ainsi que celui des marchands. Mucen Cab est aussi le dieu Créateur, dieu de la vie. Sur le manuscrit, il est assis sur les essaims d'abeilles, car il est le Seigneur de toutes les abeilles.

Mucan Cab est souvent représenté dans les édifices mayas du Yucatan, au Mexique, en dieu dit "descendant" (du ciel vers la terre) comme ci-contre sur le palais de Sayil  (image 9), ou à Tulum (état du Quintana Roo), sur un temple qui lui est dédié (image 10). La ressemblance (non hasardeuse, bien sûr) est frappante entre cette représentation est celle de l'abeille elle-même, dans les pages suivantes du codex : voir pages 80, 103, etc.

   Codex de Madrid, page 51  

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La page 80, en sa partie centrale, montrerait, selon Antonio Villacorta
(Guatemala, 1927), une abeille (celle de droite) symbole de la chaleur de l'été (elle a les yeux fermés). A droite, on peut voir une ruche jobon tenue par un personnage, en partie effacés, et au-dessous des abeilles, quatre pots de miel nécessaires à la récolte. Dans la partie inférieures deux personnages divins semblent apporter des pots contenant des boissons miellées pour les rituels.
 
La page 81 montrent quatre jobones, tenus par des dieux différents.
 Codex de Madrid,
pages 80 et 81
 

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Codex de Madrid,
page 103
 
 
Cette page parle de l'origine, de la création des abeilles par le dieu Itzamná (du maya-quiché I (vos, votre), Tzá (ruche), Am (araignée) et Na (maison, savoir). Itzamná est le père des bacabes et, selon J.P Cappas e Sousa (1998), il expose dans la partie du milieu un calendrier religieux (tzolkin) apicole, où les glyphes Cib, Caban (ou Cab, Kab), et Etznab, nous indique la vigueur des ruches selon les saisons sèches ou pluvieuses et où, chaque abeille, selon Bunge (1936), au-dessous des glyphes, indique un des treize mois de l'année rituelle de 260 jours, avec, en hyéroglyphes les noms des divinités respectives. Le tzolkin était régi par Vénus (Kukulkan), appelée aussi xux-ek (guêpe-étoile). Remarquez les deux abeilles sans têtes, au milieu et en bas, celle du milieu étant appelée, semble-t-il, à remplacer une reine morte, car elle porte le signe de vigueur d'Ah Mucen Cab, une croix.


 
 

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