ENCYCLOPEDIE --UNIVERSELLE---
DE--LA--
LANGUE -FRAN�AISE
 






Marcus Elieser Bloch (m�decin naturaliste allemand, 1723 - 1799), Oeconomische Naturgeschichte der Fische Deutschlands ... ,
1782 -1795,  planche 8 sur les Cyprinidae


-Ablette




 
. ABLETTE. n.f.




Sens propre
: ichtyologie, n. f, poisson de la famille des Cyprinid�s
Sens figur� n. f,  personne un peu faible, physiquement ou intellectuellement  :
 "Ainsi nous allons toujours �tre mang�es, pauvres ablettes, par les gros poissons..."
G. SAND, Francois le Champi.
"Au lieu de grands gaillards, de musculeux athl�tes, Nous avons du fretin, des goujons, des ablettes."
A. POMMIER, Col�res, 1844, p. 77.






Nom latin
: Alburnus alburnus  (Linnaeus 1758, syn Leuciscus Alburnus, Cyprinus alburnus)







Empire : Eucaryotes
R�gne : M�tazoaires (Animaux)
Sous-R�gne :  Bilat�riens
Super-Embranchement : Deut�rostomiens
Embranchement :  Chord�s (Chordata)
Sous-embranchement :  Craniates
Infra-embranchement : Vert�br�s
Superclasse : Gnathostomates (Gnathostomes)
Classe : Ost�ichtyens
Sous-classe : 
Actinopt�rygiens
Infra-classeN�opt�rygiens
Super-Ordre : T�l�ost�ens
Ordre : Ostariophysaires
Sous-Ordre : Cypriniformes
Famille : Cyprinid�s
Genre Alburnus (syn. Leuciscus)
Esp�ce : alburnus (syn. cyprinus)


Le terme alburnus viendrait du latin albus, "blanch�tre"

Record du monde du nombre de prises d’ablettes
en une heure  :  590 !





 
Poids  moyen      :     15 � 60  g        (maximum rapport�)

  Taille moyenne      :    10 � 18 cm
    Dur�e de vie         :     6/7 ans  
 Maturit� sexuelle    :     2/3 ans
 P�riode  de frai        :     mai � ao�t  � environ 12 �
         Ponte   :    1500 - 14695 oeufs, qui �closent en 10/14 jours
Valeur calorique : 144 calories (18 g de protides, 8g  de lipides)
Nageoire anale : 17 - 22  rayons souples









Carte de la r�partition de l'esp�ce,  avec diff�rents points o� sa pr�sence
a �t� scientifiquement attest�e.
















Planche N� 94 du livre "Le r�gne animal distribu� d'apr�s son organisation" par Georges Cuvier (Tome 8), seconde �dition de 1828, tanche vulgaire (tinea vulgaris), ablette commune (leuciscus alburnus) ,  anableps quatre-oeil (anableps tetrophthalmus)






ETYMOLOGIE  :  
Alburnus est d�riv� du mot latin albus "blanc, et plus encore de son diminutif albulus "blanch�tre".
Alburnus �tait d�j� le nom donn�  � l'ablette depuis l'�poque romaine (voir  chapitre sur l'histoire, plus bas). Les Gaulois utilisaient
le mot 
vindesiā pour parler des poissons blanch�tres (de vindos, blanc, vieil irlandais find, puis finn, gallois gwenn (f�minin), breton gwenn)
D'abord appel� able en fran�ais au XIVe si�cle, puis par un diminutif, ablette, ou petite able. Ainsi l'appelait le zoologue Achille Valenciennes, dans un ouvrage de 22 volumes �crit avec Cuvier, Histoire Naturelle des Poissons (1828 - 1848), alors Lac�p�de (Bernard Germain �tienne de Laville-sur-Illon, comte de, 1756-  1825 ) employait encore le terme d'able dans son ouvrage Histoire naturelle des poissons (1798-1803). 


SYNONYMIES  :



Abramis alburnus (Linnaeus, 1758) (CD_NOM = 561660)
Alborella maxima Fatio, 1882 (CD_NOM = 564423)
Alburnus acutus Bonaparte, 1845 (CD_NOM = 560481)
Alburnus alborella lateristriga Canestrini, 1864 (CD_NOM = 567631)
Alburnus alburnus alburnus (Linnaeus, 1758) (CD_NOM = 564958)
Alburnus alburnus charusini natio dagestanicus Petrov, 1926 (CD_NOM = 566391)
Alburnus alburnus hohenackeri natio kumbaschensis Petrov, 1926 (CD_NOM = 580345)
Alburnus alburnus hohenackerkumbaschensis Petrov, 1926 (CD_NOM = 564959)
Alburnus alburnus macedonicus Karaman, 1928 (CD_NOM = 564960)
Alburnus alburnus strumicae Karaman, 1955 (CD_NOM = 564961)
Alburnus alburnus thessalicus Stephanidis, 1950 (CD_NOM = 564962)
Alburnus arquatus Fatio, 1882 (CD_NOM = 560482)
Alburnus ausonii Bonaparte, 1844 (CD_NOM = 560483)
Alburnus avola Bonaparte, 1846 (CD_NOM = 560484)
Alburnus breviceps Heckel & Kner, 1858 (CD_NOM = 560486)
Alburnus charusini Herzenstein, 1889 (CD_NOM = 67118)
Alburnus fabraei Blanchard, 1866 (CD_NOM = 560488)
Alburnus fracchia Bonaparte, 1845 (CD_NOM = 560490)
Alburnus fracchia Heckel & Kner, 1858 (CD_NOM = 560489)
Alburnus gracilis Bonaparte, 1845 (CD_NOM = 560491)
Alburnus linnei Malm, 1877 (CD_NOM = 560494)
Alburnus lucidus angustior Walecki, 1864 (CD_NOM = 567390)
Alburnus lucidus colobocephala Fatio, 1882 (CD_NOM = 567391)
Alburnus lucidus elata Fatio, 1882 (CD_NOM = 567392)
Alburnus lucidus elongata Fatio, 1882 (CD_NOM = 567393)
Alburnus lucidus ilmenensis (Warpachowski, 1886) (CD_NOM = 567394)
Alburnus lucidus lacustris Heckel & Kner, 1858 (CD_NOM = 567395)
Alburnus lucidus latior Walecki, 1864 (CD_NOM = 567396)
Alburnus lucidus macropterus Kamensky, 1901 (CD_NOM = 567397)
Alburnus lucidus oxycephala Fatio, 1882 (CD_NOM = 567398)
Alburnus lucidus Bonaparte, 1844 (CD_NOM = 579718)
Alburnus lucidus Heckel, 1843 (CD_NOM = 67113)
Alburnus mirandella Blanchard, 1866 (CD_NOM = 560496)
Alburnus obtusus Bonaparte, 1845 (CD_NOM = 560497)
Alburnus scoranza Bonaparte, 1845 (CD_NOM = 347934)
Alburnus scoranza Heckel & Kner, 1858 (CD_NOM = 560498)
Alburnus scoranzoides Heckel & Kner, 1858 (CD_NOM = 560499)
Alburnus striatus Petrov, 1926 (CD_NOM = 560500)
Alburnus strigio Bonaparte, 1845 (CD_NOM = 560501)
Aspius alburnoides Selys-longchamps, 1842 (CD_NOM = 561675)
Aspius ochrodon Fitzinger, 1832 (CD_NOM = 561682)


Cyprinus alburnus Linnaeus, 1758 (CD_NOM = 546685)
Leuciscus alburnus (Linnaeus, 1758) (CD_NOM = 560686)
Leuciscus dolabratus Valenciennes, 1844 (CD_NOM = 560698)
Leuciscus lucidus ilmenensis Warpachowski, 1886 (CD_NOM = 567633)

source  :  http://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/67111/tab/taxo


Le spirlin (alburnus bipunctatus) est aussi nomm� ablette, car il lui ressemble beaucoup, mais on le distinguera ais�ment par sa ligne lat�rale, tr�s incurv�e. D'autres esp�ces sont tr�s smilaires � l'ablette, telles
l'able de heckel (Leucaspius delineatus)
, le cor�gone blanc (Coregonus albula), ou encore la vandoise (Leuciscus leuciscus). 


NOMS ANCIENS selon Emile Belloc (1841 - 1914), dans son ouvrage intitul� :

Noms scientifiques et vulgaires des principaux poissons et crustac�s d'eau douce.


Allemagne : Ablen.  Agone, Agoner, Graessling, Lagelen, Laugel, Langeli, Seclen, Zierfisch (Thurgovie, Lac de Constance), Uckelei, Alef, Anlicher, Lauben, Meibleke, Nesterling, Raspfer, Spielalef, Str�mling, Weifisch,
Angleterre : Bleis (nom moderne : bleak)
Autriche : Schneiderfisch, Spitzlauben
Belgique : Aspe, Aspe biponctu�e, Adelle, Alvertje, Ambl�te, Amlette, Barde, Bardelle, COwesme, Goge.
Espagne : Breca
France : Lauck, Lauch, Laube, Lauge, Lorch, Nekelei (Alsace), Abiette (Ouest), Abiot, Ablet, Auble, Aublet, Blanchaille, Blanchet, Douzai, Douzain, Ovelle (C�te d'Or), Abl�, Sofi (Provence), Abliable, Abliette, Abliaise, Aleusas (Poitou), Ambielle, Blison (Picardie), Aubiat (Semur), Aubotte (Nancy), Aublatte (Vosges)Blanchaille, Blanchet (Provence), Dormelle (Marne), Garlesco (Carcassonne), Gofio (Tarn), Lan-Me (Montb�liard), Mirandelle, Sardine (Lac du Bourget), Nablo (Vaucluse), Pesquit, Pesquite, Pesquito (Provence), Ravanenco (Gard), Soeur Pauvrette (Sarthe), Seufle  (Bourgogne)
Hollande : Alvertje, Blei, Halfje.
Italie : Agullae (plaine du P�), Arbolinus/arborinus (Plaisance/Milan), Pesquerel (Ferrare), Scauerdini, Strigo, Strigone ? (Tessin), Arborello.
Luxembourg Alef, Albes, Schielalef (L. allemand), Oblette (L. wallon),
Suisse romande : Wissf�sch (Zorn. E. Vogt), Able, Laube, Abbel� (Neufch�tel), Abbel�, Laugel� (Morat), Blanchet, Blanchaille Bezeula, Mange merde, Mirandelle, Naze (Alsace)
Suisse allemande  : Agus, Blauling, Ischer, Ischerli, Lan, Laubelin, Laullen, Laugeli, Laugelen, LAupeli, Luonzali, Wingere





Un peu d'histoire


L'ablette, albula, est plusieurs fois cit�e chez les �crivains latins (Martial, Ausone, par exemple, voir plus loin) car c'�tait une esp�ce de poisson d'eau douce bien r�pandue et qui faisait partie de la consommation courante des Gallo-Romains, les poissons �tant en g�n�ral grill�s, farcis ou encore cuits � l'�touff�e. Il est int�ressant de noter que le m�me mot d�signait anciennement le Tibre (Thybris), dont on tirait des poissons sacrificiels qu'on faisait griller en l'honneur du dieu Vulcain.  


" Le Meunier[96] �caill� brille parmi les herbes sablonneuses : sa chair tr�s-molle est cribl�e d’ar�tes serr�es, et il ne peut se conserver plus de six heures pour la table. La Truite[97] a le dos �toil� de gouttes de pourpre ; la Loche[98] n’a pas pour nuire la pointe d’une �pine, et l’Ombre l�g�re[99] �chappe aux regards par la c�l�rit� de sa marche. Et toi, longtemps ballott� dans les gorges de l’oblique Saravus[100], o� bouillonnent les bouches fr�missantes de six piles de pierre, quand tu glisses, � Barbeau[101], dans de plus nobles ondes, plus libre en ton essor, tu nages au large. Tu as meilleur go�t dans le plus mauvais �ge, et de tous les �tres qui respirent, tu es le seul dont la vieillesse ne soit pas sans prix. Je ne te passerai pas sous silence, � Saumon[102], toi dont la chair a l’�clat de la pourpre : du milieu de l’ab�me, les coups vagabonds de ta large queue se r�p�tent � la surface, et ton �lan cach� se trahit sur l’onde endormie. Ta poitrine est cuirass�e d’�cailles, ton front est lisse : tu peux faire l’ornement d’un repas ambigu[103], et tu supportes sans te corrompre les d�lais d’une longue attente : ta t�te est sem�e de taches remarquables ; ton large ventre tremble sous le poids d’une panse gonfl�e de graisse. Et toi, qu’on p�che dans les mers d’Illyrie, dans les flots de l’Ister aux deux noms, Lotte[104], toi qu’on devine � l’�cume qui surnage, tu passes aussi dans notre oc�an pour que le large fleuve de la Moselle ne soit point priv� d’un h�te aussi c�l�bre. De quelles couleurs la nature a su te peindre ! Ton dos est marqu� de points noirs qu’un cercle jaun�tre entoure. Le long de ta peau lisse s’�tend une teinte bleu�tre : charg� de graisse jusqu’au milieu du corps, de cette partie jusqu’� l’extr�mit� de la queue, ta peau est s�che de maigreur. Toi non plus, d�lices de nos tables, je ne t’oublierai pas, � Perche[105], fille des fleuves comparable aux poissons des mers, et qui seule peux le disputer sans peine au Surmulet[106] pourpr� ; car ton go�t n’est pas sans saveur : les parties de ton corps charnu se composent de segments[107] divis�s par des ar�tes. L� aussi, ce poisson plaisamment d�sign� par un pr�nom latin, l’h�te des �tangs, l’ennemi acharn� des criardes grenouilles, le Brochet[108], recherche des trous obscurs dans les herbes et la vase. Sans attraits et sans usage pour nos tables il va bouillir dans les tavernes enfum�es de sa vapeur f�tide. Qui ne conna�t la verte Tanche[109], ressource du vulgaire, et l’Ablette[110], facile proie des hame�ons de l’enfant, et l’Alose[111] grill�e au foyer pour le r�gal du peuple ? Et toi, qui participes de deux esp�ces, qui, sans �tre ni l’une ni l’antre, es de l’une et de l’autre, toi qui n’es pas encore le Saumon et n’es d�j� plus la Truite, tu tiens, Truite saumon�e[112], le milieu entre ces deux poissons, et tu dois avoir, pour �tre p�ch�e, la moiti� de leur �ge. Il faut te chanter aussi parmi ces enfants du fleuve, toi dont la longueur n’exc�de pas deux mains sans les pouces, Goujon au corps tr�s-gras, arrondi, allong�, mais plus trapu quand ton ventre est gonfl� d’œufs ; Goujon, dont les barbes imitent les tentacules effil�s du Barbeau[113]. A toi mes louanges � pr�sent, gibier de mer, �norme Silure[114], au dos empreint des reflets de l’olive act�enne, et que je regarde comme le Dauphin des rivi�res, � te voir ainsi promener au large ta vaste masse, ne d�roulant qu’� peine toute l’�tendue de ton grand corps au sein des eaux trop basses et des herbages qui le g�nent. Mais quand tu poursuis majestueusement ta marche dans le fleuve, � ta vue les verts rivages, � ta vue la troupe azur�e des poissons, � ta vue l’onde limpide s’�merveille. La vague bouillonne, se divise et reflue en courant sur l’une et l’autre rive. Ainsi parfois, dans les gouffres de l’Atlantique, si, pouss�e par les vents ou par son �lan vers la plage, la Baleine refoule les flots qui se d�chirent, les vagues surgissent immenses, et les montagnes voisines tremblent de d�cro�tre. Mais lui, mais cette douce Baleine de notre Moselle, loin d’�tre un fl�au, est un bonheur de plus pour ce grand fleuve[115]."

Ausone,   Idylles,  X,  La  Moselle d'Ausone  (source de la traduction latine  : voir notes )

NOTES  :


"[96] Capito. C'est le Meunier, nomm� aussi la Dobule, le Vilain, le Chevaine (Cyprinus dobula, Linn�).

[97] Salar. La Truite (Salmo fario, L.).

[98] Redo. La Loche (Cobitis barbatula, L. ). M. �mile B�gin traduit ainsi : � L'anguille innocente, faute d'ar�tes. � Il ne s'agit ici ni d'anguilles ni d'ar�tes ; les mots nullo spin� nociturus acumine signifient que ce poisson, dont le corps est visqueux, ne porte ext�rieurement aucune �pine. Ovide (Halieut., v. 130) a dit de m�me du goujon :

Lubricus et spina nocuus non Gobius ulla.

[99] Umbra. L'Ombre (Salmo thymalus, L.)

[100] Saravi. La Sarre, qui se jette dans la Moselle.

[101] Barbe. Le Barbeau (Cyprinus barbus, L.)

[102] Salmo. Le Saumon (Salmo salar, L.)

[103] C'est un repas o� l'abondance des mets rend le choix difficile, d'apr�s la d�finition de T�rence, qui le premier s'est servi de cette expression (Phormion, acte II, sc. 2, v. 28) :

PHORMIO : C�na dubia apponitur.

GETA : Quid istuc verbi est ?

PHORMIO : Ubi tu dubites quod sumas potissimum.

On la retrouve chez Horace (Serm., l. II, sat. 2, v. 77).

[104] Mustella. Quoi qu'en dise Scaliger, il est impossible de reconna�tre ici la Lamproie. La description d'Ansone se rapporte, au contraire, parfaitement � la Lote (Gadus lota, L.).

[105] Perca. La Perche (Perca fluviatilis, L.).

[106] Mullis. Le Surmulet (Mullas surmuletus, L.).

[107] Par segmentis, le po�te entend les couches de chair, les feuillets charnus que la cuisson produit dans les poissons de cette esp�ce.

[108] Lucius. Le Brochet (Esox lucius, L.). Il a perdu aujourd'hui son nom latin, qui le rendait autrefois si ridicule ; mais il a beaucoup gagn� dans l'estime des gourmets.

[109] Tincas. La Tanche (Cyprinus tinca, L.).

[110] Alburnos. L'Ablette (Cyprinus alburnus, L.).

[111] Alausas. l'Alose (Clupea alosa, L.).

[112] Fario. La Truite saumon�e (Salmo trutta, L.).

[113] Gobio, Barbi. Le Goujon (Cyprinus gobio, L.) a des barbillons ou tentacules comme le Barbeau : c'est ce qu'Ausone a voulu dire. M. B�gin, qui s'en rapporte un peu trop � son pr�d�cesseur l'abb� Jaubert, a traduit, comme lui, jubas par des nageoires.

[114] Magne Silure. La description d'Ausone est si claire et si pr�cise, qu'on ne peut douter qu'il n'ait parl� du Silure (Silurus glanis, L.). Toutefois des passages des anciens, tir�s soit de Juv�nal, soit du po�te Fortunat, montrent que le nom de Silurus �tait donn� aussi � d'autres poissons. Nous avons encore aujourd'hui des exemples nombreux de ces variations de la synonymie vulgaire des animaux, et surtout des poissons. Paul Jove a cru que le Silurus �tait l'Esturgeon, et en cela il a �t� copi� par ses nombreux successeurs. Mais il faut leur objecter que notre poisson connu aujourd'hui comme le Silure �tait le Γλανίς d'Aristote, que d�j� Pline avait traduit par Silurus l'expression d'Aristote, et que c'est par suite de diverses confusions depuis Scaliger jusqu'� Schneider que le mot de Silurus a �t� donn� comme synonyme de l'Esturgeon.

[115] � Quel amateur d'ichthyologie, dit M. Demogeot, ne serait fatigu� par cette revue g�n�rale de tous les poissons de la Moselle, qui viennent d�filer en bon ordre, au son d'une harmonieuse versification, pendant une centaine de vers ? � Symmaque n'est pas de cet avis ; il ne peut se rassasier de voir ces poissons, et il les trouve d'une si rare esp�ce, qu'il ne se souvient pas d'en avoir mang� de si beaux (Symm., lib. I, epist. 14. - Voir l'Appendice � la fin de ce volume, p. 476). Lemaire prend � la lettre cette hyperbole de l'�loge et de la flatterie, et il assure qu'Ausone a chant� des poissons qui ne se trouvaient pas dans la Moselle ; mais M. Brœcking est l� pour le d�mentir. Le docteur allemand dit positivement (Des D. M. Ausonius Mosella, p. 52 ) que, dans l'�t� de 1824, il a mang� sa part d'une Mustella de la Moselle qu'un p�cheur avait tu�e sur le rivage. C'est bien heureux pour Ausone !"

source :  texte et notes   http://remacle.org/bloodwolf/historiens/ausone/idylles.htm#X

"Int�gre observateur du droit et de la justice, toi dont la bouche toujours v�ridique est l'oracle du barreau romain, Maternus, as-tu quelque message � confier � ton compatriote, � ton vieil ami, pour la c�te de Galice? Penses-tu qu'il vaille mieux p�cher sur le rivage Laurentin de hideuses grenouilles ou de ch�tives ablettes, que de rejeter au milieu de ses rochers le mulet captif qui a paru peser moins de trois livres? "

Martial, Epigrammes, Livre X,

sourcehttp://remacle.org/bloodwolf/satire/Martial/livre10.htm


Un certain nombre de poissons couramment p�ch�s sont mentionn�s dans les ordonnances royales du Moyen-Age qui r�glementent la p�che. Les poissons devaient �tre p�ch�s avec un filet ou une nasse de la bonne maille, celle du roi  : ablette, anguille, barbeau, br�me, brochet, carpe, chevaine, gardon, tanche,truite, vairon, vandoise, pour les principaux. Une ordonnance de Philippe le Bel de 1291, par exemple, r�glementait le nombre autoris� de filets � ablettes.
 
Les termes de peschaille ou rochaille servant souvent � d�signer les poissons blanch�tres comme l'ablette, ou encore les goujons et les gardons, et plus g�n�ralement les petits cyprinid�s et percid�s (au premier rang desquels figure la perche).  On trouve en 1344, dans une ordonnance de la Somme, le terme de "poissons de roches" pour d�signer aussi ces poissons blancs. Comme dans l'antiquit�, l'ablette faisait partie d'une nourriture populaire. P�ch�e en grande quantit�, elle �tait vendue non � l'unit� mais par seau entier, � un prix modique qui �tait accessible aux couches  les moins ais�es de la population m�di�vale.



L'ablette, comme d'autres poissons, est utilis�  pour la pr�paration du poisson en escab�che. Cette sorte de pr�paration est attest�e d�s le XVe si�cle par le terme de  carpionar,  apparu pour la premi�re fois dans le “Libro de Arte Coquinaria” par Martino da Como.

Au XVIe si�cle, Pierre Belon, dans Nature et Diversit� des Poissons, dresse une liste de poissons qu'on p�chait dans la Seine : "Vandoises, mulets, lamproyes, epelans, tanches, perches, barbeaux, aloses, mousniers ou chabots, carpes, truittes, gardons, saulmons, barbottes ou marmottes, haseaux, beccars, brochets, pucelles, grenoilles, escreuisses, loches, tortues, anguilles, ables, peteuses, cheuesnes, rosses, dormilles."

On utilisait les �cailles d'ablettes depuis des si�cles pour fabriquer de fausses perles, le zoologue Alfred-Edmund Brehm (1829 - 1884) l'a �voqu� dans son gros ouvrage intitul�  "Brehm Tierleben" ou "La vie animale selon Brehm":

"Si l’ablette est peu estim�e pour la table, elle est fort recherch�e pour la mati�re nacr�e qui entoure ses �cailles, qui fournit le produit connu sous le nom d’essence d’Orient*, employ� � la fabrication des fausses perles.

Les �cailles sont d�tach�es � l’aide d’un couteau, puis lav�es et tritur�es pour en d�tacher leur pigment* d’aspect m�tallique, qui se pr�cipite au fond du vase sous la forme de particules microscopiques. On traite ensuite cette mati�re pulv�rulente par l’ammoniaque pour l’isoler de tout ce qui pourrait rester de substance organique. Alors, avec de la colle de poisson, on forme de cette poudre une sorte de p�te facile � �tendre sur le verre.
Sous Henri IV, on fabriquait des globules de pl�tre que l’on recouvrait ensuite d’une couche de cette substance qui imite si bien les perles. D’abord, on s’�merveilla � la vue de ces joyaux, mais bient�t quelle fut la d�sillusion ! La chaleur, la moiteur de la peau des belles dames pendant les soir�es d�terminaient un changement d’adh�rence de la mati�re nacr�e ; elle abandonnait le pl�tre et s’attachait au cou, aux blanches �paules, en formant les dessins les plus incoh�rents. Les fausses perles �taient condamn�es.
Mais tout �tait oubli� lorsqu’en 1680, un industriel
* du nom de Jacquin , eut la bonne pens�e d’enduire avec de l’essence d’Orient de petites boules de verre, c’est-�-dire de confectionner les fausses perles � peu pr�s comme on les confectionne aujourd’hui. C’�tait une industrie v�ritablement cr��e. Des fabriques s’�tablirent sur les rives de la Seine, de la Loire, de la Sa�ne et du Rh�ne."

source :  http://ivresdelivres.wordpress.com/2013/03/22/les-animaux-de-brehm/

* essence d'orient : il fallait environ 40 kg de poissons  pour1/4 de litre d'essence.
(NDE)
pigment :  la guanine (NDE)
industriel : plus exactement un paten�trier, c'est-�-dire un fabricant de chapelets. (NDE)




"Voeu pour que soit autoris�e la capture de l'Ablette au moyeu du carrelet � maille �troite.- Le m�me rapporteur donne lecture des deux voeux suivants adopt�s par le Conseil d'arrondissement d'Angers : P�che sp�ciale de l'Ablette pour app�t Voeu nouveau � Sur la proposition de M. Houdet, le Conseil �met le voeu que l'Ablette, qui est un poisson sans int�r�t et plut�t nuisible au repeuplement des autres esp�ces dont il d�truit le frai pour se nourrir, puisse �tre prise au carrelet � maille* �troite"

Rapports et d�lib�rations / D�partement de Maine-et-Loire, Conseil g�n�ral, Angers, 1842

* Dans la Sa�ne, ce filet s'appelle "araign�e" (NDE)








Distribution


L'ablette est un poisson commun qu'on trouve en Europe, � l'exception de certaines contr�es septentrionales, o� sa pr�sence n'est pas confirm�e, comme l'Irlande, l'Islande ou la Norv�ge
(Voir carte de distribution en exergue). Malgr� ce que pr�tendent de nombreux sites sur internet, l'ablette est bien pr�sente en Su�de et en Finlande (Welcomme, 1988; Froese Pauly, 2004). De m�me, � l'extr�me sud de l'Europe, sa pr�sence n'est pas attest�e en divers endroits,  comme la Corse, la Sicile ou la Cr�te, alors que sa pr�sence est certaine � Chypre (Welcomme, 1988; Froese Pauly, 2004), o� sa pr�sence est abondante. Son aire de r�partition s'�tend jusqu'� la Russie occidentale, la Turquie (Bogutskaya, 1997; Froese Pauly, 2004; Coad, 1995) et l'Iran (Coad, 1995; Froese Pauly, 2004)

Dans la plupart des pays o� elle est pr�sente, l'esp�ce est autochtone, mais pour un certains nombre de pays m�diterran�ens, elle y  a �t� introduite, souvent tr�s r�cemment :  en Andorre, en Espagne, au Portugal, en Italie et � Chypre (Welcomme 1988; Elvira, 1998; Kottelat & Freyhof, 2007; Froese Pauly, 2004)

L'ablette est une esp�ce qui fait d�sormais partie des esp�ces menac�es. Elle figure sur les listes rouges fran�aise, europ�enne et mondiale des esp�ces menac�es de UICN (Union internationale pour la  conservation de la nature).



Mode de vie


L'ablette vit en bancs (qui peut aller jusqu'�  une centaine d'individus) et aime les cours d'eau lents, lacs, �tangs, eaux claires ou peu troubles, et plut�t dormantes. Sa bouche est tourn�e vers le haut, comme de nombreux poissons qui se nourrissent dans les courants et pr�s de la surface (Kottelat, M. and J. Freyhof, 2007) , o� l'ablette, omnivore, trouve des larves, des insectes (Vostradovsky, J., 1973) , des vers, des mollusques, ou encore des micro-organismes ou des crustac�s (Billard, R., 1997) . L'�t�, elle vit souvent pr�s de la surface, mais l'hiver, elle aime au contraire les fonds.

Comme tous les petits poissons, l'ablette a de nombreux pr�dateurs : des poissons carnassiers comme la perche, le brochet ou le sandre ou des oiseaux piscivores, tels le h�ron, le cormoran, la sterne ou le go�land.

Pendant la p�riode de reproduction, la t�te du m�le se couvre de boutons nuptiaux et ses nageoires deviennent orang�es. La femelle d�pose ses oeux dans la v�g�tation, pr�s du rivage, et le m�le les f�conde en y ajoutant sa laitance. Une hybridation avec d'autres esp�ces est attest�e avec
le chevesne, le gardon, le rotengle et la br�me. Comme beaucoup de poissons de sa famille, l'ablette est dite potamodrome (du grec potamos, rivi�re), c'est-�-dire qu'elle ne migre qu'en eau douce.






P�che � l'ablette :



"La p�che de l'ablette l'hame�on est une des plus faciles. C'est celle laquelle s'exercent les gamins, aux
bords de toutes les rivi�res et de tous les ruisseaux, car  le petit poisson qui nous occupe est extr�mement r�pandu dans les eaux douces de la France.

On
peut dire de l'ablette qu'elle est la gourmandise faite poisson. Elle mord tout ce qu'elle peut avaler
et m�me attaque et tourmente des amorces aussi grosses qu'elle, mais dont elle esp�re d�tacher quelques
bribes son profit. Par un temps sec, en �t�, on prend l'ablette avec l'asticot, entre deux eaux avec la mouche naturelle ou les mouches artificielles de surface. Il faut m�me  d�ployer un soin continuel quand on p�che la surprise  les chevesnes, dards et gardons, pour garantir sa mouche naturelle des attaques de ce petit rapace acharn� et endiabl�. Les ablettes sautent 4 d�cim�tres hors de l'eau, pour saisir au vol la mouche friande que vous  laissez imprudemment approcher d'elle, et, ce qui est vraiment curieux comme miracle d'adresse, c'est qu'elles ne la manquent pas et se manquent toujours.

L'ablette est donc un des poissons les plus vifs, les plus lestes et les plus adroits d�pouiller un hame�on
sans y rester accroch�. Aussi peut-on, avec v�rit�,  certifier aux apprentis dans le noble art de la p�che
que, lorsqu'ils sauront bien piquer une ablette la mouche, ils auront dix fois plus de facilit�s prendre un
poisson vingt fois plus gros, mais dont le ferrer est moins rapide, et l'attaque moins fugitive. En effet,
l'ablette s'est �lanc�e, a d�vor� l'insecte et a fui au loin,  avant que votre main ait pu transmettre au scion le mouvemeut qui doit enfoncer le dard dans les chairs de la gourmande petite b�te.

Dans certains grands fleuves o� l'ablette pullule, on la prend en quantit�s �normes, au moyen de la p�che
fouetter. Il est d'ailleurs assez difficile d'indiquer les lieux  qu'affectionne l'ablette, elle se. tient partout :
en �t�, la surface de l'eau, o� elle chasse sans  cesse ; en hiver, au fond,  parmi les roseaux et dans les  sources d'eau vive, qui restent plus chaudes que la masse de la rivi�re. Au premier rayon de soleil, vous le voyez remonter sa surface et commencer sa chasse.

On doit cependant remarquer que ce petit cyprin se tient de pr�f�rence dans les endroits o� un courant rapide et l'eau qui se renouvelle, peuvent lui apporter les parcelles animales et v�g�tales qu'elle recherche
pour sa nourriture. Pr�s des moulins, on la trouvera au-dessous des d�versoirs, dans les filets
d'eau que les vannes ou les pierres de l'�cluse laissent passer. Au-dessus des moulins elles se tiendra en foule dans le fil de l'eau qui marche la herse, la t�te ordinairement tourn�e vers le courant, qu'elle remonte doucement et constamment en s'aidant d'un petit mouvement ondulatoire de la queue. Si quelque part on lave des peaux, de la laine, etc., les ablettes y viendront en foule press�e, et alors on verra appara�tre les g�ants de l'esp�ce, qui repr�sentent de tr�s jolis poissons, presque de la taille du hareng.

C'est surtout dans la vari�t�, dite alburno�de, dos presque horizontal, que ion rencontre de beaux indivi-
dus, v�ritablement susceptibles d'�tre mis en friture et d'offrir aux dents autre chose qu'une petite masse
d'ar�tes et de chair filandreuse. Aussi, ces grosses ablettes, appel�es libournaises dans le midi, sont-elles 
fort recherch�es, et c'est avec raison.

L'ablette sert elle-m�me d'app�t pour le brochet et la perche, mais seulement d�faut d'autres poissons
plus vivaces, tels que : le gardon, la petite carpe, le petit dard, le goujon, la loche, etc., qui tous rivent
beaucoup plus longtemps qu'elle attach�s l'hame�on, et surtout se transportent plus loin dans le bidon ou seau appropri� la p�che au vif.

Il faut se servir, pour p�cher l'ablette, de tr�s  petits hame�ons n� 16 20, mont�s sur un simple crin
de cheval. La flotte peut �tre comparativement grosse ; parce que le toucher de ce poisson est brutal quoique d'une extr�me rapidit�, et cependant, il est pr�f�rable de se servir d'une simple plume, qui indique l'attaque d'une mani�re plus rapide et plus s�re. En mettant trois ou quatre hame�ons la m�me ligne, on prend
souvent plusieurs ablettes d'un seul coup ; dans ce cas,  il n'est pas rare que la flotte soit relev�e hors de ieau, parce que ces poissons, au lieu de s'enfoncer quand ils ont pris l'esche, jouent avec elle et remontent la surface de l'eau. 

On les prend aussi, sans flotte, avec un hame�on  n� 16, mont�'sur un crin de cheval. On amorce avec
une mouche ordinaire (musca domestica), dont elles sont tr�s friandes, et on laisse aller la mouche entre
deux eaux. Le toucher est si intense que l'ablette entra�ne la ligne. En ferrant l�g�rement de c�t�, on
rapporte, tout coup, un de ces petits poissons."

La P�che en eau douce, contenant tous les principes de la p�che � la ligne, la description des engins..., 1880, par Henri de La Blanch�re (1821 - 1880).

source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5818571g/f210.texte


 
SOURCES : 
 
textes:
 
  http://www.cnrtl.fr/etymologie/ableret
- http://archimer.ifremer.fr/doc/00032/14316/11595.pdf
- http://www.supertoinette.com/fiche-cuisine/20/ablette.html
- Dans l'eau, sous l'eau  : le monde aquatique au Moyen �ge / [sous la dir. de] Dani�le James-Raoul et Claude Thomasset,  Paris, Presses de l’Universit� de Paris-Sorbonne, 2002
- http://www.lacsitaliens.com/2013/05/la-cuisine-du-lac-de-come-le-poisson-en-escabeche/
- http://www.cabi.org/isc/default.aspx?site=144&page=4066

illustrations :
 
 
- http://www.biodiversitylibrary.org/item/100546#page/23/mode/1up  (planche Bloch)
- http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6e/Cuvier-94-Tanche-Ables-Anableps.jpg (planche Cuvier)
- http://www.alexandremaps.com/backoffice/Pictures/p_0_3973ef953b4501193273049ec80b2051_1283536029.jpg
             (planche catesby)
- http://www.rybarskykrouzek.estranky.cz/clanky/atlas-ryb.-miry--hajeni-a-celede./ryby.html (dessin)
- http://www.biolib.cz/en/image/id75878/ (taille)
- http://www.luontoportti.com/suomi/fr/kalat/ablette
- http://www.cabi.org/isc/?compid=5&dsid=95206&page=481&site=144 '  (carte)