ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE ABBAYE LES JARDINS
- Hortus Conclusus (5)- L'architecture végétale (2)
" On ne peut avoir de beaux plants sans les aimer. La nature ne donne rien d'elle-même."
Arnauld d'Andilly, moine de l'abbaye de Port Royal
- Pour son jardin, on sait que Strabon a utilisé des tonnelles , (1a)(1b),des étais ou des espaliers, qui sont des palissages s'appuyant à des murs ou à des treillages, fils de fer supportés par des lattes, des piquets, etc..
(2), (3), (4), tout cela utilisé déjà par les Romains, voir verger, comme plus tard Arnaud d'Andilly, frère aîné de la mère Angélique Arnaud, qui se retira en 1646 dans le vaste domaine des Granges, à l'abbaye de Port Royal, où la terre était fertile, l'orientation du terrain favorable, et d'où les meilleurs fruits (particulièrement les pavis, sorte de pêches) étaient destinés non seulement aux tables royales et aristocratiques mais aussi vendus en faveur des pauvres :
- "Âgé de 57 ans, il se consacre à l'étude des textes anciens, à l'éducation de jeunes garçons et à sa passion pour la culture des arbres fruitiers en espalier, en contre-espalier et en buisson. Il expérimente "la méthode la meilleure pour avoir de beaux arbres et de bons fruits sans les contraindre contre leurs natures, fruits dont la grosseur, la saveur, et le coloris satisfont également le goût et les yeux de ceux qui les mangent et qui les regardent" (La Manière de cultiver les arbres fruitiers, édité en 1652 sous le pseudonyme d'abbé Legendre). Suivant la variété, les arbres étaient répartis en fonction de l'orientation de chacun des quatre murs qui clôturaient les 60 ares du jardin composé de huit carrés plantés. Les allées étaient assez vastes pour laisser circuler les charrettes. (...) Au temps d'Arnauld d'Andilly, les arbres en buisson donnaient corps et verticalité aux carrés et étendues potagères, structuraient pour l'esthétique et l'ordonnance ce monde vivant et clos de murs. Ce sont des arbrisseaux au tronc très court, de 25 à 35 cm, au-dessus duquel se jettent des branches taillés en boule ronde. Ces fruitiers ne dépassaient pas la hauteur d'un homme. Leur développement se voyait limité pour préserver un bon équilibre dans l'espace du jardin potager. Le jardinier prenait alors en compte la hauteur des murs, la dimension des carrés, celle des allées.
- Aux angles des allées, et toujours dans un souci d'esthétique, on trouvait de petits arbres, bas de tronc et à petit développement. C'était en général des pruniers parfaitement adaptés à cette destination. Au pied des arbres, c'était la terre nue. Il fallait apporter la nourriture par petites fourchettées pour ne pas nuire aux racines en surface. Souvent les bordures étaient constituées de fraisiers ou de plantes condimentaires, au faible système racinaire. Les murailles étaient garnies d'espalier en forme de main ouverte : les charpentes étaient accrochées savamment aux os de jambe de mouton, disposées en quinconce et saillie pour respecter le développement naturel des branches, quelque peu contraint par le maître jardinier. La lisière de draps, la lanière de cuir ou encore l'osier et le jonc, selon le besoin, maintenaient lâchement les branches, gourmands ou brindilles, contre ces hauts supports qui garantissaient du froid et du vent le processus de fructification. "Cette façon de palisser est la plus belle de toutes, les arbres en sont mieux étendus, et couchés plus promptement et ils en font une espèce de tapisserie fort agréable" " (Arnauld d'Andilly, op. cité).
- textes extraits de :
- http://portroyal.free.fr/portroyal/articles.php?lng=fr&pg=82
- (1) Heures à l'usage de Rome, Mars, Bruges, 1500-1550, BM de Rouen, ms. 3028 (leber 142), f. 003v
- (1a) Ancienne abbaye de Tusson, tonnelle en bois de chataîgnier, palissée de glycine, vigne et chèvrefeuille, menant au jardin des simples.
- Cette abbaye, à 35 km d'Angoulême, fut fondée par Robert d'Arbrissel au XIIe siècle, le père des Fontevristes et accueillit Marguerite d'Angoulême, la soeur de François Ier, reine de Navarre, qui s'y retira en 1547, à la fin de sa vie. Le souvenir de Tusson, abbaye aux dames et couvent aux hommes, selon la tradition de l'ordre de Fontevraud, revit grâce à l'abbé Roger Ducouret, curé du village de Tusson de 1942 à 1983, et à l'association à qui il fit appel, le club Marpen, qui s'est spécialisé dans le sauvetage des sites historiques de Charente.
- (1b) Livre des Simples Médecines, Platearius, détail, XVe s, BNF.
- (2) Différents types d'espaliers. On réserve souvent cette appellation pour les espaliers adossés aux murs, alors que ceux qui se forment sur toutes sortes de fils ou treillages sont appelés contre-espaliers.
- Dessin préparatoire aux reconstitutions des jardins du prieuré d'Orsan.
- "La technique de palissage au moyen de chevrons fichés dun clou en tête, disparue de nos jours, constitue une véritable curiosité. Les chevrons sont disposés en quinconce pour permettre le palissage en forme de main ouverte, déventail, de palmettes, de I ou de U, et favorisent la circulation de lair autour de la plante."
- extrait de : http://www.chateaudesaint-loup.com/orangerie.html
- (3) Potager aromatique du prieuré Notre-Dame d'Orsan. On peut voir vers le fond les espaliers de poiriers en double U.
- (4) Contre-espaliers de poiriers au prieuré Notre-Dame d'Orsan.
- Gloriettes
- Elles sont un peu les carrefours des jardins et un repère géographique, grâce à leur hauteur élevée, qui les rend visibles de loin. Cette architecture végétale, comme les topiaires, commencent à apparaître sur les enluminures à la Renaissance, sous l'influence des jardins italiens :
- Gloriettes à équidistance de la fontaine centrale dans une allée du cloître végétal au prieuré d'Orsan, dans le Berry.
- Pergolas
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- 1. Douze Dames de rhétorique, Belgique, XVe siècle. Rare exemple de pergola légère, en forme incurvée.
BNF Richelieu Manuscrits Français 1174, fol. 23v, Allégorie de l'Éloquence- 2. Roseraie de l'ancien prieuré d'Orsan, ici pergolas de roses blanches : Fée des Neiges et Madame Jules Bouché.
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