ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

ABBAYE
Fra Angelico : Saint Romuald, détail de la Crucifixion et les Saints, fresque de 550 x 950 cm, 1441-1442, couvent Saint Marc de Florence.

Sur l'image générale, Romuald est à droite, l'avant-dernier personnage debout.

 

SAINT ROMUALD

L'origine des Camaldules

950 - 1027

 

 

Andrea Sacchi (1599-1661), Visione di San Romualdo,
huile sur toile de 1631,
310 x 175 cm
Pinacothèque (Pinacoteca) du Vatican
 
 
 
 


Selon Pierre Damien (1007-1072), son premier biographe et son disciple éminent, presque tous les auteurs camaldules, Romuald (Romualdo, du lombard Rom, glorieusement et Uald, qui gouverne) aurait vécu 120 ans, entre 907 où il naîtrait dans une famille ducale (qu'on qualifiera plus tard d'Honesti ou Onesti), fils de Serge (Sergius), le duc de Ravenne lui-même, et le 19 juin 1027, à Val-di-Castro (ou Valdicastro) Il est plus probable, selon les historiens modernes, qu'il soit né plutôt vers 950.

Tiraillé entre la vie facile de son milieu aristocrate et ses désirs de pureté, sa vie prit un tournant définitif un jour, autour de ses vingt ans, où son père l'avait emmené comme témoin d'un duel contre un parent, avec lequel il était en désaccord sur le partage d'un pré. Son père ayant tué son adversaire, il eut en horreur ce qu'il considéra comme un meurtre, dont il s'était fait en quelque sorte complice. Il s'imposa une pénitence de quarante jours à l'abbaye (abbazia ou badia) bénédictine de Saint-Apollinaire-in-Classe (Sant'Apollinare in Classe), la grande abbaye de Ravenne, d'où il sortit animé d'une nouvelle foi, demandant même d'entrer dans la communauté des moines, ce qui lui fut accordé. Bien que réformée il y a peu par saint Maïeul de Cluny, la communauté sembla pourtant trop tiède à Romuald, qui voulut l'animer de son nouveau zèle ardent, et d'un idéal tout aussi nouveau que parfait.

Tout cela en irrita plus d'un, et on complota alors contre lui pour l'assassiner (on ne le dit pas assez : on ne s'ennuit pas, dans les abbayes !). Heureusement pour le saint homme, un des comploteurs l'en avertit et Romuald eut le temps de quitter Ravenne. Il rejoignit alors un ermite de Venise, Marin ( Marinus ). Vers 978, les deux compagnons accompagnèrent l'ancien doge de Venise Pierre Urséole (Pietro Orseolo), désirant se faire moine à l'abbaye pyrénéenne de Saint-Michel de Cuxa à la suite d'un crime. En effet, Orseolo avait pu obtenir sa charge en ayant accepté le meurtre de son prédécesseur : de quoi culpabiliser quelqu'un, même au moyen-âge ! Après un séjour à l'abbaye, l'abbé Guérin (Guerinus), le laissa se retirer avec ses amis vénitiens dans un ermitage ( eremo ), à Longadera, où il demeura cinq ans par intermittence. Vers 981, il fonde l'ermitage de Fonte-Avellana (devenu abbaye Sainte-Croix , abbazia Santa Croce, en 1325), dans l'actuelle commune de Serra S. Abbondio ( province de Pesaro, région des Marches) où Dante Alighieri séjournera plus tard, en 1310, citant même le monastère dans son Paradis (Paradiso, Canto XXI). Pierre Damien y était entré en 1035 et en deviendra l'abbé en 1043.

Entre-temps, son père était entré dans les ordres au monastère de Saint-Séverin (San Severinus) de Ravenne, avant de chercher à abandonner ce choix. Romuald voulut faire le voyage pour l'en dissuader, mais les habitants de Saint-Michel de Cuxa ne le voulurent pas. Il fut obligé de leur faire croire qu'il était devenu fou et pour obtenir enfin d'eux l'acceptation de son départ. Grâce aux multiples injonctions de Romuald, son père Sergius resta finalement moine jusqu'à sa mort, en 995.

Après cela Romuald décida alors de se mettre sous l'autorité de l'abbé de Saint-Apollinaire in Classe, mais fit auparavant différents voyages. En 999, il fonda un monastère dédié à l'archange Michel (Michele Arcangelo) dans la Valle del Savio, San Michele di Verghereto, près de Bagno di Romagna (province de Rimini, région d'Emilie Romagne), dont nous n'avons aucune trace, et qui donnera naissance à la ville de Verghereto . Tout près de là (1), et avant l'an mil, Romuald fonde l'ermitage (eremo) de San Alberico (Albéric, de noble famille toscane, Ve-VIe siècles), entre Monte Fumaiolo, Monte Ocri et Monte Aquilone (Mont Aquilon), à cinq kilomètres de Balze (2). Abandonné depuis longtemps, c'est Quintino Sicuro qui y arrive en 1954, pour le restaurer matériellement et spirituellement (3). C'est aujourd'hui le frère Vincenzo Minutello, un barbu des Pouilles, qui a repris le flambeau. Un peu plus loin, Romuald fonde le monastère de la Celle (cella, 4), où Pierre Damien séjournera, et qui est en phase de restauration (5) :
 

1--2-3-
4--5
 

Par les Apennins, Romuald gagne l'abbaye du Mont-Cassin (Monte Cassino), où il retrouve ses compagnons Giovanni Gradenigo et Benedetto da Benevento (Benoît de Bénévent), qui l'accompagneront en Pologne plus tard. Il parvint à Rome la même année, où il rencontra l'empereur germanique Othon III (Otton, Oto), qui était alors l'hôte du couvent SS. Alessio e Bonifacio (Saints Alexis et Boniface), situé sur l'Aventin. Autour de l'an 1000, on voit Romuald dans le Val d'Orcia, où il fonde un petit ermitage (ermicciolo) à Vivo d'Orcia, près du mont Amiata (Amiatus, lui-même aux limites des provinces de Sienne et de Grosseto), dans le Val d'Orcia, près de Castiglione d'Orcia, province de Sienne, région de Toscane (voir aussi carte des provinces de Toscane). De cet ensemble monastique, il reste une charmante église de l'époque romane, au milieu des bois :

Vivo d'Orcia, église romane, additions du XIXe, première mention au XIIIe siècle.

 


---