ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

ABAQUE
 

Architecture

 
--Grèce et Rome 2-------

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Le texte suivant est extrait du Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio, à l'exception des parenthèses iconographiques, en blanc.
source : http://dagr.univ-tlse2.fr/sdx/dagr/images/t1_p1_jpg_hq/t1_p1_dagr_page_17_image_0001.jpg

 
"Dans l'ordre dorique et dans celui qui en est dérivé et qu'on a appelé toscan (columna), l'abaque conserva toujours son importance et son caractère primitifs. Nous en voyons des exemples en Etrurie. Dans le dorique romain cette importance reste à peu près la même, mais l'abaque perd de sa simplicité par l'adjonction de deux moulures: un talon et un filet, à la partie supérieure, comme on peut le voir à l'ordre inférieur du théâtre de Marcellus (image 1) et au théâtre de Vérone. En décrivant l'ordre toscan, Vitruve (dont le traité architecture est le seul qui nous soit parvenu de l'antiquité) donne à l'abaque le nom de plinthe ( plinthis, de plinthos, brique). En effet, comme nous l'avons vu, l'abaque conserve dans cet ordre sa simplicité primitive et ressemble à une brique carrée, comme la plinthe de la base.
1.--Théâtre Marcellus (Teatro Marcello), photo de 1890. On voit nettement l'abaque dorique sur la colonne de gauche, qui est une colonne engagée. A l'image du Colisée, on trouve au Théâtre Marcellus la succession étagée des ordres : dorique pour le bas, ionique au-dessus, puis corinthien, et enfin, composite le cas échéant, où les piliers sont remplacés par des pilastres en légère saillie sur le mur.

Dans l'ordre ionique (image 2) l'abaque diminue considérablement de hauteur. Il est réduit, dans les chapiteaux grecs de cet ordre, à une seule moulure, ove ou talon, décorée parfois d'ornements peints ou sculptés; le chapiteau du temple sur I' Illissus nous en offre un exemple (image 3). Dans certains cas assez rares il disparaît même tout à fait, comme au temple de Phigalie (image 4) et dans les ruines de Philippes.

 2.--  

 

schéma d'un chapiteau et de la partie haute du fût d'une colonne ionique, avec : abaque, annelet, arête, astragale, cannelure, chèvrefeuille, cyma reversa*, échine décorée d'oves*, filet, gorgerin, volute

 
* cyma reversa (kymation lesbique, talon droit) : du latin cyma, "pousse", "pointe d'arbre", lui-même du grec kumation, "petite vague", de kuma, "ce qui est gonflé". De là nous viennent cîme, cimaise, par exemple. La cyma est une "succession dans un plan vertical (socle) d'un quart de rond droit et d'un cavet droit. Saillie maximale supérieure convexe." (extrait de : http://www.raco.cat/index.php/Faventia/article/viewFile/46588/55367)
* ove : ornement de chapiteaux et de moulures en forme d'oeuf.
     
  3.--    Chapiteau ionique du temple d'Ilissus (Illissus, ilissos), dessin de James Stuart, Antiquités Athéniennes (The Antiquities of Athens), 1762 - 1816, des architectes James Stuart et Nicholas Everett. Le temple date de - 449, attribué à Callicratès
     
 -4.-    Reconstitution du naos du temple d'Apollon à Bassae (Bassai, Vassai, Vasses) sur le mont Kotilion, près de la ville de Figalia (Figaleia, Phigalie), préfecture d'Ilia, en Grèce.
     
     .

Quand l'ordre le plus riche, le corinthien, est inventé, l'abaque subit encore de nouvelles modifications, Il se compose en ce cas, chez les Grecs et chez les Romains, de trois moulures : un cavet, un filet et un quart de rond, parfois enrichis d'ornements sculptés. Exemple : le chapiteau du temple d' Antonin et Faustine (image 5, ou du temple de Romulus, image 6).

 5.-    temple d'Antonin et de Faustine dans le forum romain, colonnes du pronaos. Antonin le Pieux fit construire ce temple en 141 en l'honneur de son épouse l'impératrice Faustine, décédée la même année.
     
 6.-  

 

Temple de Romulus aux portes de bronze, à Rome. Il ne s'agit pas ici du légendaire Romulus, fondateur de Rome, mais du fils de l'empereur Maxence, mort dans son jeune âge, et pour qui l'empereur a rebâti un temple en 307, à l'emplacement d'un autre, dédié à Jupiter Stator.

Ce qui changea surtout l'aspect de l'abaque dans l'ordre corinthien, c'est l'évidement curviligne de chacune des faces du carré et la suppression des angles qui, tronqués, devinrent des pans coupés. La courbe de cet évidement est le plus souvent un arc de cercle dont le centre est au sommet d'un triangle équilatéral construit sur chaque côté de l'abaque
(figure 7). Dans les rares chapiteaux grecs de d'ordre corinthien qui nous sont restés, cet arc est plus profond, c'est-à-dire que son centre est plus rapproché.
Vitruve, de son côté, dit que cet arc doit avoir 1/9 de flèche, c'est-à-dire une profondeur moindre que celle donnée par le triangle équilatéral. Dans les édifices romains qui se ressentent le plus de l'influence grecque, le Poecile et l'arc d'Hadrien à Athènes, l' Incantade à Salonique, le temple dit de Vesta à Rome, les angles de l'abaque ne sont pas abattus; formés par la rencontre des deux arcs concaves, ils sont très aigus
(figure 8). Au monument de Lysicrate, purement grec pourtant, les angles de l'abaque sont tronqués.

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A l'époque romaine, quand les pilastres des divers ordres considérés comme des colonnes en bas-relief, furent composés des mêmes éléments que les colonnes correspondantes, l'abaque joua le même rôle et subit les mêmes transformations que nous venons de décrire en parlant des différents ordres. Nous en avons des exemples pour l'ordre dorique sous le portique du théâtre de Marcellus, pour l'ordre ionique aux thermes de Dioclétien, et pour l'ordre corinthien à l'arc d'Hadrien à Athènes, au portique d 'Octavie, au temple d'Antonin et Faustine à Rome.



Quatremère de Quincy soutient que l'abaque est une des parties qui importent le plus à la solidité réelle ou apparente de l'architecture. Il a raison; mais les Grecs et, après eux, les Romains, se sont souvent contentés, en ce cas, de l'apparence, car, dans beaucoup de chapiteaux de la plus belle époque, une surélévation carrée, dont le côté égale généralement le diamètre inférieur du fût de la colonne, surmonte l'abaque et porte seule l'architrave. On évitait ainsi la rupture de la saillie de l'abaque, rupture qu'amène inévitablement le moindre tassement de l'architrave sur les faces du chapiteau où elle porte.
Les anciens, plus souples en fait d'art qu'on ne le croit ordinairement, et sachant approprier aux circonstances les formes architecturales, ont fait des abaques triangulaires, par exemple quand il s'est agi de placer sur des colonnes des trépieds choragiques [ tripus ]. Des colonnes de ce genre existent encore au pied de l' acropole d'Athènes, derrière le théâtre de Bacchus."



sources :


http://www.agroalimroma.it/CAR/www/foto.asp?idf=586
http://www.raco.cat/index.php/Faventia/article/viewFile/46588/55367
http://www.artlex.com/ArtLex/ij/images/ionic_parts.lg.jpg (schéma)
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Forum_temple_of_romulus.jpg
http://penelope.uchicago.edu/~grout/encyclopaedia_romana/greece/architecture/ilissus.html
http://www.alain-gagne.fr/Voyages/Rome/Jour1/ (temple antonin faustine)

 

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