ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE - ABATTAGEMines, abattage des roches-----
-ABATTAGE MANUEL
Techniques de base
La technique de base est, depuis des
temps reculés, l'outillage à main. Les mineurs
utilisent des burins, des coins en fer, des marteaux, des pointerolles,
c'est à dire des outils de petite taille lorsque les mineurs
procèdent à un abattage sélectif et travaillent
dans des boyaux étroits. Ils utilisent des pics (
on les appelle alors piqueurs), des pelles, des sapes
lorsqu'ils ont plus de place, que le front de taille est plus
large.
Dans les carrières, jusqu'au premier quart du 20 e siècle et quand il s'agissait de pierres tendres, on se servait du procédé à la lance : L'ouvrier emploie une longue barre de fer taillée en biseau à son extrémité, qui est aciérée. II la suspend horizontalement et par son milieu à une draine verticale attachée à une poutre horizontale, elle-même soutenue par deux madriers verticaux, auxquels elle est reliée par des cordages. L'ouvrier saisit l'extrémité opposée à la pointe et, balançant la barre de fer, il la lance contre la roche, qu'elle entame. En raccourcissant ou en allongeant la chaîne, I1 peut placer l'outil à des hauteurs différentes et pratiquer ainsi des entailles verticales. On utilisait ainsi la force vive d'un outil qui a une grande masse sans que l'ouvrier ait eu à en supporter le poids.
Un
autre procédé d'abattage des roches est la méthode
par rigoles et à la poudre. Elle peut
être appliquée lorsque la roche n'esl pas trop dure
: on fait une rigole à la partie inférieure du
bloc que l'on veut détacher, puis on place des coups de
mine obliquement.
On pouvait aussi, et encore aujourd'hui parfois, employer des fusées (les fusées Bickford étaient très utilisées), qui consistent en une cartouche dans laquelle pénètre une mèche imprégnée de poudre. On fait le bourrage autour de cette mèche, qui, lorsqu'on l'enflamme, communique le feu à la cartouche.
L'usage des matières explosibles, comme la poudre et la dynamite, rend jusqu'aujourd'hui les services les plus fréquents pour l'abattage des roches qui ne se laissent pas facilement entamer par les outils. Voici comment l'ouvrier prépare un coup de mine :
Il s'agit de creuser un trou au fond duquel on placera la matière explosible. Avec la pointerolle, l'ouvrier prépare l'entrée du trou, puis, appliquant dans le fond de la cavité préparée la pointe du fleuret (tige cylindrique armée à une de ses extrémités d'un biseau d'acier), il frappe sur la tête du fleuret avec une masse en fer de 2 kg., il tourne un peu le fleuret sur lui après chaque coup de masse. La roche s'entame et se réduit en fragments. Comme la chaleur dégagée par le choc détremperait l'acier, l'ouvrier refroidit de temps en temps en versant de l'eau dans le trou pratiqué. Cette eau forme avec les fragments de roche une espèce de pâte, qui gêne l'action du fleuret. L'ouvrier l'enlève de temps à autre avec un outil appelé curette, qui n'est autre qu'une tige de fer recourbée à une de ses extrémités en forme de cuillère. Quand le trou de mine est à profondeur convenable, le mineur le nettoie avec un tampon d'étoupe placé au bout de la curette. Le mineur prend ensuite une cartouche, il y enfonce l'extrémité pointue d'une tige longue appelée épinglette, et à l'aide de l'épinglette il va placer la cartouche au fond du trou. Puis, laissant l'épinglette en place, il tasse autour d'elle de l'argile jusqu'à ce que le trou soit rempli; le mineur bourre alors le bouchon formé avec un bourroir (longue tige en cuivre ou en bois terminée par une partie cylindrique comportant une encoche destinée au passage de l'épinglette toujours en place). Le bourrage terminé, le mineur retire l'épinglette et glisse dans l'orifice resté libre de la poudre ou place de petits rouleaux de papier enduits de poudre et nommés cannettes ( parfois cornettes). Il dispose ensuite à l'entrée du trou une mèche soufrée, qui qui doit être assez longue pour permettre au mineur, après en avoir enflammé l' extrémité, de se porter assez loin pour être à l'abri des débris de roche que projettera l'explosion. On comprend que lorsqu'on enflamme l'extrémilé de la mèche soufrée, celle-ci brûle peu à peu, communique l'inflammation aux cannettes, à la poudre qui les suit et enfin à la cartouche. Les gaz produits par la combustion prennent une force expansive considérable, qui suffit à disloquer les roches et à les séparer du terrain.Le tir d'abattageest effectué en deux temps : un tir primaire, qui abat la roche, et un tir secondaire, qui en débite les blocs.
La dynamite est très employée dans les travaux des mines : elle s'enflamme non à l'aide d'une mèche mais par le choc. On peut se servir à cet effet d'une capsule de fulminate (le mercure que l'on enflamme par une étincelle électrique. Dans les mines à grisou, on emploie des explosifs de sûreté, par exemple à base d'azotate d'ammonium.
Lextraction du calcaire,
par exemple, est abattu à lexplosif introduit dans
des trous de mine forés avec une sondeuse. La hauteur
des fronts de taille est généralement comprise
entre 15 et 30 mètres. Lexplosif le plus utilisé
est le nitrate-fuel (mélange de nitrate dammonium
pulvérulent et de fuel-oil). La consommation moyenne est
de lordre de 100g/Tonne de roche abattue. Un tir permet
dabattre 10 000 à 30000 tonnes de roches, plus ou
moins fragmentées (il peut rester des blocs de lordre
du mètre cube).
- Il s'engage dans cette rigole en soutenant le plafond ou toit par des étais en bois : il peut ainsi travailler sans approfondir la rigole. Pendant ce temps, un ouvrier place des coups de mine horizontaux au-dessus du havage. Quand on mettra le feu, l'explosion rabattra sur le sol une partie de la roche comprise entre la ligne horizontale des coups de mine et le havage.
Ce procédé a été mécanisé dans le premier quart du 20e siècle (voir chapitre suivant).