ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE
- ------------------------------------Introduction------


 

Le dictionnaire encyclopédique de la langue française du XXIe siècle est, de mon avis, à inventer. Il n'existe pleinement, ni en papier, ni en bits. Il faut, hélas, regarder en arrière, au XIXe siècle, pour dénicher des encyclopédies qui n'ont, proportionnellement au savoir du temps, aucun équivalent aujourd'hui : Ce sont les entreprises monumentales dirigées par Marcellin Berthelot ou Pierre Larousse. Quant au web, il offre toutes sortes de lexiques ou autres glossaires, mais point d'encyclopédies comparables à celles que nous venons de citer.

Alors, me direz-vous, pourquoi ne pas tenter à nouveau cette grande aventure? Le pessimiste, lui, a bien des arguments pour répondre à cette question: Travail colossal, oeuvre s'accomplissant en pas moins d'une vingtaine d'années pour une brochette d'encyclopédistes (les encyclopédies susdites bénéficiaient d'une myriade de collaborateurs, tous plus savants les uns que les autres), et donc, projet utopique pour une personne seule et autodidacte. Quant à l'optimiste, il a pour lui, en vrac, la gloutonnerie, un grain de folie, la patience d'une fourmi, l'excitation d'une abeille concoctant son miel, et enfin, l'espoir que d'autres gloutons s'attableront, joyeux, autour de son festin, et voudront bien y goûter de toutes leurs papilles.

Un jour, vous avez peut-être, comme moi, cherché à savoir quelle tête pouvait bien avoir
l' a en arabe, en hébreu, ou en cyrillique voire, pourquoi pas, en wisigoth ou en sanscrit. Alors, vous avez sauté sur votre petit Robert. Rien. Vous vous êtes jeté ensuite sur votre petit deuxième, le petit Larousse. Encore rien. Dédaignant une punition facile (l'autodafé façon Pepe de Carvalho, pour les connaisseurs) et imméritée, vu leur faible constitution, vous avez décidé d'aller voir de ce pas la plus grande, celle qui a fait beaucoup plus d'études que vos deux vauriens et qui a une tête bien pleine : L'Encyclopédie Universalis, pour ne pas la nommer. Mais a t-elle seulement la tête bien faite ? Je me permets de vous poser la question, parce que, dès qu'elle ouvre son clapet, ce n'est pas l' a chéri dont elle vous abreuve d'entrée le poème, non, pas du tout. Beaucoup plus triviale, c'est d'Abcès, qu'elle vous entretient, la mal élevée,

et là, vous ne savez pas ce qui vous

retient de……....

Si, en fait, vous savez. Vous avez un grand respect pour elle. Et puis pour vos deux petits loupiots aussi, allez, vous les portez tous sur votre coeur. Mais voilà, Universalis n'a que faire d'un sujet aussi insignifiant qu'un petit a.

Universalis, elle, se nourrit de grands thèmes, de grandes idées. Alors, bien sûr, avec un peu de patience vous finirez bien par lui faire dire des choses sur "a". Mais il faudra prononcer clairement les mots magiques qui la persuaderont de vous livrer un ou deux petits secrets. Vraiment, quelle coquine cette fille! Allez, essayez quand même, prenez-vous au jeu ! Lancez : Arabe ! Hébreu ! Lettre! Ecriture ! Alphabet ! et attendez sa réaction. Vous y glanerez bien quelque chose à un moment où à un autre, à condition, bien sûr, que vous y mettiez beaucoup du vôtre!

Enfin, ayons un instant souci de justice. Et rendons à César ce qui est à César. L'autre jour, quand vous avez buté sur

"cacochyme",

vos petits costauds, pas cacochymes pour un sou, eux, étaient bien là pour vous empêcher de piquer du nez. Une autre fois, rappelez-vous, avant d'aller voir une exposition abstraite en diable , il vous est venu l'envie de vous remettre un peu en tête les facettes de l'art abstrait et, ni une ni deux, vous êtes évidemment tourné vers Universalis, votre puits de science, et, bien sûr, en avez eu pour votre tendresse.

Cependant, aujourd'hui qu 'il vous prend l'impérieuse envie de dévoiler un peu l'intimité d'abaca ou d' abacocrinus, il vous faut quitter les sentiers battus, car vos petiots ne vous sont pas d'un grand secours.

Tout juste, s'il vous chuchotent deux ou trois petites choses qu'ils savent sur le premier. A propos du second, tous vous toiseront, purement et simplement...

Et resteront bouche bée !!!!!

 

Il a été question d'abacocrinus, mais on aurait pu parler d'abacète, d'ababouiné, d'abada, entrées parmi tant d'autres qui ont disparu des grandes encyclopédies aujourd'hui. Pour les amoureux des dictionnaires, ces disparitions sont incompréhensibles et tristes à la fois: L'abacocrinus est toujours un fossile, l'abacète, toujours un coléoptère, et les navires ababouinés peuvent toujours vous faire face dans vos récits de pirates. Je suis sûr que vous aimeriez pouvoir vous précipiter sur un dictionnaire qui éclairerait aussitôt votre lanterne quand vous en avez besoin.

C'est avec un peu de nostalgie donc, que ce travail est entamé. Il consistera à rester au plus près de la matière des mots, tournant autour autant de fois qu'il sera nécessaire pour y butiner toute la richesse possible.

Alors, commençons sans plus tarder par le en habit de fête !!!!!

 

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