ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

ABBAYE

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fresque d'une maison de Pompéi, Ier s., jeune homme tenant un rouleau de papyrus et jeune femme écrivant sur une tablette de cire avec un
stylet ( stylus, graphium : voir aussi illustrations 2 et 5)

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SCRIPTORIUM
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SUPPORTS D'ECRITURE
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Les tablettes de cire


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 4
     
2. Saint Ambroise, Opuscules
Alençon, Bibliothèque municipale, ms. 11, f. 1.
manuscrit du XIIe siècle
Détail d'un personnage écrivant avec un stylet sur une tablette de cire
 
3. tablettes de cire en ivoire d'éléphant, en forme de polyptique avec scènes de la Passion du Christ, vers
1300–1320, France ou Allemagne, 7.3 x 4 x 2.3 cm.
Collection Jack et Belle Linsky, 1982.60.399.
 
4. Comptes sur tablettes de cire
Allemagne, début du XVIIe siècle
Tablettes de bois maintenues au dos par du parchemin, étui de cuir
16, 5 x 10, 5 cm
BnF, Manuscrits occidentaux, allemand 55


Renseignons-nous maintenant sur les matériaux de base et les instruments nécessaires au travail du scriptorium, celui qui est pratiqué à l'intérieur même de la salle des moines, principalement des copistes et des enlumineurs, mais aussi celui qui est possiblement fait à l'extérieur du scriptorium, et parfois même, en dehors du monastère, par divers artisans : parcheminiers, corroyers, orfèvres, etc...

 
LA TABLETTE DE CIRE

La matière première dont les copistes ont besoin, c'est le support de l'écriture, bien sûr. Avant de parler des supports durables, évoquons rapidement les tablettes de cire (tabula cerata, tabulae ceratae, codicilli cerati) employées depuis l'antiquité :
"Constituées de planchettes de bois ou d’ivoire évidées sur lesquelles était coulée une mince couche de cire de couleur noire, brune, verte ou rouge, elles servaient à noter divers textes d’usage éphémère : comptes, brouillons, exercices d’école… à l’aide d’un stylet, en métal ou en os, dont un bout était pointu, l’autre, arrondi, servant à lisser la cire. Les tablettes pouvaient être attachées ensemble pour former des registres et, dans ce cas, elles étaient évidées et enduites de cire sur chaque face. A partir du XVIe siècle, l’usage des tablettes à écrire décline à mesure que la fabrication du papier se répand en Europe."
extrait de :
http://classes.bnf.fr/dossisup/grands/ec011a.htm

"Et pour couper jusqu'à la racine ce vice de la propriété, l'abbé donnera tout ce qui est nécessaire,
à savoir coule, tunique, souliers, bas, ceinture, couteau, stylet, aiguille, mouchoir, tablettes." Règle dite de saint Benoît, chapitre 55, versets 18-19.

On utilisait couramment des tablettes de bois, surtout de buis (buxus, buxeae, se confondant par métonymie aux tablettes de cette matière : buxa cerata) dont Isidore de Séville (et d'autres) vante sa robustesse et facilité d'utilisation. A côté de ces buxeae, des exemplaires plus soignés existaient, faits d'argent doré ou d'ivoire : tabulae de ebore, ex ebore, tabulae eburnae, codices eborei) expressions rencontrées chez saint Augustin ou le moine de Saint-Gall Ekkehard IV. Enfin, sous la plume de Raoul Glaber et bien d'autres (Pline l'Ancien, Sidoine Apollinaire, etc..) , on trouve le terme pugillares, pugillaris (de pugno : le poing, qui tient l'instrument), dans l'expression pugillares tabellae, pugillas ceras.
Les tablettes étaient, le plus souvent, au moins doubles, formant ainsi diptyques, triptyques, etc., car un côté se refermait pour protéger l'autre qui servait à l'écriture, jusqu'à des livres entiers (voir illustrations ci-dessus)
 


Le jeune Odon de Cluny, très appliqué, emportait de nuit ses tablettes dans l'abbatiale de Saint Martin de Tours, où il allait prier. Elles étaient souvent utilisées dans les scriptoria comme "cahier de brouillon", pour noter par exemple, un premier jet ou un texte écrit sous la dictée :

5-
 
5. Saint Grégoire dictant à ses scribes : l’un note au stylet sur une tablette de cire, l’autre prépare la réglure du parchemin.
Missel bénédictin à l’usage de Troyes, milieu XIe siècle.


"Introduction

Les tablettes de cire ont été utilisées depuis l’an 3000 avant Jésus Christ jusqu’en 1850, à Rouen sur la criée au poisson. Le Moyen Âge les a couramment employées pour écrire les brouillons jusqu’à la prise de pouvoir du papier, support neuf devenu rapidement suffisamment courant et peu cher pour supplanter la cire à la fin du xive siècle.
 
Le livre de tablettes de cire : l’objet médiéval

Les tablettes de cire étaient des planches de bois, découpées très finement (la feuille mesure un demi-centimètre d’épaisseur), où, dans une cuvette creusée, était coulée de la cire. Ces pages de bois et de cire étaient ensuite reliées ensemble pour former un gros registre mesurant de 8 à 10 centimètres d’épaisseur. Les registres mesurent une trentaine de centimètres de hauteur sur 20 à 26 de largeur.
 
Il reste en France pour l’époque médiévale, une série de neuf registres contenant les brouillons des comptes de l’hôtel du roi entre le XIIIe et leXIVe siècle. La Pologne en conserve une trentaine constituant le premier état du censier des villes de Gdansk et Torun au xive siècle.
Des registres du même type étaient utilisés par un grand nombre de villes, d’abbayes ou d’administrations diverses.
 
Autres types : le « carnet » et l’ « affiche » ou l’ « ardoise »

À côté des gros registres, existaient des utilisations tout aussi courantes : celles de tablettes beaucoup plus petites dont les feuillets mesurant 5 centimètres sur 10 en moyenne étaient réunis sous une forme de petits carnets. Ceux-ci pouvaient être de bois et cire mais aussi d’ivoire et cire. Ces objets précieux se portaient à la ceinture et servaient à noter les événements de la vie quotidienne.
Certaines tablettes étaient utilisées feuille à feuille et servaient alors d’affiches (pour d’assez grands formats) et partout en Europe, de support pour apprendre à écrire aux enfants. Charlemagne possédait ainsi des tablettes sur lesquelles il traçait des lettres malhabiles, nous apprend Eginhard.
 
Matériaux : du bois et de la cire

Le bois utilisé pour les tablettes pouvait être le buis (surtout dans le cas des carnets) mais aussi du hêtre ou même de l’érable (tablettes de Jean Sarrazin). La recherche est en cours pour identifier les bois utilisés.
La cire coulée sur les feuilles n’était pas de la cire pure. Elle était mélangée à différents produits (de la poix par exemple) selon des recettes héritées de l’Antiquité, afin qu’elle demeure malléable sous le stylet qui y traçait des lettres. Cette cire était aussi teinte de différentes couleurs. Nous avons conservé un carnet du XVIIe siècle dont la couche de cire n’est pas colorée et sent encore le miel, mais la majorité des tablettes portent une cire de couleur noire qui a durci au fil des siècles. La cire des carnets était souvent de couleur verte et quelquefois de couleur rouge.
 
Le long terme

À part l’usage qu’en faisaient les enfants pour apprendre à écrire, les utilisations médiévales ne sont pas les mêmes que celles des Grecs ou des Romains*. Les Grecs conservaient sur tablettes de cire ou de bois les œuvres des auteurs, à côté du rouleau de papyrus. Les Romains scellaient sur tablettes de cire leurs testaments et échangeaient de la correspondance sur des fragments de bois (tablettes de Vindolanda : http://vindolanda.csad.ox.ac.uk/).
Après la rupture causée par l’utilisation du papier, les tablettes demeurèrent en usage à titre résiduel, surtout dans des abbayes allemandes ainsi que dans des lieux où le papier était considéré comme trop fragile pour être utilisé. Les tablettes de cire conservèrent alors leur atout de support d’écriture solide et d’utilisation facile en toutes circonstances."

extrait de : http://aedilis.irht.cnrs.fr/materiaux/10.htm

* tablettes de cire dans l'antiquité : voir
 
ABAQUE : CALCUL, ROME, abaques à cire et à poussière
 

 
Sources :
 
http://classes.bnf.fr/dossisup/grands/b6-03.htm
http://www.museum.upenn.edu/new/research/Roman%20Glass/Post-Roman%20Lamps/post-roman_3.html
http://classes.bnf.fr/dossisup/grands/ec011a.htm (tablette de cire XVIIe)
http://www.metmuseum.org/toah/hd/priv/ho_1982.60.399.htm (tablette de cire en ivoire)

 

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