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ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

ABBAYE

---------Art Mérovingien

   

 Incipit de l'évangile de Luc,
Evangiles de Lindisfarne, British Library
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Enluminure, 3ème partie : Lindisfarne
Codex Amiatinus

 
 
 
Lindisfarne : L'évangéliaire - L'île
 
 
 
 

 
L'évangéliaire de Lindisfarne (ou de Cuthbert)
 

L'évangéliaire de Lindisfarne (dit aussi Livre de Lindisfarne), monastère dépendant de l'abbaye de Durham, en Northumbrie (Northumbria), a été écrit et enluminé vers 698 en l'honneur de saint Cuthbert, l'évêque célèbre de Lindisfarne († 687), vraisemblablement pour célébrer la translation de la dépouille du saint homme, effectuée le 20 mars 698. Presque tout ce qu'on sait sur l'origine de ce manuscrit provient d'une note anglo-saxonne rédigée probablement entre 950 et 970, par un prêtre nommé Aldred (qui sera prévôt de Chester-le-Sreet, près de Durham), qui a aussi annoté entre les lignes une traduction littérale du texte latin. Ladite note dit ceci :
" Eadfrith, évêque de l'église de Lindisfarne, a à l'origine écrit ce livre en l'honneur de Dieu, saint Cuthbert et la société entière de des saints dont les reliques sont dans l'île. Et Aethelwald (ou Aethelwold), évêque des insulaires de Lindisfarne, l'a relié, comme il savait le faire. Et Billfrith, l'anachorète, y a ajouté des ornements et l'a orné d'or et de gemmes. Et Aldred (Aelred), prêtre indigne et le plus malheureux, note cela en anglais avec l'aide de Dieu et saint Cuthbert... "
 
Eadfrith fut évêque de Lindisfarne de 698 à 721 et Aethelwald de 724 à 740 (saint fêté le 12 février, à ne pas confondre avec d'autres saints homonymes : voir Ethelwold). A l'exception de petits détails, le manuscrit est censé avoir été écrit et enluminé par Eadfrith et relié par Aethelwold vers 698 : C'est la plus ancienne reliure de cuir que l’on connaisse, conservé au Stonyhurst College :
 
Il comporte un décor moulé sur cordelettes qui trahit une influence copte. Les reliures de cuir protégeaient surtout les livres de travail. Par la suite, probablement pendant l'épiscopat d'Aethelwold, Billfrith inséra à la reliure des pierres et des éléments de ferronnerie : . Des corrections, effectuées à la fois dans ce manuscrit (au moment de sa rédaction) et dans celui de l'Evangéliaire de Durham, sont de la main du même copiste. Les titres ont été écrits par un autre copiste, qui a aussi collaboré aux corrections finales du texte.
 
Les enluminures se répartissent de la manière suivante :
- cinq pages illustrées de cruciformes, un pour l'Incipit et un au début de chaque Évangile
- quatre portraits des évangélistes
- six pages de texte (le premier de chaque Évangile, le premier de l'épître de saint Jérôme
- une page commençant "Christi autem generatio"
- seize pages des Canons d'Eusèbe dans des colonnes en formes d'arcade
- décoration variée à différents endroits du livre :
 
 
La gamme de couleur utilisée est plus large que dans la plupart des manuscrits, incluant le rouge, le jaune, le vert, le bleu, le mauve, le pourpre, etc...
 

 

Evangéliaire (en anglais : gospels) de Lindisfarne (parfois appelé Evangéliaire de Durham ou de Cuthbert), vers 698, Londres, British Museum, Manuscrit Cotton, NERO D.IV, 343 x 248 mm.

1. folio 94
3.folio 94v
4. folio 2v
 

 
Eadfrith écrivit le texte principal du manuscrit en capitales insulaires (variété d'onciales). On reconnaît son origine irlandaise par sa taille caractéristique et son trait assez épais. Cette origine n'a rien d'étonnant quand on sait que la Northumbrie a été évangélisée par des missionnaires irlandais au VIIe siècle :
 

 
L'évangéliaire était destiné, non à l'étude, mais à être lu et porté en cortège dans différentes cérémonies.
Il a été conservé à Lindisfarne jusqu'en 875, puis les moines l'ont emporté dans leur fuite devant les envahisseurs Danois. De 883 à 995 la communauté monastique de Lindisfarne est restée à Chester-le-Street, près de Durham, s'installant finalement à Durham même l'année suivante. Le manuscrit a probablement perdu sa reliure originale au moment de la Dissolution des Monastères au XVIe siècle. Au début du 17ème siècle, on sait qu'il passa des mains de Robert Bowyer, Secrétaire du Parlement à celles de Sir Robert Cotton.
 
L'île de LINDISFARNE,
 
La première mention de celle qu'on appelle l'Ile Sainte date de 570, quand cet îlot minuscule était encore désignée sous le nom bien mérité de Inis Melcaut (île aux vents violents). Le premier monastère y est bâti en 635 à la demande du roi de Northumbrie Oswald, demande faite aux moines d'Iona (abbaye fondée par Columban en 563). Lindisfarne deviendra ainsi le centre épiscopal et monacal de la Northumbrie.
Le premier moine à s'installer sur l île est Corman, fondateur de l'abbaye de Mayo (Magh Eó) vers 668, qui trouve dans cette région des barbares anglo-saxons, rétifs à la nouvelle religion. Un de ses moines, Aidan lui fait bientôt le reproche de prendre les choses trop à rebrousse-poil, au lieu de faire comprendre pas à pas aux habitants le message des évangiles. Aidan se voit alors confié la direction des opérations et choisit de s'installer dans l'île ( en 635) pour deux raisons : Elle lui rappelait chez lui, à Iona, mais aussi il aimait la manière qu'avait la marée de transformer radicalement le lieu deux fois par jour : A marée haute, ce petit bout de terre était ceint par les flots, et à marée basse, il faisait de nouveau partie de la terre de Northumbrie, par une longue bande de sable sec. Cette situation favorisait à la fois la vie contemplative et l'évangélisation de la Northumbrie. D'autre part, la citadelle du roi Oswald, Bamburgh, offrait une protection rassurante à peu de distance.
 
Après le synode de Whitby (664) Aidan prit Cuthbert comme prieur. Corman, lui, qui avait défendu la cause celte au synode, se résigna à accepter la décision finale mais se retira avec une trentaine de moines à l'abbaye d'Iona.
 
Bède le Vénérable (673-735), le célèbre moine de l'abbaye de Jarrow écrivit la biographie d'Aidan, décrit comme un saint admirable, évêque durant seize ans, durant lesquels il évangélisa les Northumbriens avec différents compagnons : Cedd dans l'Essex, qui fondit l'abbaye de Lastingham ( Nord du Yorkshire). Chad (ou Ceadda) en Mercie, qui le succéda à la tête de l'abbaye, Caelin et Cynebil. Il eut de l'influence sur deux femmes Hild ( ou Hilda) et Hereswith, deux soeurs appartenant à la Cour d' Edwin, roi de Northumbrie, et baptisées avec d'autres membres de la Cour en 627 par Paulinus, qu'il convainquit de rester au pays alors que la mort du roi les poussaient à s'exiler. Hild deviendra abbesse d'Hartlepool, et plus tard, elle fondera la célèbre abbaye de Whitby.
 
 
 
 
Après la mort de Cuthbert, Lindisfarne devient un lieu important de pèlerinage.
Plusieurs rois se réfugieront à Lindisfarne en des temps troublés, d'autres même s'y feront moines : Ceowulf , roi de Northumbrie, en 737, par exemple, ou Offa, traîné hors de l'église par ses ennemis, à moitié mort, en 756.
Lindisfarne est pillée par les Vikings en 793 et Alcuin, alors à la cour de Charlemagne, le décrit comme le "lieu le plus vénérable de toute l'Angleterre".
Dès 875, les moines fuiront les Danois avec les fameux Gospels en leur possession. De 883 à 995 ils s'installeront
à Chester-le-Street, puis définitivement à Durham même, l'année suivante.
Lindisfarne ne connaîtra plus de vie monastique avant 1082 et, comme de très nombreux monastères, sera dissous au XVIe siècle, lors de ce qu'on appelle la Dissolution des Monastères.
 

 

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