ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE
 

-ABEILLE

LES ABEILLES ET LES HOMMES
( VIII )

croyances,
savoirs
et
apiculture

L'ABEILLE
DANS L'ANTIQUITÉ

( III )
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RICHESSE INDUSTRIELLE 2


LA PARFUMERIE
 

Le miel était beaucoup utilisé dans les temples pour des parfums ou des onguents rituels :
"Je vais parler maintenant de la déesse Isis, que les Egyptiens regardent comme la plus grande de toutes les divinités, et de la fête magnifique qu'ils célèbrent en son honneur. Après s'être préparés à cette fête par des jeûnes et par des prières, ils lui sacrifient un boeuf. On le dépouille ensuite, et on en arrache les intestins ; mais on laisse les entrailles et la graisse. On coupe les cuisses, la superficie du haut des hanches, les épaules et le cou. Cela fait, on remplit le reste du corps de pains de pure farine, de miel, de raisins secs, de figues, d'encens, de myrrhe et d'autres substances odoriférantes. Ainsi rempli, on le brûle, en répandant une grande quantité d'huile sur le feu. Pendant que la victime brûle, ils se frappent tous ; et, lorsqu'ils ont cessé de frapper, on leur sert les restes du sacrifice." Hérodote (vers - 484 à - 425), Histoire, XL, traduction de Larcher, éditions Charpentier, 1850.

Le miel entre plus généralement dans la composition des cosmétiques, dont le célèbre entrerait kyphi (ou kiphy), dont Plutarque dit qu'il contenait seize ingrédients :
" Le kyphi est un parfum composé de seize espèces de substances : de miel, de vin, de raisins secs, de souchet, de résine, de myrrhe, d'aspalathe, de séséli, de lentisque, d'asphalte, de jusquiame, de patience, de grand genièvre, de petit genièvre (car il y en a deux espèces), de cardamome et de calame." De Iside et Oriside (Isis et Osiris, chapitre 80). Pline prétend quant à lui qu'il n'y a rien de mieux que le miel pour adoucir la peau des femmes (Histoire Naturelle, Livre XXI, 44)

 
LA FONDERIE
 

Inventée depuis le IVe millénaire à Sumer (voir LE BRONZE - TECHNIQUES DE FONDERIE) la technique de la cire perdue, qui utilise la cire d'abeille, serait parvenue à maturité chez les Egyptiens pendant la XVIIIe dynastie (vers - 1570 à -1320).

LE COLLAGE
 

On continait, comme dans des périodes plus anciennes que nous avons examinées, à étanchéifier les amphores, les vases, les jarres avec de la cire, à coller différents objets, par exemple...des ailes d'avion :
 

 

"Dédale n’apparaît qu’une fois dans l’Iliade, au chant 18 et à propos d’une place de danse à Cnossos. Selon Sarah Morris (1992), c’est seulement au Ve siècle [avant notre ère, NDE] que se forge la légende d’un Dédale sculpteur et architecte, qui trouve cependant son origine dans des influences proche-orientales."
extrait de : http://tc.revues.org/document1164.html

Ovide, Métamorphoses, 8, 182-235

"8, 182 Durant ce temps, Dédale avait pris en haine la Crète
et son long exil. Il ressentait la nostalgie de son pays natal
8, 185 et, voyant la mer fermée devant lui, il dit : « Que les terres et les ondes
me fassent obstacle, soit ! Mais le ciel reste ouvert. Nous irons par là ;
Minos peut bien maîtriser tout, il n'est pas maître de l'air. »
Sur ces paroles, il se concentre sur un art inconnu et impose à la nature
des lois nouvelles. En effet, il dispose des plumes régulièrement,
8, 190 commençant par la plus petite, les plus courtes suivant les longues :
on les croirait poussées sur un plan incliné ; c'est ainsi qu'un jour
apparut peu à peu la flûte rustique, faite de roseaux inégaux.
Alors, il attache les plumes centrales avec du lin et celles d'en bas
avec de la cire, et, une fois ainsi disposées, il les incurve légèrement
8, 195 pour imiter les vrais oiseaux. Le petit Icare se tenait près de lui
et, le visage rayonnant, ignorant qu'il manipulait un danger pour lui,
tantôt il saisissait les plumes déplacées par la brise vagabonde,
tantôt, à l'aide de son pouce, il amollissait la cire blonde,
et par ses jeux entravait le travail étonnant de son père.
8, 200 Lorsqu'il eut mis la dernière main à l'oeuvre entreprise,
l'artisan équilibra lui-même son corps entre ses deux ailes
et resta suspendu dans l'air qu'il mettait en mouvement.
Il équipa aussi son fils et dit : « Icare, je te conseille de voler
sur une ligne médiane, car, si tu vas trop bas, l'eau risquerait
8, 205 d'alourdir tes plumes, et trop haut, le feu du soleil pourrait les brûler.
Vole entre les deux. Ne regarde ni le Bouvier, ni Hélicé
ni l'épée brandie d'Orion, c'est mon ordre ; suis ta route,
en me prenant pour guide ! » En même temps, il lui transmet
les règles du vol et adapte à ses épaules des ailes qu'il ne connaît pas.
8, 210 Pendant que l'homme mûr s'affairait et donnait ses conseils,
ses joues se mouillèrent et ses mains de père se mirent à trembler.
Il donna à son fils des baisers qu'il ne répéterait plus et, soulevé
par ses ailes, il s'envole le premier, soucieux de son compagnon,
comme l'oiseau qui pousse du nid dans l'espace sa tendre progéniture ;
8, 215 Dédale l'exhorte à le suivre, l'initie à son art maudit,
agite ses propres ailes et se retourne, regardant celles de son fils.
Un pêcheur prenant des poissons à l'aide d'un roseau tremblant,
un berger appuyé sur son bâton, un laboureur penché sur sa charrue,
les virent, restèrent interdits et prirent pour des dieux ces êtres
8, 220 capables de voyager dans l'éther. Déjà, sur leur gauche, se trouvait
l'île de Junon, Samos – ils avaient dépassé Délos et Paros – ;
sur leur droite se trouvaient Lébinthos et Calymné, riche en miel.
C'est alors que l'enfant se sentit grisé par son vol audacieux,
et cessa de suivre son guide ; dans son désir d'atteindre le ciel,
8, 225 il dirigea plus haut sa course. La proximité du soleil bientôt
ramollit la cire parfumée qui servait à lier les plumes.
La cire avait fondu ; Icare secoua ses bras dépouillés
et, privé de ses ailes pour ramer, il n'eut plus prise sur l'air,
puis sa bouche qui criait le nom de son père
8, 230 fut engloutie dans la mer azurée, qui tira de lui son nom.
De son côté, son malheureux père, qui n'est plus père désormais,
déclara : « Icare, où es-tu ? Dans quel endroit dois-je te chercher ? »
« Icare, » disait-il ; il aperçut sur l'eau des plumes,
maudit son art et honora d'un tombeau le cadavre de son fils,
8, 235 et cette terre fut désignée par le nom du défunt inhumé.

extrait de : http://bcs.fltr.ucl.ac.be/metam/met08/m-08-152-259.htm

 

LE CALFATAGE

"Tout comme le pratiquent encore les pêcheurs européens qui rendent étanches les assemblages de planches en bois constitutives des coques de leurs bateaux à l'aide d'un mélange de chanvre, de sisal et de poix, les Assyriens et les Phéniciens, calfataient les bateaux à l'aide de compositions, à base de térébenthine (extraite du pistachier résineux appelé térébinthe), de cire d'abeille, de goudron de charbon de bois et de bitume, lesquelles présentaient un excellent comportement à l'humidité (figure 1).

   Traces de mélange bitumineux sur la coque d'un navire vieux de plus de 4000 ans. La flèche indique la trace de nattes de palmes constitutives de la coque. (Photographie : Jacques Connan).

 
"Des flèches roulées dans de l'huile incendiaire, de l'étoupe, du soufre, du goudron, sont enflammées et lancées sur les coques des navires ennemis à l'aide de balistes : avec tant d'aliments elles mettent le feu d'un coup aux bois enduits de cire, de poix et de résine."


Dion Cassius (vers 160 - 229, Histoire romaine, Livre 50, 32-35).

traduction Etienne Gros, 1850, éditions Firmin Didot, Paris.

 

LA TECHNIQUE SIGILLAIRE
 

La cire d'abeille, de couleur naturelle ou diversement pigmentée à l'aide de terres finement broyées, fut depuis la plus haute Antiquité utilisée pour les sceaux, technique qui permettait à la fois de fermer très symboliquement un pli et de graver par moulage une signature identifiant sans conteste l'expéditeur, à l'aide d'un corps dur gravé (pierre ou métal) formant matrice plane ou cylindrique. Cette technique est toujours utilisée pour certains documents officiels et pour les scellés divers. Mais dans le quotidien d'aujourd'hui, le ruban adhésif vient à notre secours pour parfaire la fermeture d'un pli. Des études chromatographiques récentes ont montré qu'il existe une analogie frappante (figure 2) entre la cire d'abeilles actuelle et celle retrouvée sur les parois internes de tessons de céramiques de l'époque néolithique, cire vraisemblablement utilisée pour imperméabiliser ces récipients devant contenir des liquides.

   Chromatogrammes partiels d'une cire d'abeilles actuelle [en haut] et d'un échantillon archéologique du site de Bercy [en bas]. (Document : Martine Regert).

Quant à l'utilisation de cire d'abeilles pour les sceaux, la figure 3 montre le sceau-cylindre (a), ainsi que le moulage de son empreinte sur terre glaise cuite (b), du scribe Kalki. Il est réalisé en diorite tachetée, qui est une roche éruptive granitoïde formée de cristaux de feldspath (blanc) et d'amphibole (verte). Haut de 3,3 cm, ce sceau remonte à la Dynastie d'Akkad (Mésopotamie), vieille de 4000 ans."

   Sceau-cylindre du scribe Kalki vieux de 4000 ans (a) et son empreinte (b).

texte et images extraits de : http://culturesciences.chimie.ens.fr/dossiers-chimie-societe-article-Collage_Barquins.html#figure14
 

LES PEINTURES
 

 

 "Dans les cavernes de l'époque paléolithique, Le support est moyennement humide car ainsi, les pigments peuvent plus facilement imprégner la roche. La palette de couleur était réduite : ocre jaune, ocre rouge (couleur naturelle) et charbon de bois (couleur déjà synthétique car faisant appel à une manipulation). Ces pigments, très solides, sont encore utilisés de nos jours. On n'a pas pu mettre en évidence l'utilisation de liants ; le pigment devait être mélangé, tout simplement, avec de l'eau.
L'application se faisait avec les mains, un bâton, mais aussi avec un pistolet à peinture ! (Des morceaux d'os creux et effilés dont l'intérieur était barbouillé de colorant, retrouvés près des peintures, laissent penser que l’on s’en servait pour projeter le colorant en soufflant).
Dans l'Egypte ancienne, on voit apparaître les liants qui, mélangés aux pigments, assurent à la peinture une meilleure tenue. Les premiers sont le jus de figue et le miel. Les enduits étaient à base d'un mélange de boue, de bouse de vache, de poil d'animal ou de paille hachée et du plâtre.
De nouveaux pigments apparaissent : rouge de cinabre, bleu outremer, bleu égyptien, rejoints, plus tard, par la céruse et le minium de plomb. Des colorants extraits du règne animal ou végétal comme le carmin de Kermès et le pastel sont également utilisés.
Les enduits sont d'une très grande solidité (mélange de chaux éteinte, de craie et de poussière de marbre)."

extrait de : http://www.tourisme93.com/document.php?pagendx=420

NDE : L'aquarelle est pratiquée en Égypte dès IIe s. av. J.-C au moins, sous forme de détrempe (ou tempera) à base d'eau, de gommes d'arbres et de miel.


 
TABLETTES DE CIRE

VOIR :
 
ABAQUE : CALCUL, ROME, abaques à cire et à poussière
ABBAYE : SCRIPTORIUM, tablettes de cire
 

LUMINAIRES
 

"CANDELA.- Chandelle, cierge, bougie, tout flambeau fait d'une mèche trempée dans une substance combustible, telle que de la cire, du suif, de la poix; la mèche pouvait être d'étoupe, de moelle de jonc, de papyrus ou d'autres fibres végétales, quelquefois simplement tordues et enduites de la matière grasse ou résineuse1. A ces différences de fabrication répondaient les noms spéciaux de cebeus, funale, sebaceus...aussi candelabrum. (...)

Pris seul, le mot candela signifie plus particulièrement la chandelle de suif
2, par opposition à la bougie de cire (cereus) dont se servaient les personnes aisées3. Longtemps ce genre de luminaire fut le seul que l'on connût4 avec les torches faites de bois résineux encore plus primitives, et que les Grecs paraissent avoir gardées jusqu'à l'invention des lampes (fax, taeda, lucerna). Ils n'ont eu pour désigner ces flambeaux qui ne leur étaient pas familiers5 d'autres mots que χανδήλα χηρίον λάμπας, χηρίον, pures transcriptions du latin, que l'on ne rencontre même que fort tard, on clés termes généraux comme λάμπας. Au contraire, il semble que la chandelle ou la bougie ait été un mode d'éclairage communément usité dès un temps fort ancien chez les Romains et, probablement avan t eux chez les Etrusques. Voici ( fig. 1071) , d'après une peinture d'un tombeau étrusque d'Orvieto, la curieuse représentation de bougies (dont la couleur blanche est à noter), fixées aux branches d'un candélabre. terminées en bec d'oiseau (candelabrum) et éclairant un repas6. A la fin des temps anciens nous retrouvons les chandelles et les cierges dans les peintures chrétiennes des catacombes, placés près des images des saints, à côté des autels ou des tombeaux des martyrs, comme ils l'étaient précédemment auprès des idoles et des sanctuaires du paganisme7.La coutume ne s'en était jamais interrompue8. Il n'y avait guère de cérémonie religieuse qui s'acccomplît sans flambeaux allumés. Ces flambeaux étaient le plus souvent de cire chez les Romains et chez les Grecs de bois9; dans les passages des auteurs où il en est parlé, on ne distingue pas toujours quelle en est la nature ; mais on peut les comprendre tous sous le nom général de candela."

Extrait du Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio, par Charles Daremberg; Edmond Saglio, Edmond Pottier, Georges Louis Lafaye, 1877-1919, 10 vol..
http://dagr.univ-tlse2.fr/
 
 

Sources :
http://www.answers.com/topic/puh213r1-jpg (pompéi)
http://aedilis.irht.cnrs.fr/materiaux/10.htm (tablettes de cire)
 


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