ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

-ABBAYE

 
 
-LES ARTS
AU TEMPS
DES CAROLINGIENS

 
 
-L'ENLUMINURE

L'EVANGELIAIRE D'EBBON

 

 
"Ebbon1, frère de lait de Louis le Débonnaire qui fit de lui son bibliothécaire, devint archevêque de Reims en 8162. Au concile de Compiègne, en 833, sous l'influence de Lothaire, il prit une part active à la déposition de son ancien bienfaiteur, mais lorsque celui-ci retrouva son trône, Ebbon fut à son tour chassé par le concile de Thionville (835).
Après la mort de Louis le Débonnaire, Lothaire, devenu empereur, le rétablit sur le siège archiépiscopal de Reims dont Charles le Chauve le destitua un an plus tard. Il se réfugia alors auprès de Louis le Germanique qui lui offrit l'évêché d'Hildesheim où il mourut en 851.
Ses intrigues politiques, sa grande influence dans le monde religieux de son temps célèbrent moins sa mémoire que l'Évangéliaire auquel est attaché son nom et qui est un des fleurons de l'enluminure carolingienne.

Le manuscrit s'ouvre sur un poème glorifiant celui qui le fit exécuter. Si le nom d'Hautvillers n'y est pas cité, la dédicace à Saint-Pierre, la mention de "Abbas Petrus" (de 820 à 841, Pierre Ier fut Abbé d'Hautvillers), sa présence dans la bibliothèque d'Hautvillers3 jusqu'à la révolution permettent de l'attribuer au scriptorium - le plus remarquable de l'école de Reims - qu'abrita au début du IXe siècle l'abbaye bénédictine fondée vers 662 par Berchaire, moine venu de Luxeuil, à l'instigation de l'archevêque de Reims, Nivard.

II y fut copié avant 835, date à laquelle Ebbon fut chassé du siège de Reims; avant 823 peut-être, car le poème dédicatoire ne rappelle pas la mission qu'il entreprit pour la conversion des Danois et qui fut à l'époque un de ses titres de gloire.
Deux vers présentent le manuscrit dans tout son luxe : Hunc auro interius Christi decoravit amicus. Atque ebore exterius...
S'il est en effet entièrement écrit à l'encre d'or, sur vélin, en minuscule Caroline et en capitale rustique, pour la dédicace, le manuscrit contient, outre le texte des quatre Evangiles et les prologues de Saint Jérôme, les éléments caractéristiques de l'évangéliaire carolingien qui en font un livre liturgique destiné à la lecture pendant l'office : les tables des canons et le capitulare Evangeliorum.

Vers 330, Eusèbe de Césarée imagina un procédé pour établir une concordance entre les textes des quatre Évangiles qu'il divisa en versets numérotés. Les dix Canons rassemblent en colonnes, dans l'ordre de l'Évangile de Saint Matthieu, les versets concordants des autres Évangiles, le dixième relevant les passages propres à chacun. Dans cette oeuvre, les Canons s'inscrivent dans un décor architectural de colonnes de marbre veiné, à chapiteaux corinthiens, surmontées du fronton triangulaire du temple grec. Les rampants sont ornés d'arbustes et de feuillages stylisés, d'animaux symbolique comme le lion ou le paon, et de personnages : charpentiers, chasseurs armés d'arcs et de javelots, clercs en toge dont la vivacité des attitudes, la finesse et le mouvement du dessin concourent au charme de ces pages.

A la fin du volume, le capitulare Evangeliorum indique les passages des Évangiles qui, tout au long de l'année liturgique doivent être lus à la messe.
Le début de chaque Évangile est marqué par une majuscule enluminée dans le style irlandais qui, dans ses entrelacs, mêle l'or et l'argent au mauve, au rosé et au turquoise.
En regard, des figures à pleine page représentent les évangélistes dans l'attitude du copiste. L'inspiration en est tout hellénistique et l'on ne peut manquer de rapprocher le décor de légers portiques et d'arbres, esquissés en quelques touches sur lequel se détache Saint Matthieu, des fresques que Pompéi nous a léguées. Peut-être même l'enlumineur d'Hautvillers a-t-il pu en découvrir dans des vestiges gallo-romains subsistant dans la région de Reims.

Mais si le modèle est antique, l'artiste carolingien lui ajoute la nervosité expressionniste et l'intensité frémissante caractéristiques des scriptoria de l'École de Reims. Le jeu de la couleur et de la lumière agite les plis des vêtements, donne du relief aux corps et introduit dans ces enluminures une spiritualité qui éclate aussi dans le regard des évangélistes, tendu vers l'inspiration divine.

On retrouve la même intensité, le même mouvement dans les dessins à la plume qui illustrent le Psautier d'Utrecht (Bibliotheek der Rijksuniversiteit) composé à la même époque au scriptorium d'Hautvillers.
Si l'éclat de l'atelier d'Hautvillers semble s'éteindre avec son fondateur, son influence perdurera dans la seconde moitié du IXe siècle dans d'autres manuscrits de l'École de Reims; les Évangiles donnés par Hincmar à Saint-Thierry ne rappellent-ils pas les Évangiles d'Ebbon, par le décor plein de fantaisie et de vivacité de leurs canons ?
 
Annie de Sainte-Mareville
Directrice de la Médiathèque d'Epernay "

extrait de :
http://www.mediatheque-epernay.com/evangeliaire.html

NDE

1. ou Ebbo
2. Ebbon est un des rares affranchis de l'époque à avoir obtenu un tel statut social
3. On soupçonne Ebbon d'avoir joué un rôle important dans le recrutement des artistes et la constitution de la bibliothèque abbatiale.

 
Evangiles d'Ebbon
Bibliothèque Municipale d'Epernay
ms.1
260x149mm

La majorité des images reproduites ici sont extraites d'un des tout meilleurs sites français sur les enluminures des collections françaises, à visiter ABSOLUMENT :
http://www.enluminures.culture.fr/
 
folio 010v
 
canons de concordances d'Eusèbe
 
 
 
 
 
 
 
folio 010v
 
détails
 
 
 
 
 
folio 011r
 
canons de concordances d'Eusèbe
 
détails
 
 
folio 012r
 
canons de concordances d'Eusèbe
 
détails
 
 
 
folio 013r
 
canons de concordances
d'Eusèbe
 
détail
 
 
folio 013v
 
canons de concordances
d'Eusèbe
 
détails
 
 
 
folio 014r
 
canons de concordances
d'Eusèbe
 
détail
 
folio 014v
 
canons de concordances
d'Eusèbe
 
détail
 
 
folio 015r
 
canons de concordances
d'Eusèbe
 
détails
 

 
folio 015v
 
canons de concordances
d'Eusèbe
 
détails

 
 folio 018v
 
Saint Mattthieu et son attribut
 
 
Détail
 
 
 
     
     folio 019r
     
    Incipit de Saint Mattthieu
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

folio 060r

Saint Marc et son attribut

folio 061r

Incipit de Saint Marc

 
 folio 090v
 
Saint Luc et son attribut
 
 folio 090v
 
Détail
 
 
 
  folio 91r
 
Incipit de Saint Luc
 
 
 folio 099r
 
Page de l'évangile de Luc
 
 
  folio 134v
 
Saint Jean
 
  folio 134v
 
Détail
 
xx
 

Sources

 
- http://rubens.anu.edu.au/htdocs/bytype/manuscripts/survey/0001/105.JPG (fol13v)
- http://rubens.anu.edu.au/htdocs/bytype/manuscripts/survey/0001/106.JPG (fol18v)
- http://rubens.anu.edu.au/htdocs/bytype/manuscripts/survey/0001/107.JPG (fol19r)
- http://www.enluminures.culture.fr/documentation/enlumine/fr/rechguidee_00.htm (autres images)

     

 

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