ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

ABBAYE
  ---------Abbaye Saint-Maurice d'Agaune
      - deuxième partie

 


Histoire

 

 
Théodore d'Octodurum aurait rassemblé les corps des martyrs dans de grands caveaux, au lieu-dit Vérolliez, entre 370 et 380. C'est un lieu sacré connu depuis longtemps : on y trouvait un sanctuaire dédié aux nymphes, près d'une source qui coule encore aujourd'hui.
Il semblerait que Théodore ait fondé là un monastère reprit par le fondateur historique du monastère d'Agaune, Sigismond, mais les deux documents qui en font état ne sont pas, loin s'en faut, des sources exemplaires : La " Vita Severini Acaunensis " est un tissu d'erreurs et de contradictions, et la " Vita Sanctorum Abbatum Acaunensium " ne semble pas reposer sur des bases très sérieuses, même si on y glane des renseignements intéressants. Il semblerait en tout cas qu'il a existé une communauté de moines ayant eu, vers 500, saint Séverin pour abbé. Ce dernier est mort à Château-Landon, où il avait été appelé par Clovis, de par sa réputation de thaumaturge.
 
L'histoire retiendra donc, comme fondateur, Sigismond, fils du célèbre roi des Burgondes Gondebaud. Guéri d'une grave fièvre par saint-Avit, le roi arien se convertit au catholicisme et accède à la demande d'Avit de fonder un monastère à Agaune, couvent qu'il dotera richement.
Le 22 septembre 515, Sigismond inaugure solennellement deux événements :
la fondation du monastère d'Agaune ( avec homélie de saint Avit ) et, pour la première fois en Occident, une tradition orientale inventée l'archimandrite Alexandre ( vers 350-430 ) : La laus perennis, adoration ou louange perpétuelle, chantée de manière ininterrompue par des Acémètes ( Acoemetae, " les non-dormants" ou "les vigilants" ).
Dès l'origine, l'abbaye possède son baptistère; des privilèges pontificaux et royaux la placent sous l'immédiate dépendance du Siège apostolique. Les abbés de Saint-Maurice jouissent du pouvoir temporel, et parfois spirituel, sur nombre de bourgades et hameaux. L'Abbaye, exempte de toute juridiction épiscopale, devient nullius dioeceseos (aujourd'hui "abbaye territoriale"). L'abbé y exerce une juridiction propre sur le clergé et les fidèles d'un petit territoire d'une superficie d'environ 9685 ha.
 
Le premier abbé est Hymnémode, mort le 3 janvier 516. le suivant est saint Ambroise ( Ambrosius ), qui élève une nouvelle basilique contiguë au sanctuaire primitif.
 
En 534, les Francs sont à nouveau maîtres du pays. Sigismond sera massacré par le roi franc Clodomir, et on rapporta ses restes d'Orléans pour les déposer dans la chapelle Saint-Jean, devenue plus tard l'église paroissiale Saint-Sigismond à Saint-Maurice.
 
Les Francs favorisent le monastère, mais les Lombards l'incendient en 574. Une nouvelle église sera construite après sa destruction. Les évêques de Sion, la ville depuis peu épiscopale, sont tenus à l'écart des affaires spirituelles et temporelles de l'abbaye. Cependant, à la fin du VIIIe siècle, trois abbés portent à la fois le titre d'évêque et d'abbé. Ces abbés étaient donc vraisemblablement aussi évêques de Sion. Un lien personnel est ainsi établi entre l'abbaye et l'évêché. Vers 824, les moines qui gardent le lieu sacré des martyrs d'Agaune deviennent un collège de chanoines, qui devient un centre spirituel du second royaume de Bourgogne (888).
 
Trois oeuvres d'art exceptionnelles témoignent du rayonnement du culte des martyrs aux époques mérovingienne et
carolingienne (dont nous n'avons hélas à ce jour, pas de grandes reproductions !) :

- Le vase de sardonyx, dit "vase de saint Martin", car supposé être un don de l'évêque de Saint-Martin de Tours à Saint-Maurice. Ce vase gréco-alexandrin date du IIe/Ier siècle avant notre ère et a été pourvu d'une monture à l'époque carolingienne :

- Le coffret de Teudéric (VIIe siècle), quant à lui, porte l'inscription suivante : "le prêtre Teudéric ordonna de le faire en l'honneur de saint Maurice. Amen. Nardoalaus et Rihlindis commandèrent sa fabrication. Undiho et Ello l'exécutèrent" :

- L'aiguière "de Charlemagne". D’or fin, ornée sur la panse circulaire et sur les faces du col, d’émaux, de cabochons, de palmettes et de filigranes, l’aiguière représente une synthèse de toutes les techniques utilisées à l’époque carolingienne : Les émaux, avec leurs verts et leurs grenats translucides, proviendraient de Byzance, où des orfèvres carolingiens les auraient prélevés sur le sceptre du roi des Avars, pour les sertir ensuite en remploi. ( Pour une meilleure appréciation du Trésor de l'Abbaye, voir http://www.stmaurice.ch/abba.5a.htm )
 
Agaune , puis passe sous l’avouerie du comte de Savoie au Xe siècle. Après un raid sarrasin en 940, l'église abbatiale est rapidement reconstruite.
 
Dès le début du XIIe siècle, l'abbaye connaît un renouveau de ferveur et de gloire. En 1128, les chanoines adoptent la Règle de saint Augustin. Le culte des Martyrs se développe. Des XIIe et XIIIe siècles proviennent un groupe de reliquaires
impressionnant : le chef de saint Candide, la châsse de saint Maurice et celle des enfants de saint Sigismond, la châsse de l'abbé Nantelme :, et enfin, la crosse à palmette-fleur étudiée par M. M. Gauthier, que seule l’analyse structurelle et stylistique permet d’attribuer au maître émailleur Geraldus ALPAIS (1185 env.-env. 1215 ) ou à son atelier, comme quelques dizaines des pièces de l’émaillerie limousine les plus classiques : ainsi la paire de plats de reliure divisée entre Cologne et, naguère, la Wartburg à Eisenach; ainsi le tabernacle, provenant de l’église de Bethléem à Prague, aujourd’hui au Metropolitan Museum à New York.
 
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St Maurice equestre
Petit côté de la châsse des enfants de saint Sigismond
Abbaye de Saint-Maurice, XIIe s.

 
Moins somptueuses que les pièces carolingiennes, celles du XVe et XVIe siècles méritent quand même d'être citée, particulièrement :
- un buste de saint Victor (XVe)
- une monstrance en cristal et argent doré
- deux chandeliers d'argent ciselé aux armes de l'antipape Félix V
- une statue équestre de saint Maurice (1577).
Sont également dignes de mention : des croix de procession et des crosses, de nombreux calices, ciboires Epiphanie, ostensoirs, des croix pectorales, mîtres.
 
Le pape Grégoire XVI a uni en 1840 le siège épiscopal titulaire de Bethléem au siège abbatial de Saint-Maurice d'Agaune. Les abbés d'Agaune sont depuis lors, appelés à exercer le ministère épiscopal dans leur territoire abbatial.
 
Les chanoines continuent aujourd'hui à répondre à la vocation première du "Monasterium acaunense". L'Office choral les réunit plusieurs fois par jour au choeur de la basilique : le sommet en est la célébration quotidienne de l'Eucharistie. Cette louange perpétue l'offrande des martyrs qui donnèrent leur vie à l'imitation de leur Seigneur.

La plupart des chanoines de Saint-Maurice mènent la vie commune au monastère lui-même. Ils répondent ainsi au désir de saint Augustin, évêque d'Hippone, inspirateur et promoteur de la vie canoniale. Le Chanoine Régulier a pour mission la liturgie et le ministère pastoral. Il est avant tout un prêtre, pasteur d'âmes : c'est pour mieux répondre à cette vocation qu'il s'astreint à une certaine discipline de type monastique. Il s'engage dans cette vie par la profession religieuse et prononce les voeux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance.

Comme Chapitre de Chanoines réguliers, l'Abbaye de Saint-Maurice forme une Congrégation canoniale autonome, affiliée à la Confédération des Chanoines réguliers de saint Augustin. Elle compte 71 membres, dont un évêque, un abbé et 62 prêtres. 33 prêtres résident à l'Abbaye, 9 exercent la charge d'âmes dans le Territoire abbatial, 17 dans le diocèse de Sion, 10 sont professeurs au Collège, 4 sont en ministères dans d'autres diocèses et 2 continuent leurs études. Une vingtaine de chanoines résidants à l'Abbaye exercent aussi un autre ministère.

 

* Commande royale, peut-être – ou morceau de bravoure –, L’Allégorie de la Sainte Ligue , qui rend hommage à Philippe II et à son demi-frère don Juan d’Autriche, fut appréciée du souverain et dut assurer à Greco la commande du Martyre de saint Maurice (1580-1582, Escorial) destiné à la basilique de l’Escorial; dûment payé, le tableau fut décroché en 1584: la complexité de la composition, la subtilité du traitement iconographique et peut-être même la gamme acide des couleurs pouvaient certes intéresser Philippe II, mais, pour ce lieu sacré, le roi, défenseur convaincu de la Réforme catholique, exigeait des œuvres immédiatement compréhensibles, inspirant directement la dévotion. Ce rejet incita certainement Greco à se tourner vers la clientèle tolédane qui, dès 1577, lui avait confié d’importantes commandes. Mais il ne l’empêcha pas de maintenir des liens avec la cour madrilène, comme le prouvent plusieurs portraits et le retable du collège des augustins de Madrid fondé par María de Aragon, nourrice de Philippe II (1596, dispersé entre le Prado, Villanueva y Geltrú et le musée de Bucarest).

source : http://gallery.euroweb.hu/html

 

 

http://www.catholink.ch/sion/fr/histoire.html abbaye saint maurice
http://www.stmaurice.ch/
http://gallery.euroweb.hu/html
http://www.hp.uab.edu/image_archive/index.html (châsse Théodoric)
8. "Casket of Teudericus" reliquary from the second half of the 7th c.
(?) (Canton Valais: Saint Maurice Abbey treasury). This reliquary is a
product of the monastic workshop of St. Maurice d'Agaune. Signed by
the artist and dedicated by the Priest Teudericus to the monastery.
Gold cloisonné, gemstones, and cameo on wood. 5.25"
- http://www.unifr.ch/patr/maurice/images/mauriceg.jpg (châsse des enfants...)
- http://www.unifr.ch/patr/maurice/images/abbayeg.jpg (photo aérienne de l'abbaye)
- http://www.unifr.ch/patr/maurice/images/verolliezg.jpg (verolliez)