ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE ABBAYE-------
LE SCRIPTORIUM
- -LE COPISTE (2)--- -
- LA TÂCHE DU SCRIBE
- Préparation du parchemin
- Le moine copiste pouvait avoir une réserve de feuilles de parchemin préparées et découpées dans les ateliers, qui étaient gardées souvent dans des boîtes, des coffrets (arca, scrinium) : voir Le parchemin : fabrication. Mais il était souvent amené à recueillir un parchemin qu'il lui fallait découper en plusieurs feuillets, ce qu'il faisait avec un rasorium ou une novacula (rasoir, couteau), ou, plus spécialement, le lunellarium, un couteau courbe, qui tire son nom de sa forme en demi-lune, caractéristique depuis l'antiquité :
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- 1. Manuscrit du XIIIe siècle. Librairie Royale de Copenhague (voir un autre folio comparable dans le chapitre "du parchemin au livre".
- 2. Détail du manuscrit de Bamberg, abbaye d'Allemagne, XII e. Ambroise, De officiis ministrorum
- Staatsbibliothek. Ms. Patr. 5, f. 1v.
- Une autre préparation du parchemin est parfois utilisée pendant tout le moyen-âge, qui doit permettre de remployer un parchemin déjà écrit. On obtient par là ce qu'on appelle un palimpseste (du grec palimpsêstos, latin palimpsestus, "gratté de nouveau"). On aurait recensé 103 palimpsestes entre le VIe et le Xe siècles (45 fragments bibliques et patristiques, 24 textes liturgiques et 40 textes classiques).
- En général, le parchemin qu'on veut réutiliser, est lavé, gratté, puis poncé. Les raisons de cette opération sont diverses : économiques, surtout, eu égard à la cherté du matériau, pour cause de pénurie, mais aussi des raisons d'ordre idéologique : un texte païen qui disparaît au profit d'un texte chrétien est généralement une bonne chose pour l'Eglise. Enfin, l'obsolescence est aussi un facteur à considérer. Régulièrement, en effet, les usages (coutumes, liturgies, etc.) disparaissent ou se renouvellent, rendant caducs ou désuets certains textes, qui peuvent alors se faire oublier au profit de nouveaux écrits. Bien souvent, le texte ancien ne disparaît pas complètement, car un grattage trop sévère ne manquerait pas de rendre le parchemin inutilisable. De plus, les techniques modernes (rayons ultraviolets, rayons x, analyse au microscope stéréoscopique), permettent de reconstituer assez fidèlement les écrits cachés.
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- 1. Monastère Sainte Catherine, Sinaï, Codex Armenicus Rescriptus, Ms 575. Le premier texte a été rédigé au VIe s. en onciales arméniennes (erkathgir), sur deux colonnes, et l'écrit palimpseste, en syriaque, date de la première moitié du Xe s. Il contient des décorations simples, ici au début de la 3e ligne.
- 2. Longtemps dans la bibliothèque du monastère de Mar Saba, en Palestine, ce folio palimpseste fait partie d'un manuscrit ayant d'abord présenté une copie de deux oeuvres importantes d'Archimède (Le Traité des corps flottants et La méthode des théorèmes mécaniques), copiées au XIe siècle. Au XIIe-XIIIe siècles, il a été remployé pour en faire un livre de prières (euchologion), toujours en grec. Passé aux mains du Patriarche de Jérusalem, puis entré à Metochion (monastère près de Constantinople, il finira, au bout du compte, à être vendu chez Christies pour....2 millions de dollars !
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