Ce qui est étonnant, c'est d'imaginer que notre superbe voyelle n'en a pas toujours été une. Il vient de l'aleph phénicien: (archaïque) (punique), qui ne connaissait que les consonnes, comme toutes les langues sémitiques. Sa forme même dériverait du signe égyptien: (hiératique) (hiéroglyphique), dont les hiérogrammates (scribes travaillant dans les domaines sacrés) se servaient pour exprimer les articulations sémitiques. Plutarque disait que la première lettre des Egyptiens représentait un ibis. Quelques-uns s'imaginant, on ne sait pourquoi, que cet oiseau était représenté portant le bec entre les jambes, dans l'alphabet hiéroglyphique, figurant donc une espèce de triangle, on a voulu y voir l'origine du A majuscule, tout en admettant pour l'a minuscule une origine phénicienne.

Le grec s'empare donc de l'aleph phénicien. Le grec primitif d'abord, dit cadméen: donne pour la première fois à la lettre, et pour toujours, sa verticalité . Ensuite, dès le IVème siècle avant J.C, l'ionien prédomine en Grèce : et, que ce soit en Attique, chez les Eoliens, les Corinthiens et les autres, l'A se tient désormais bien sur ses jambes, supplanté ensuite par sa minuscule, le bel . Chez les Grecs, le son de la lettre A, proféré par les prêtres pendant le sacrifice, était regardé comme de funeste présage, parce que c'était par cette lettre, initiale d'ara (malédiction), que commençaient les formules imprécatives.

Le A latin vient, bien sûr, directement du grec, particulièrement de l'éolo-dorien, et a donné tous les autres A de l'europe occidentale. Aux côtés du A primitif des latins: on trouve d'abord l'A étrusque: et les différents A italiotes:

ombrien , sabellique , osque , euganéen ,

rhétien , salasse , etc..

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