DU ROULEAU AU CODEX
- C'est au cours des deux premiers siècles de notre ère que l'on imagina une alternative pratique à l'encombrant rouleau. Les Romains, au Ier siècle déjà, utilisaient des livres de petit format (appelés libelli) composés de feuillets (membranae). Puis, les Coptes d'Egypte utilisèrent des feuilles de papyrus pliées en cahiers, et dès le IIe siècle, les communautés chrétiennes donnèrent leur préférence à des codices (pluriel de codex) en papyrus. Le rouleau avait cédé la place au codex.
- En même temps que cette évolution du format, s'était produit une évolution de matériau. Le parchemin, à base de peaux de bête, existait depuis très longtemps, mais il était très peu utilisé par manque de technique, qui le rendait impropre à l'usage de l'écrit. C'est au IIe siècle avant notre ère, selon Pline l'Ancien, qu'Eumène II, roi de Pergame, voulant remédier à la pénurie de papyrus dont Ptolémée V, en Egypte, stoppait l'exportation vers sa ville, chercha à produire un parchemin de bonne qualité, et y réussit. Il y réussit tant et si bien que c'est Pergame qui donna le grec " pergamèné " d'où le bas-latin " pargamena " est issu, qui débouchera sur notre " parchemin ". Précisons que Pergame possédait alors une des plus belles bibliothèques d'Asie Mineure (environ 200.000 rouleaux).
- S'il se fait connaître en Occident au début de notre ère, attesté par le poète Martial en 80, le parchemin ne se généralisera qu'au VIIIe siècle, en même temps que le codex se substituera de manière courante au rouleau. Rien d'étonnant à ce détrônement : le parchemin peut s'écrire sur ses deux faces, au contraire du papyrus, il est très résistant aux agressions (usure du temps, insectes...) et le matériau, la peau de bête, est disponible presque partout.
- Ce qui n'empêche pas le rouleau de parchemin de terminer sa longue carrière par des rôles qui, s'ils sont subalternes, ont, à l'instar du rouleau de papyrus quelques spécificités, relatives à de longues énumérations, : listes, généalogies, livres de morts :
- 2.
Rouleau des morts, parchemin, long. 8,10 m, abbaye Saint-Bénigne de Dijon.- Contient "les signatures de 135 abbés et prieurs de Bourgogne et d'Auvergne visités entre le 10 février et le 12 août 1441. Chacun a indiqué le nom de ses religieux morts pour participer à l'association des prières faites entre ces monastères.BMVR de Troyes, manuscrit 2256."
- extrait de la page web :http://www.bm-troyes.fr/bmtroyes/pages/nv/ms%202256.htm
- Cela n'empêche pas non plus que les copistes auront, pendant longtemps, à copier sur un codex des textes écrits sur des rouleaux :
3. Saint Marc écrivant. Évangiles avec commentaires, Constantinople, XIIe siècle.
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