ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

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ABEILLE
LE POLLEN--

http://www.cari.be/medias/pdf_ab.cie/113_clefspourlalimentation_1.pdf

http://cso.ulb.ac.be/~jlcolot/PersoSite/Expo/Expo2003/rapports/Auto-organPetit.pdf

http://www.beekeeping.com/articles/fr/huberson/analyse_pollinique.htm

LA POLLINISATION


 
 Butineuse couverte de pollen
Abeille récoltant du pollen


A l'instar des spermatozoïdes animaux le pollen est l'élément mâle des phanérogames, situé dans l'anthère de la fleur qui, avec le filet, forme chaque étamine d'une fleur, partie mâle de l'appareil reproducteur de la fleur. Pour produire leurs fruits, les plantes à fleurs ont besoin que leurs fleurs soient pollinisées car, si ces dernières possèdent en elle à la fois les éléments mâles et femelles nécessaires à la perpétuation de l'espèce, la nature ne leur a pas prévu de mécanisme pour unir sexuellement les gamètes opposées. Non pas que la nature ait été distraite en les créant, mais parce que la consanguinité, comme chez les animaux, peut devenir nuisible et ne crée pas une espèce d'une richesse complexe et robuste, comme celle qui se perpétue par divers apports étrangers. La nature a d'ailleurs souvent paré ce danger en empêchant l'autopollinisation En effet, l'union d'un gamète mâle et d'un gamète femelle de la même fleur demeure le plus souvent stérile.
 
Les pollinisateurs sont très nombreux et se répartissent en deux groupes, les agents physiques et les agents zoologiques. Les premiers sont représentés par le vent et l'eau et pollinisent des plantes appelées, dans le cas du vent, anémogames (pollinisation anémophile : graminées, très nombreux arbres…), dans le cas de l'eau, hydrogames (pollinisation hydrophile : angiospermes aquatiques). Les seconds sont représentés par les oiseaux (ornithophiles, pollinisation ornithogame), les chiroptères (chauve-souris, cheiroptérophiles, pollinisation cheiroptérogame) et les insectes, les plus nombreux, de tous ordres : Hyménoptères, Coléoptères, Lépidoptères, Diptères, etc…). Les plantes se sont remarquablement adaptées à leurs pollinisateurs. Les pollens anémogames son légers, petits et très nombreux (des millions par arbre) pour faciliter leur vol et compenser les pertes massives dues à la dissémination. Ceux des plantes hydrogames sont poilus, pour mieux s'accrocher dans l'eau aux stigmates. Les plantes ornithophiles, présentes surtout dans les forêts tropicales (flamboyants…) sont souvent très colorées, possèdent souvent des corolles profondes et étroites, au nectar abondant : elles sont parfaitement adaptées à la vision très chromatique et au long bec des oiseaux-mouches (colibris), ainsi qu'à leur grande dépense d'énergie. Il en va de même pour les plantes cheiroptérophiles, qui produisent aussi beaucoup de nectar, s'ouvrent à la nuit tombante (la chauve-souris est nocturne), possèdent souvent de solides fleurs (pour supporter le poids des chauve-souris) et une odeur forte proche de celle des chauve-souris. Une odeur forte, ainsi que des parties " blindées " sont utiles aux fleurs qui attirent les Coléoptères (sureau, sorbier), qui aiment les odeurs de décomposition mais qui font des dégâts avec leurs grosses mandibules. Les fleurs souvent fragiles, aux corolles étroites et longues, quelquefois nauséabondes, sont adaptées aux Diptères (mouches), comme les arums. Les Lépidoptères (papillons) se tournent souvent vers les fleurs aux corolles les plus profondes (25-30 cm pour les orchidées), qui conviennent à la puissance d'aspiration de leurs trompes. Les papillons de jour sont accueillis par des fleurs parfumées et colorées (lilas, jacinthe, œillet, chèvrefeuille) et les papillons de nuit par des fleurs pâles, au parfum lourd.
 
Les hyménoptères, enfin, surtout notre abeille, joue un grand rôle dans cette pollinisation car elle œuvre beaucoup pour toute une colonie et participe à la fécondation de nombreuses plantes à fleurs. Nous avons déjà vu que l'anatomie de l'abeille la prépare dans le détail à la récolte de pollen et de nectar, mais il faut dire aussi que la fleur s'est, elle aussi, bien préparée à recevoir cette hôte de marque : Elles portent une robe colorée, souvent bien parfumée, avec de petits colifichets invisibles pour d'autres (marques apparaissant à la lumière ultraviolette), des étamines judicieusement disposées pour déposer le pollen sur la tête ou le corps des abeilles.
 
Les pollinisations entomophiles sont très utiles à l'homme, car elles concernent nombre de plantes cultivées et permettent de sélectionner des graines hybrides, par exemple pour de meilleurs rendements, une meilleure résistance à certaines maladies ou pour augmenter les teneurs en huile, comme celle du tournesol :
- arbres fruitiers : poirier, pommier, pêcher, cerisier, amandier, kiwi, prunier, etc…
- semences potagères : chou, artichaut, asperge, radis, carotte, céleri, oignon, poireau, chicorée, etc… - plantes potagères : fruits : tomate, poivron, aubergine, courges, melon, concombre, etc…
- légumineuses fourragères : luzerne, trèfle, colza, arachide, coton, soja, moutarde, etc…

LA POLLINISATION CHEZ L'ABEILLE
 

L'abeille, comme de nombreux autres animaux pollinisateurs, se retrouve chargée de pollen en butinant son nectar. Nous avons déjà vu que la fleur est structurée de manière à conduire l'abeille bien à l'intérieur de la corolle pour que la plante puisse la saupoudrer de pollen. Chaque fleur a sa méthode, de la plus douce à la plus retorse : la sauge, par exemple, propose un petit aérodrome privé bien tentant pour l'abeille. Tout juste posée, le semblant de piste s'avère un levier efficace pour faire basculer d'un coup d'étamine sur la tête de l'abeille une bonne rasade de pollen (la luzerne fait un peu pareil). Les abeilles domestiques sauront trouver la parade en abordant la fleur de côté, sans se poser, mais dans ce cas, elles ne polliniseront pas la fleur, qui le sera par une abeille sans expérience ou par une abeille sauvage. Le cas de certaines orchidées Ophrys est plus révélateur encore : Elles imitent tant et si bien la femelle abeille, par la forme des pétales, le velouté de leur texture, leur parfum voisin d'une phéromone sexuelle, que le mâle n'y tient plus, tente rageusement de copuler avec la compagne virtuelle (on parle alors de pseudo-copulation), et se charge bien sûr d'un maximum de pollen.

 

 
   
       
 Sauge butinée par une abeille. Remarquez l'étamine, qui par un jeu de balancier (le poids de l'abeille sur le labelle), se retrouve alors sur les tergites de l'animal, l'anthère les brossant littéralement avec ses pollens.

Ophrys apifera, orchidée abeille

Pseudo-copulation entre l'abeille Chalicodoma pyrenaica (Megachilidae) et l'orchidée Ophrys catalaunica.

Mais le meilleur, au contraire de la sauge, c'est que l'arnaque est totale, sans contrepartie, puisque ladite orchidée…ne produit pas de nectar ! En butinant une autre fleur, l'abeille ne manquera jamais de faire tomber quelques grains de pollen qu'elle transporte sur son pistil, l'élément femelle de la fleur, plus exactement sur son stigmate, d'où le pollen descend le long du style, un canal qui mène droit son contenu (mais aussi son enveloppe) dans l'ovaire, où il s'unira aux ovules pour former une graine, puis un fruit.

Anatomie externe d'une orchidée, Ophrys fuciflora (Orchidaceae). Nom commun : O. frelon, O. bourdon. Avec : sépale dorsal et latéral, pétale latéral, pollinies, macule, appendice, gibbosités, gynostème, labelle, lobes latéraux, rostrellum (bursicule).


LE POLLEN : UNE NOURRITURE DE BASE

Introduction : pollen frais et pain d'abeilles

Pendant la période apicole, les butineuses rapportent à la ruche environ 40 à 50 kg petites pelotes de pollen pesant de 6 à 8 mg chacune. Celles-ci, nous l'avons vu sont ensilées dans des alvéoles et forment ce que nous nommons des pains d'abeille. On a cru pendant longtemps que le pain d'abeilles était plus riche biologiquement que le pollen naturel (Pain et al., 1966), de par les enzymes salivaires ainsi que les adjonctions de miel et de nectar produites par les butineuses et les magasinières. En fait, il semblerait surtout que les deux produits soient différents, sans que l'un soit supérieur à l'autre. Des expériences montrent, tout d'abord, que les abeilles qui ont reçu l'une ou l'autre nourriture élèvent à peu près le même nombre de larves, respectivement 7 195,50 cm² et 7 046,00 cm² (Herbert, Shimanuki, 1978). Si la teneur en eau, en protéines variaient peu d'un produit à l'autre, dans le cadre de ces expérimentations, on n'a pas trouvé d'amidon dans les pains d'abeilles, alors qu'il était présent dans les sept échantillons de pollens étudiés, provenant de différents endroits des Etats-Unis. Si le pain d'abeille contenait plus de sucres réducteurs (normal, par les adjonctions de miel ou de nectar), plus de constituants bruts, mais une plus faible teneur en cendres sulfatées (2,4 à 3,4 % du poids sec). Le pourcentage de substances indéterminées s'élevait dans l'un et l'autre à environ 10 %.

Les besoins de l'abeille

Nous ne savons toujours pas pourquoi les abeilles préfèrent tel ou tel type de pollen, car nous ne connaissons pas parfaitement les besoins nutritionnels de l'abeille. En supprimant certaines données physiques de la fleur (formes, couleurs surtout), des expériences montrent que les abeilles continuent d'avoir des préférences, et certains scientifiques se demandent si la forme ou l'odeur même du pollen influent sur les choix floraux des abeilles. Par ailleurs, les fleurs pollinisées par le vent (anémophiles) contiennent en général plus de protéines que les fleurs pollinisés par les insectes (entomophiles), ce qui conduit à penser que les abeilles ne sont pas capables ou ne s'intéressent pas à la richesse protéinique des pollens. De plus, le fait qu'elles récoltent et rapportent à la ruche des pollens toxiques incite à penser que l'abeille s'intéresse d'avantage au volume du produit qu'à sa richesse.
 
Dès l'état larvaire le pollen constitue la nourriture de base de l'abeille. Selon les âges, nous allons le voir, elle y trouvera son compte de protéines, d'acides aminés, de minéraux, de lipides, de stérols, de sucres et de vitamines, pour le principal, dont on a observé que la concentration variait selon la saison, au moins pour les protéines et les minéraux (While et al., 1984).
 
Le pollen est introduit dans la nourriture des ouvrières à partir du 4e jour, et ce progressivement selon l'âge de la larve (Winston, 1987). Cependant, de récentes études ont montré que

Les protéines

Leur taux est très variable selon les familles de plantes, qui peut aller de 2,3 % (cyprès cupressus arizonica) à 61,7 % (dodecatheon clevelandii, Primulaceae) mais varie peu pour les espèces de même famille, à l'exception de quelques unes de grande taille, comme les Cactaceae et les Fabaceae (Roulston, Cane, Buchmann, 2000, étude importante sur 377 espèces de 93 familles). Il existe une corrélation positive entre la teneur totale en protéines et celles en acides aminés essentiels (While, Kilchenmann, Imdorf, Bühlmann,1985).
 

Les acides aminés

Une dizaine d'acides aminés au moins sont nécessaires aux abeilles : l'arginine, l'histidine, la lysine, le tryptophane, la phénylalanine, la thréonine, la leucine, l'isoleucine et la valine. Ces éléments sont présents dans la plupart des pollens récoltés par les abeilles (Wille et al. voir plus haut) mais, au contraire des protéines, varient de manière importante selon les sources florales.

Les cendres

Elles possèdent de nombreux minéraux, tels le potassium, le phosphore, le calcium, le magnésium, le fer, du cuivre, du soufre, du sodium. On trouve aussi des traces de manganèse, de zinc, de sélénium (Todd, Bretherick, 1942)
 

 
 
http://www.beekeeping.com/anercea/alimentation.pdf
 
http://www.alp.admin.ch/themen/00502/00503/00508/index.html?lang=fr&download=M3wBPgDB/... (pollen composition)
 
www.alp.admin.ch/themen/00502/00529/index.html?lang=fr&download=M3wBPgDB/... - (pollen et colonies)
 
 
sources textes :

- http://www.apidologie.org/index.php?option=article&access=standard&Itemid=129&url=/articles/apido/pdf/1978/01/
Apidologie_0044-8435_1978_9_1_ART0003.pdf
The biology of Honey bee, de Mark L. Winston
- http://www.alp.admin.ch/themen/00502/00529/index.html?lang=fr&download=M3wBPgDB/...
- http://www.cari.be/medias/pdf_ab.cie/113_clefspourlalimentation_1.pdf
- http://cso.ulb.ac.be/~jlcolot/PersoSite/Expo/Expo2003/rapports/Auto-organPetit.pdf
- http://www.beekeeping.com/articles/fr/huberson/analyse_pollinique.htm
- http://www.beekeeping.com/anercea/alimentation.pdf
- http://www.alp.admin.ch/themen/00502/00503/00508/index.html?lang=fr&download=M3wBPgDB/...
- www.alp.admin.ch/themen/00502/00529/index.html?lang=fr&download=M3wBPgDB/...
 
 
 

sources images :

- http://i262.photobucket.com/albums/ii105/1peace1luv/busy_bee.jpg (photo en exergue)
- http://farm2.static.flickr.com/1388/719264744_4c8a1cf668.jpg?v=0 (tournesol schéma)
- http://globalswarminghoneybees.blogspot.com/2007_08_01_archive.html (recolte eau)
- http://en.wikipedia.org/wiki/Image:Drinking_Bee.jpg (récolteuse d'eau)
- http://dev.biologists.org/cgi/content/full/134/9/1691/FIG2 (cellules coniques)
- http://www.sciencemuseum.org.uk/antenna/bumblebee/ (gueule de loup)
- http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/98/Ophrys_apifera_flower2.jpg/473px-Ophrys_apifera_flower2.jpg
(orchidée abeille)
- http://pagesperso-orange.fr/nicolas.helitas/la_famille_des_orchidees.htm (coévolution)
- http://www.guenther-blaich.de/ophpoll1.htm (pseudo-copulation)
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyathe
- http://aob.oxfordjournals.org/content/vol100/issue2/cover.dtl (sauge)
- http://image48.webshots.com/49/7/60/24/339076024kNOgoW_ph.jpg (récolte pollen)
- http://www.inhs.uiuc.edu/~kenr/prairieplant.terminology/prairie_asteraceaehead_1.jpg (schémas capitule)